Les ministres du Travail changent, mais pas la courbe du chômage ! Au mois d'août, le nombre de chômeurs en France s'élève à 3 571 600. François Rebsamen, son prédécesseur Rue de Grenelle, l'avait prévenue lors de la passation des pouvoirs : " Tous les mois, il y a un rituel, un grand moment de solitude pour le ministre. " Michel Sapin, qui occupa le même fauteuil au début du quinquennat, comparait, lui, dans son livre les chiffres mensuels à " la cadence du tambour des galères ". Myriam El Khomri, toute fraîche ministre du Travail, était donc une femme avertie ne bénéficiant d'aucune période d'essai. Quinze jours après sa nomination la voici déjà en train de commenter les chiffres mensuels du chômage. Et en août, le chômage a encore progressé de 20 000 demandeurs d'emploi. Soit une progression de 0,6 % sur 1 mois et 4,6 % sur un an. En tout, la France compte 3 571 600 demandeurs d'emploi. La hausse est moins forte en incluant les demandeurs d'emploi exerçant une activité réduite : + 0,2 %, à 5,42 millions. L'indicateur atteint aussi des records en incluant l'outre-mer : 3,84 millions de chômeurs et 5,73 millions, petite activité incluse.
Seule la tendance compte Des chiffres qui repartent en forte hausse après un mois de juillet stable. La situation s'était en effet améliorée très légèrement en juillet, avec 2 500 chômeurs de moins que le mois précédent. Il ne s'agissait que de la cinquième baisse mensuelle sous François Hollande et jamais, depuis mai 2012, le chômage n'a baissé deux mois d'affilée. La ministre, arrivée Rue de Grenelle début septembre, a appelé dans un communiqué à analyser ces mauvais chiffres " avec prudence ". " Seule la tendance compte ", a-t-elle fait valoir, soulignant que " la hausse d'août intervient après une baisse en juillet et une stabilisation en juin ". Elle a, en outre, noté " un point positif " du côté des chômeurs de moins de 25 ans, dont le nombre recule " pour le troisième mois consécutif ". La baisse est toutefois minime en août, avec 700 jeunes demandeurs en moins (- 0,1 %), et la tendance reste mal orientée sur un an (+ 0,4 %). À l'autre bout de la pyramide des âges, la situation des seniors se dégrade fortement (+ 1,4 % sur un mois, + 9,4 % sur un an). Le chômage de longue durée continue, lui aussi, de faire tache d'huile : 2,4 millions de demandeurs d'emploi, petite activité comprise, sont inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an (+ 0,5 % sur un mois). Pire, le chômage de très longue durée (plus de trois ans) explose : + 18,6 % sur un an. La dégradation d'août n'a rien de surprenant. Au-delà de quelques bonnes surprises ponctuelles, pour l'heure, aucun organisme ne prévoit de recul du chômage si tôt. Avant son départ du gouvernement, François Rebsamen croyait, conforté par l'OCDE et l'Unédic, que la baisse pouvait intervenir dès la fin 2015. Mais l'Insee, moins optimiste, table sur une légère hausse du taux de chômage à 10,1 % (+ 0,1 point) d'ici à la fin de l'année. Quant à Myriam El Khomri, contrairement à ses prédécesseurs, elle se refuse à toute prévision.