La mainmise américaine sur le pétrole irakien semble de plus en plus compromise par les lenteurs qui caractérisent l'adoption par le Parlement irakien de la fameuse loi sur le pétrole. Plus encore, cette loi ne devrait pas être votée avant encore plusieurs mois, a indiqué récemment le ministre irakien du Pétrole Hussain Al Chahristani. "Les différentes factions du Parlement doivent résoudre leurs désaccords, ce qui n'est pas le cas pour l'instant. Cela pourrait prendre du temps, peut-être plusieurs mois", avait-t-il déclaré lors du sommet de l'Opep dans la capitale saoudienne. Il faut dire, qu'en plus des dissensions entre les différentes composantes du Parlement irakien qui rendent improbable son adoption, cette loi se heurte à problème de taille. En effet, après avoir donné son accord à une première version du texte, le gouvernement kurde s'est dit hostile à ce projet, après le rajout d'un amendement stipulant que "les contrats d'exploration de pétrole seront du ressort du gouvernement central". Les responsables kurdes ne cessent d'affirmer leur intention d'exploiter les richesses de leur sous-sol. Mieux encore, le gouvernement kurde a adopté en août 2007 une loi sur le pétrole et le gaz, ceci malgré l'opposition du gouvernement central de Baghdad qui y voit une remise en cause de sa souveraineté sur cette partie nord du pays. Les autorités de la région autonome du Kurdistan irakien ont approuvé, début novembre, la signature de sept nouveaux contrats pétroliers dans cette partie du nord de l'Irak, où opèrent désormais une vingtaine de compagnies étrangères. Au total, quinze blocs ont été attribués à ce jour par le gouvernement kurde depuis l'adoption par la région de cette loi sur le pétrole et le gaz. Ce volontarisme kurde en matière d'attribution de blocs aux compagnies étrangères n'a pas été du goût du gouvernementale fédéral irakien. Le ministre irakien du Pétrole, Hussein Chahristani, avait jugé "illégale" la signature des ces contrats, suscitant le vif mécontentement des responsables kurdes. M. Chahristani avait, même, menacé le 15 novembre les compagnies "qui ont signé des contrats sans l'approbation des autorités fédérales" de ne plus avoir "l'opportunité de travailler avec le gouvernement irakien". Les Etats-Unis avaient également critiqué ces accords qui ont créé, selon eux, des "tensions inutiles" avec le gouvernement central de Baghdad. Ces tensions, considérées par les Etats-Unis comme "inutiles", compromettent en réalité la desseins US quant à la rapine programmée sur le pétrole irakien, à travers ce projet de loi concocté à Washington et qui devait permettre à l'Administration Bush et au cartel des principales compagnies pétrolières de mettre définitivement la main sur le pétrole d'Irak. Cette nouvelle loi s'écarte totalement de celles qui sont appliquées normalement dans la région et dans les pays en voie de développement. En effet, sous un système appelé " Production-Sharing Agreements", ou PSA, elle permet aux sociétés pétrolières de s'approprier 75 % des profits tant qu'elles n'auront pas récupéré les coûts supportés, pour ensuite descendre à 20%, à supposer que ce jour arrive jamais. La nouvelle loi présentée par le gouvernement a donc uni tout le pays contre elle. Le projet a été dénoncé par les partis chiites et sunnites, qui ont promis de le défaire et menacé de faire que le parlement le rejette. Pour certains, ce projet affaiblit le gouvernement central et fait la part trop belle aux compagnies étrangères. Le président Bush lui-même dans différentes réunions a régulièrement poussé à l'adoption de la loi. Celle-ci a été adoptée par le gouvernement le 3 juillet, mais elle suscite de nombreuses oppositions, notamment des syndicats, ainsi que d'experts irakiens du pétrole. Il faut dire que, pour les autorités américaines, en plus de la mainmise qu'ils projettent sur le pétrole irakien, ce qui est important, c'est aussi et surtout de contrôler la commercialisation du pétrole et de pouvoir, à travers l'Irak, influencer les politiques de l'Opep, ainsi que celles d'autres pays considérés comme présentant des risques pour la puissance et les intérêts américains.