Si le gouvernement ne dit pas toute la vérité, toutes les vérités, Celles-ci sont de toute façon sur la place publique. On constate que des partis non encore émergents, (émergeront-ils un jour ?) n'ont pratiquement pas d'avis à donner. Ils s'en passent pour le moment. Nombre de syndicats préfèrent le " wait and see ". Revendiquer lorsque le baril de pétrole est à 120 dollars et le faire lorsque celui-ci est à 40, ce n'est pas la même chose. Le chef de l'UGTA est moins visible qu'avant. Ça se comprend bien. Aborder la question des revendications sous l'angle des salaires ou du pouvoir d'achat ? Dialoguer ou négocier ? Longtemps, nous ne comprenions pas si l'Ugta dialoguait ou négociait. Parlait-elle de salaires uniquement, dialoguait-elle seulement, négociait-elle sur la base de nouvelles exigences à satisfaire, parlait-elle de pouvoir d'achat, du social ou des dividendes de la croissance à redistribuer? En tout cas, personne ne parlera de dividendes à distribuer. Avant, nous n'arrêtions pas d'aborder le pouvoir d'achat sous l'angle des salaires. Depuis longtemps, les salaires sont revendiqu és sous l'angle social. Que de fois la question est posée par rapport à l'insuffisance de la prise en charge sociale. A l'époque du régime socialiste (interdit à la révision comme système politico-économique), on occultait le chômage alors et les contraintes budgétaires. Les travailleurs récupéraient par le biais de la redistribution des bénéfices les supposés gains de productivité qu'ils étaient censés produire dans les entreprises. Tout a changé radicalement depuis l'entrée dans le processus des réformes. On parle plus de gains de productivité car tout simplement il n'y en a plus. Y en avait-il réellement durant les décennies ou années précédentes? La privatisation de certaines activités (ou l'externalisation de celles-ci) ont affaibli le système de négociation sociale car l'Ugta n'avait pas intégré le secteur privé. Certainement que le changement de système économique qui a impliqué La précarisation des emplois a beaucoup stressé les travailleurs et leurs familles. Faudrait-il intégrer dans les négociations salariales la probabilité que les travailleurs stressés tombent plus souvent malades et alourdissent la caisse de la sécurité sociale ? La question ne se pose pas de savoir comment fera le pouvoir pour satisfaire ces revendications, car les revendications sont pressantes et leur éventuelle non prise en charge dangereuse pour la paix sociale, pour la paix tout court. A quel niveau plutôt de satisfaction parviendraient les négociations ? S'agirait-il réellement de négociations ? Une autre question se pose. Comment évaluer les niveaux supérieurs des possibilités de l'Etat à donner entière satisfaction aux revendications des travailleurs et comment évaluer les niveaux planchers de la fixation par les travailleurs des accords à accepter? Il sera difficile pour la tripartite d'ouvrir la main le plus largement possible et même au-delà du possible pour tenter de susciter au moins une confiance même relative des travailleurs. Mais, il faudrait tenir compte plus particulièrement de l'idée que les populations se font du pouvoir d'achat, car leur conviction est grande que les augmentations des salaires sont vite rattrapées par celle de l'inflation. Il a toujours été constaté que les commerçants anticipent sur ces augmentations salariales et les répercutent sur les prix avant même que les salariés ne voient la couleur de l'argent supplémentaire qu'ils sont censés recevoir. L'Ugta avait raison de faire un zoom sur le pouvoir d'achat, mais le problème est qu'il s'agissait de discours non suivis d'effet. On peut dire aujourd'hui, que les travailleurs savent faire un lien entre les niveaux de salaires et le niveau minimum du pouvoir d'achat qu'ils accepteront. le pouvoir d'achat est celui autour duquel s'articulent les guerres sociales. La question de la productivité ne sera soulevée que par les employeurs et le gouvernement. Quels sont les facteurs déclenchant l'explosion ?. Quant à leurs revendications, les travailleurs considèrent qu'elles sont toujours légitimes, et que le gouvernement a pour mission d'en tenir compte car sa propre existence est justifiée par sa mission de réunir les conditions pour satisfaire les revendications sociales, qui sont celles de l'emploi, du logement, du pouvoir d'achat, soit des défis pas facilement relevables dans un contexte où des retards se sont accumulés, que le niveau des revendications ne cesse pas de monter, qu'il y a impossibilité à créer des ressources nouvelles. D'ailleurs, il n'existe au monde aucun gouvernement qui ne voudrait pas satisfaire les besoins socioé- conomiques des travailleurs, et même ceux des chômeurs. Ce sont des préoccupations constantes. Aucun doute là-dessus. En tout cas, quoique continue encore à être soutenue la thèse selon laquelle il y a eu une tripartite pour ce qui concerne le secteur économique et une bipartite pour ce qui concerne celui de la Fonction publique, il s'avère que ce ne sont pas tous les travailleurs et ce ne sont pas tous les fonctionnaires qui s'estiment considérés comme représentés à ce dialogue.