Le premier constructeur automobile français a officialisé hier sa grande transformation: il ne sera plus une entreprise familiale. PSA Peugeot Citroën espère avoir assuré son avenir avec l'arrivée de l'Etat et du chinois Dongfeng à son capital, mais dans l'immédiat sa situation reste difficile, avec une perte nette de 2,3 milliards d'euros en 2013 et un chiffre d'affaires en baisse. Au terme de plusieurs mois de négociations, le numéro un français de l'automobile a officialisé mercredi 19 février sa révolution: il ne sera plus une entreprise familiale. Dans le cadre d'une augmentation de capital d'un montant global de 3 milliards d'euros, l'Etat français et Dongfeng, deuxième constructeur chinois, vont investir chacun 800 millions d'euros dans PSA. Ils auront à l'issue de cette opération en plusieurs étapes une part respective de 14% du capital, au même niveau que la famille Peugeot, actionnaire historique du groupe, qui détenait jusqu'à présent 25,4% du capital et 38,1% des droits de vote.
Un investissement stratégique pour l'Etat Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a justifié un "investissement avisé et stratégique" de l'Etat dans PSA, et assuré que l'accord avec le chinois Dongfeng implique qu'il n'y aura "pas de fermeture d'usine" en France. "Il y a des engagements qui ont été pris par PSA en France. (...) Il y a un accord industriel qui implique qu'il n'y aura pas de fermeture d'usine, un million de véhicules produits en France d'ici 2016, des investissements à hauteur de 1,5 milliard d'euros et 75% de la recherche et développement de PSA qui va rester en France", a-t-il expliqué sur RTL. Tournant historique, l'opération, fruit de longs mois de négociations, a été approuvée mardi "à l'unanimité" par le conseil de surveillance de PSA, a souligné dans un communiqué le président de l'instance, Thierry Peugeot. Egalement consulté, le comité d'entreprise de Peugeot SA "a émis un avis favorable unanime", a précisé le constructeur.
Une nouvelle page de l'histoire du groupe Longtemps réticent, Thierry Peugeot a salué l'ouverture d'une "nouvelle page de l'histoire de PSA Peugeot Citroën", qui va renforcer "sa solidité financière tout en traçant des perspectives de développement ambitieuses" et assurer "la pérennité du groupe" et "sa croissance future". Le constructeur français entend notamment, grâce à cet accord, se renforcer en Chine, où l'objectif est de tripler à l'horizon 2020 le volume de production de DPCA, sa co-entreprise déjà en place avec Dongfeng, et en Asie du Sud-Est. Il vise à la même échéance "la réalisation de synergies industrielles avec Dongfeng d'environ 400 millions d'euros par an". Le soutien financier de l'Etat et de Dongfeng doit également permettre à PSA de renforcer son positionnement en Europe en lui permettant de financer "un programme d'investissements stratégiques" et de renforcer son bilan et ses liquidités "conduisant à une forte baisse des frais financiers", a souligné le groupe.
Réduction de la perte nette en 2013 Selon des résultats publiés mercredi, le groupe a réduit sa perte nette en 2013, à 2,3 milliards d'euros contre 5 milliards un an plus tôt, malgré une dépréciation d'actifs de 1,1 milliard, et il compte arrêter de brûler des liquidités "en 2016 au plus tard". Le premier constructeur automobile français a souffert l'an dernier de la baisse des ventes en Europe, son principal marché, selon un communiqué. De plus, "les taux de change négatifs ont pesé sur les résultats", a expliqué son directeur financier, Jean-Baptiste de Chatillon, lors d'une conférence téléphonique. Ceci a conduit le groupe à passer une dépréciation d'actifs de 1,1 milliard d'euros, qui touche surtout sa branche automobile. PSA a réussi à réduire sa perte nette courante à 177 millions d'euros sur l'année, contre 560 millions un an plus tôt, malgré une baisse de son chiffre d'affaires de 2,4% à 54,1 milliards d'euros. La perte opérationnelle courante de sa division automobile ressort à 1 milliard, contre 1,5 milliard un an plus tôt. "Nous avons largement dépassé notre objectif de réduire la consommation de 'free cash-flow'opérationnel l'an dernier, s'est félicité Jean-Baptiste de Chatillon. PSA espérait brûler au moins deux fois moins de liquidités que les 3 milliards de 2012 et n'a en fait consommé que 426 millions d'euros.
Marché en progression de 2% en Europe Le constructeur table pour cette année sur un marché automobile en Europe en hausse de 2%, en progression de 10% en Chine, mais en repli de 2% en Amérique latine, et sur un marché stable en Russie. Dans ce contexte et grâce aux économies supplémentaires qu'il espère réaliser, PSA vise "un 'free cash-flow'(flux de trésorerie) opérationnel positif en 2016 au plus tard". "Au-delà, la génération de 'free cash-flow' opérationnel devrait s'accélérer grâce au bénéfice structurel des projets d'opération", ajoute-t-il. Sa dette nette ressort à 4,15 milliards d'euros à fin 2013.
Tavarès succède à Varin Carlos Tavares succèdera le 31 mars à Philippe Varin comme président du directoire du groupe PSA Peugeot Citroën, a annoncé mercredi 19 février le constructeur. Sans attendre, l'ex-numéro deux de Renault, qui a fait son entrée début janvier au directoire de PSA, assurera la responsabilité des opérations du groupe à partir de jeudi. A 55 ans, dont 33 passés chez Renault et son partenaire japonais Nissan, Carlos Tavares va devoir redresser PSA Peugeot Citroën. En août dernier, Carlos Tavares, alors bras droit du P-DG de Renault, Carlos Ghosn, avait fait état dans la presse de son ambition de diriger un jour un constructeur automobile, ce qui lui avait valu son éviction du groupe.