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La perte de l'ennemi idéologique
Publié dans Le Maghreb le 20 - 10 - 2015

Ces derniers temps, on a oublié jusqu'à l'existence d'un champ politique. On ne sait plus si chacun a perdu son ennemi idéologique car on ne voit plus apparaître une bipolarité idéologique. Cela est encore plus vrai aujourd'hui que l'on fait le constat qu'en Algérie (et pas ailleurs) on ne parle plus d'ennemis idéologiques. Lassitude à porter un combat idéologique usant car sans fin ? Perte définitive par chacun de son ennemi idéologique depuis que s'est enracinée la conviction que la pensée et l'action politique qui lui est en rapport ne mènent pas vers l'accès au pouvoir ? Faudrait il pour autant en conclure rapidement que chacun a perdu son ennemi idéologique? Certainement que non, quand on voit que Amara Benyounes rappelle qu'il n'a pas perdu ses convictions car ses adversaires idéologiques n'ont pas perdu les leurs. C'est franc de ce coté-là. A part donc ce dernier, par rapport aux élections législatives déjà consommées, depuis longtemps, nous semblons nous situer dans le cas d'une pause stratégique en matière d'hostilités, du moins sur le plan verbal, entre camps idéologiquement antagonistes alors que se refuser mutuellement le droit à l'existence politique était leur passe-temps favori car cela justifiait pour les uns et les autres le combat dont ils disaient être porteurs? On se rappelle qu'Ouyahia faisait connaître que Djaballah, étudiant, portait une hache dans son cartable. Ce dernier n'avait ni démenti, ni déposé une plainte pour diffamation. On parlait également de l'islamiste qui sciait les poteaux électriques.
Un contrat tacite entre adversaires?
Pour ce qui concerne les démocrates, ceux qui sont ou qui disent qu'ils sont dans l'opposition, d'une part ne se reconnaissent pas mutuellement, au sein même de celle-ci, le caractère démocrate, d'autre part ne reconnaissent pas également, à ceux qui sont au pouvoir, le caractère démocrate. Selon l'opposition, le RND n'est pas un parti démocrate. Mais, les partis qui sont dans l'opposition et qui se réclament de la démocratie, ne partagent pas tout à fait l'explication du contenu du concept de démocratie, preuve étant que la déjà ancienne tentative de Ali Yahia Abdenour de les réunir n'avait pas pu faire long feu. Qui est démocrate quand tous, y compris le FLN et les partis islamistes se réclament de la démocratie ? On parle bien de mouvance démocrate, mais c'est plutôt la presse qui en parle, qui en identifie les composantes, qui leur prête un rôle qu'ils n'ont plus et qu'ils risquent de finir par perdre car, comme disait Charles Pasqua, à force de reculer, ils risquent de sortir du champ. Il y en a bien, parmi les analystes, pour affirmer que l'étude des différentes stratégies investies par tous ceux qui se réclament de l'islamisme accrédite la thèse d'une parfaite coordination et de l'existence d'un chef d'orchestre invisible qui répartit les missions entre les différents acteurs islamistes et que c'est lui-même qui indique qui sera dans l'opposition parlementaire, qui se rapprochera du pouvoir pour s'y arrimer, qui entrera dans un processus de trêve, qui " descendra " dans le cadre de la réconciliation, qui restera dans les maquis pour forcer le pouvoir à faire plus de concessions. Par contre, il n'y aurait pas cet équivalent chef d'orchestre pour la mouvance démocrate.


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