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Encore lointaine, la sortie de crise
Publié dans L'Expression le 12 - 07 - 2005

Du passé ne sont puisés que les éléments des divisions au point où est même acceptée la mise en péril de la cohésion nationale qui est l´espace de défense contre toute menace.
Des enjeux de pouvoir également ne sont tirés que les éléments des divisions, au point où a été fissurée la cohésion nationale, quand cette dernière a été en appel face à la perpétration des massacres.
Les différences, aussi bien dans le premier cas que dans le second cas, entrent en jonction pour se menacer mutuellement au lieu de se surmonter, ce qui permet d´entretenir les sources qui alimentent l´insécurité toutes catégories confondues.
Le pouvoir a toujours raison. L´opposition a toujours raison. Ce n´est pas encore le moment de l´autocritique. Même la démarche pourtant dite de réconciliation exclut les autocritiques, ce qui ne peut que laisser en l´état, pour chacun, la volonté de continuer à faire croire que lui seul a raison, alors qu´au fond de lui-même, il sait qu´il n´a pas raison sur tout.
Quand on est au pouvoir, ou même sur un strapontin faiblement lié au pouvoir, pourvu qu´existe le sentiment d´une appartenance au pouvoir, on défend une cause, on argumente avec la faiblesse de ce qu´on veut faire passer pour des convictions mais dont on sait qu´elles ne le sont pas réellement.
Quand on est dans l´opposition, on agit de la même façon, avec la position confortable d´imputer la paternité des impasses à ceux qui détiennent les leviers du pouvoir, car seuls ces derniers ont le pouvoir de décision.
Par contre, il n´y a pas de place pour le juste milieu, car il faut être globalement pour ou globalement contre.
Le champ politique était structuré autour du clivage «démocrates-islamistes», il n´est plus structuré qu´autour du clivage «pouvoir-opposition», les démocrates et les islamistes s´étant aperçus qu´ils s´affaiblissaient mutuellement dans un contexte durable où l´Algérie ne peut être exclusivement démocrate, par exclusion des islamistes, ou exclusivement islamiste par exclusion des démocrates.
Les islamistes ont mis beaucoup d´eau dans leur vin, les démocrates ont démantelé leurs batteries de missiles anti-islamistes, pour enlever tout alibi idéologique à un champ politique centré exclusivement sur les enjeux de pouvoir, avec la conviction que toutes les démarches entreprises intègrent fondamentalement la donnée du pouvoir autour duquel elles s´articulent et se transforment en politique d´action.
Or, les enjeux de pouvoir ne sont pas conciliables. Pour l´opposition, le pouvoir a créé les obstacles pour leur interdire de gagner les élections. Elle ne peut qu´accepter sa condamnation à perpétuité, à l´enfermement dans l´opposition ou à se soumettre en faisant acte d´allégeance au pouvoir pour recevoir en compensation quelques portefeuilles ministériels.
Même au sein de l´alliance, il y a des manoeuvres pour que chaque parti augmente son capital de pouvoir au détriment de l´autre.
Le FLN craint beaucoup qu´en tant que chef de gouvernement, responsable de l´organisation des élections, Ouyahia ne réédite en faveur de son parti le «coup» des élections de l´année 1997, comme le promet d´ailleurs son porte-parole, d´où le combat mené par Belkhadem pour récupérer ce poste en vertu du respect du fait majoritaire, combat vain et coup d´épée dans l´eau.


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