La semaine passée, le prix de "l'or noir" a baissé jusqu'à 42 dollars le baril, alors que l'année passée le pétrole coûtait 100 dollars le baril. Et selon David Kotok, expert du bureau de consultants Cumberland Advisors, ce n'est qu'un début. "Pour l'instant, rien n'indique que le niveau minimum ait été atteint. Nous pourrions avoir un prix à 15 ou 20 dollars le baril", a annoncé l'expert lors d'une interview accordée à la chaîne de télévision américaine CNNMoney. Le prix du pétrole a déjà chuté de 60% et a atteint son niveau minimal depuis 2009. Selon M.Kotok, le marché de pétrole est toujours victime d'une offre excessive, surtout compte tenu du ralentissement de la croissance économique de la Chine. Le boom énergétique survenu au cours de dix dernières années aux Etats-Unis provoque la surabondance. L'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), Arabie saoudite en tête, ne souhaite pas équilibrer le marché en réduisant sa production. En outre, le problème de l'offre excessive pourrait s'aggraver après l'entrée en vigueur de l'accord sur le nucléaire iranien, a expliqué David Kotok. "La meilleure arme dans les mains des Saoudiens est un pétrole bon marché avec des volumes considérables de production. Ils ont des réserves financières suffisantes afin de supporter cette situation durant des années", a assuré M.Kotok. D'un autre côté, selon l'expert, l'Iran a beaucoup moins de marge financière, et le pays a besoin de prix plus élevés pour tirer des profits. "En maintenant les prix bas, les Saoudiens se débarrassent des concurrents dans le golfe Persique. C'est une guerre pétrolière", a fait remarquer David Kotok. Le prix de 15 dollars le baril peut paraître fou, pourtant certains types de pétrole commencent à se rapprocher ce niveau. Ainsi, le pétrole du Canada occidental coûte actuellement aux alentours de 20 dollars le baril. "Je suis un vieux routard. Je me souviens de l'époque où le baril de pétrole coûtait 3 dollars", a plaisanté l'expert. En outre, les changements saisonniers peuvent accentuer la baisse des prix. La fin de l'été et donc de la saison automobile réduit la demande en énergie, a rajouté David Kotok en déconseillant d'investir dans le pétrole. Par ailleurs, les cours du pétrole poursuivaient leur spirale baissière vendredi, le Brent se rapprochant de son plus bas niveau en six ans, lesté par les inquiétudes sur la santé économique de la Chine et plombé par un excès d'offre qui ne se résorbe pas. le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 45,26 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,36 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Le Brent est tombé vers 15H50 GMT à 45,25 dollar, son plus bas niveau depuis le 13 janvier 2015, lorsque les cours avaient atteint un minimum en six ans à 45,19 dollars le baril. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, perdait 1,22 dollar à 40,10 dollars. Les cours de la référence américaine du brut ont chuté à 40,04 dollars le baril, un nouveau plus bas depuis mars 2009. Le moral des investisseurs demeurait morose après la publication de l'indice PMI des directeurs d'achats en Chine, de nature à renforcer les craintes sur la santé économique de la deuxième économie mondiale et du deuxième plus gros consommateur de pétrole après les Etats-Unis. L'activité manufacturière chinoise a encore reculé lourdement en août, l'indice de référence atteignant son plus bas niveau depuis plus de six ans, à 47,1 contre 47,8 en juillet. "Les cours du Brent sont en route pour leur septième déclin hebdomadaire en huit semaines, tandis que le WTI se prépare à marquer une huitième baisse hebdomadaire d'affilée, sa plus longue série de pertes hebdomadaires en 29 ans", constataient les analystes de Commerzbank. "Le WTI n'a jamais dévié de son élan baissier et le Brent y fait un retour", notait Olivier Jakob, analyste de Petromatrix. Les cours ont ainsi perdu plus de la moitié de leur valeur depuis juin 2014, quand ils avaient atteint un pic annuel, plombés par une offre excédentaire, et ce malgré une amélioration de la demande stimulée par les prix bas. Et face à la stratégie de protection de parts de marché de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui continue d'augmenter son offre, et à la résistance du pétrole de schiste américain malgré la baisse des prix, les perspectives à court terme pour le Brent et le WTI sont moroses. Dans ce contexte, les investisseurs attendaient ce vendredi la sortie du décompte hebdomadaire des puits de forage en activité aux Etats-Unis par la société de service pétroliers Baker Hughes, afin de voir si le nombre de puits a de nouveau augmenté. Il avait progressé de deux unités la semaine dernière. Pour rappel, les cours du pétrole reculaient encore un peu à l'ouverture du marché jeudi à New York, au lendemain d'une dégringolade des cours consécutive à l'annonce d'une hausse surprise des stocks américains de brut. Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en septembre, dont c'était le dernier jour de cotation, cédait 10 cents à 40,70 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). "Je ne serais pas surpris de voir un rebond technique aujourd'hui", a néanmoins commenté un analyste chez Mizuho Securities, en notant que ce mouvement pourrait être encouragé par un repli du dollar, ainsi qu'un réflexe d'ajustement de portefeuille à la veille du basculement du contrat de référence. Toutefois il a souligné que cette reprise, si elle se confirmait, resterait très fragile: "les statistiques économiques américaines du jour pourraient mettre les cours sous pression", a-t-il dit en évoquant les chiffres sur l'activité économique du Conference Board et ceux sur l'industrie dans la région de Philadelphie attendus en matinée. En outre "si on voit (vendredi) une augmentation du nombre de puits en activité, cela justifierait de nouvelles pressions sur le marché car cela impliquerait une nouvelle augmentation de l'offre", déjà surabondante par rapport à la demande, a-t-il ajouté. La société de services pétroliers Baker Hughes publie chaque vendredi une estimation du nombre de puits en activité aux Etats-Unis, que les investisseurs cherchent à interpréter comme un signal de la réduction ou de l'augmentation de la production nationale de pétrole brut, même si d'autres facteurs comme des progrès de productivité sont en jeu. Mercredi les chiffres officiels du ministère de l'Energie (DoE) américain ont fait état d'une nouvelle baisse de la production, à hauteur de 47.000 barils par jour.