L'une des semaines culturelles les plus symboliques culturellement et politiquement, la semaine palestinienne, se clôture aujourd'hui, après la présentation de nombreuses œuvres artistiques, aussi bien folkloriques qu'engagées.Les artistes palestiniens invités à ce rendez-vous qui entre dans le cadre de “ Alger, capitale de la culture arabe ”, ont ramené dans leur balluchon tout ce qui a d'enraciné et d'authentique dans cette contrée déchirée par les haines et les injustices. La ministre de la Culture Khalida Toumi a, d'ailleurs, reconnu que cette “semaine n'était pas comme les autres ”, car “ c'est celle d'une Palestine blessée qui résiste, la Palestine de la douleur, de l'espoir et de lutte jusqu'à la victoire ”. Du point de vue moral et culturel, ce rendez- vous prouve par mille, que les Palestiniens qui ont évolué durant des siècles sur cette terre sacrée des prophètes, ont leur propre représentation du monde, leur propre code culturel et artistique, loin de celui judaïque que l'on voudrait leur inculquer ou imposer. Durant cette manifestation plusieurs activités dont des rencontres, des après-midi poétiques, des pièces théâtrales, des projections cinématographiques, des après-midi folkloriques et des conférences culturelles, ont eu lieu. Mais le point nodal resterait sans doute ce menu cinématographique que les artistes ont proposé. Un menu certes daté, qui a fait presque le tour du monde, mais renseigne avec justesse sur ce combat de la Palestine, mené avec des moyens dérisoires certes, mais aussi avec une inaltérable conviction de sauver la mère Patrie et défende El Qods contre les profanations violentes et injustes. Encore une fois Yad Ilahya ( Intervention divine ), un film de Elya Souleiman, a été proposé à la salle El Mouggar lors de cette semaine. Film franco-palestinien soutitré, avec Elia Suleiman (E. S.), Manal Khader (Naoya), Nayef Fahoum Daher (Le père). Cette œuvre poignante a déjà raflé le Prix du jury à Cannes 2002 et Prix de la critique internationale. Ce film raconte l'histoire d'un Palestinien vivant à Jérusalem, et amoureux d'une Palestinienne de Ramallah. L'homme est partagé entre son amour et la nécessité de s'occuper de son père, très fragile. En raison de la situation politique, la femme ne peut aller plus loin que le checkpoint situé entre les deux villes. Les rendez-vous du couple ont donc lieu dans un parking désert près du checkpoint. Film d'une extrême rigueur éthique et poétique, “ Intervention divine ” raconte une histoire d'amour qui rappelle celle du Mécans de la Générale de Keaton. Comme le train permettait à Johnnie de rejoindre sa fiancée enlevée dans le camp ennemi, “Le ballon de baudruche ” permet à Elia de conduire la femme aimée dans Jérusalem où elle est interdite de séjour. Tous les personnages du film semblent ne montrer aucune réaction apparente par rapport aux événements qui surviennent. Pourchassé par de jeunes Palestiniens, le père Noël (probablement israélien) de la scène inaugurale du film ne dira rien pour sa défense avant de recevoir un coup de couteau pas plus que ne s'exprimeront ses agresseurs. Le père d'Elia maudit intérieurement tous ses voisins qu'il salue pourtant systématiquement de la main. Celui qui se révélera le casseur de route, accumule les bouteilles vides au-dessus de son toit puis, une fois arrêté et relâché, détruit de manière imperturbable la route reconstruite. Le père d'Elia accumule sans mot dire les lettres sur sa table du petit déjeuner, ouvrant impassiblement les relances d'imposition contenues dans les enveloppes vertes. L'un de ses fils attend trois fois devant un arrêt de bus alors qu'un voisin lui répète qu'il ne viendra pas. Voilà donc un condensé imagé sur le récit d'une lutte qui ne veut pas finir.