Les cours du maïs, du blé et du soja ont monté cette semaine à Chicago, dans le sillage d'une chute du dollar, favorable aux exportateurs américains, qui a concentré l'attention des investisseurs à une époque de l'année peu animée en actualités agricoles. "Ce qui a été décisif pour la semaine (...) c'est que jeudi, le marché du blé a nettement monté, suivi par celui du maïs, en réaction au dollar", a mis en avant Bill Nelson, de Doane Advisory Services. Alors que le récent renforcement du billet vert plombait le moral des exportateurs américains, le dollar a chuté jeudi au profit de l'euro, qui a bénéficié d'annonces étonnamment mesur ées de la Banque centrale europ éenne (BCE) sur ses rachats d'actifs. "Beaucoup d'investisseurs qui avaient très nettement parié sur une baisse du marché du blé et, dans une moindre mesure, du maïs et sont repassés à l'achat", a noté M. Nelson. Cette actualité macroéconomique a d'autant plus dominé les marchés agricole que leur actualit é spécifique n'est pas très charg ée, dans un contexte plutôt morose. "Le plus souvent, partir à la recherche d'informations entre Thanksgiving", fin novembre, "et Noël, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin", a ironisé Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors. "Plus particulièrement, pour le maïs, l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a relevé ses objectifs de production d'éthanol pour 2016", a-t-il remarqué. Comme l'éthanol est fait à partir de maïs, "cela a été un facteur positif, mais c'est contrebalanc é par des exportations qui continuent à suivre un rythme d'escargot", a relativisé M. Strickler. Les chiffres publiés cette semaine par le ministère américain de l'Agriculture (USDA) continuent à témoigner d'exportations médiocres pour le maïs et le blé, le marché du soja s'en sortant mieux. "On a un terrible problème d'exportations pour le maïs, et cela persiste", ont insisté les experts de la maison de courtage Allendale. "L'USDA va devoir ajuster ses prévisions [de demande] la semaine prochaine". Le ministère publiera mercredi son rapport mensuel, dit Wasde, sur l'état de l'offre et de la demande dans le monde, auxquels les marchés accordent souvent beaucoup d'attention. Toutefois, le rapport de décembre "est généralement l'un des moins suivis, si ce n'est le moins suivi de l'année", a reconnu M. Nelson, soulignant qu'à l'inverse de la demande, l'USDA ne devrait pas réviser ses estimations sur l'offre. Il estimait que le marché serait surtout tourné vers l'Amérique latine, où le temps reste favorable aux cultures, notamment de soja. Surtout, "ce n'est pas tant l'état des cultures que les évènements politiques qui comptent en ce moment, comme l'actualité au Brésil où la présidente pourrait être destituée", a conclu M. Nelson, évoquant aussi les suites en Argentine de l'élection fin novembre du candidat libéral Mauricio Macri à la tête de l'Etat. Le parti au pouvoir au Brésil va saisir la Cour suprême pour tenter de faire avorter la procé- dure de destitution lancée mercredi contre la présidente Dilma Rousseff, coup d'envoi d'une longue crise politique qui va paralyser un peu plus la septième économie mondiale en pleine récession. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mars, le contrat le plus actif, a terminé vendredi à 3,8150 dollars, contre 3,6725 dollars en fin de semaine précédente (+3,88%). Le boisseau de blé pour mars, également le plus actif, valait 4,8450 dollars contre 4,7900 dollars auparavant (+1,15%). Le boisseau de soja pour janvier, lui aussi le plus échangé, coûtait 9,0600 dollars contre 8,7300 dollars précédemment (3,78%). LES COURS DU COTON TENTENT UNE PERCEE, AIDES PAR LES EXPORTATIONS Les cours du coton ont tenté une percée en fin de semaine, bénéficiant comme les autres matières premières du recul du dollar, ainsi que de bons chiffres sur les exportations américaines. Les cours s'affichaient vendredi au plus haut en trois mois et demi, et "les gens parlent déjà de la possibilité de dépasser nos récents plafonds", a souligné Chris Kramedjian, chez FC Stone. La chute du dollar face à l'euro jeudi, due à la déception des marchés face des décisions moins accommodantes que prévu de la Banque centrale européenne, a donné un coup de fouet à l'ensemble des matières premières exportées par les Etats-Unis. Par ailleurs les chiffres hebdomadaires du ministère de l'Agriculture (USDA) sur les exportations ont dépassé les attentes, avec des ventes de la variété Upland en hausse de 7% sur la semaine précédente, qui avait déjà été bonne. Le marché attend désormais la publication mercredi du rapport mensuel de l'USDA sur l'offre et la demande, et "certains investisseurs s'attendent à des chiffres plutôt favorables aux cours", a noté M. Kramedjian. "Il y a une bonne possibilité que la production soit révisée en baisse, en raison du mauvais temps que l'on a eu durant la récolte", particulièrement en Georgie et en Caroline du Nord et du Sud (sud-est), a-t-il précisé. De leur côté, les analystes de Plexus Cotton se sont demandés si les filatures n'étaient pas encouragées à accélérer leurs achats par des soucis sur la qualit é des cultures. "Le gel qui a touché l'ouest du Texas la semaine dernière semble avoir affecté la qualité de 20% à 25% des plants pas encore récoltés à ce moment là, ce qui va réduire l'offre de coton de bonne qualité", notaient-ils. Jack Scoville, chez Price Futures Group, a fait état d'informations montrant une production en recul au Pakistan et en Inde, "car ces deux pays ont eu des pluies de mousson inférieures à la moyenne dans les régions de production". "Certains négociants font état d'une perte de production dans ces pays de 30% ou plus", selon lui. La livre de coton pour livraison en mars, contrat le plus actif sur l'Intercontinental Exchange (ICE), a fini la séance vendredi à 64,71 cents, contre 63,93 cents à la fin de semaine précédente, soit une progression de 1,22% et un plus haut depuis le 21 août. L'indice Cotlook A, moyenne quotidienne des cinq prix du coton les plus faibles sur le march é physique dans les ports d'Orient, s'établissait à 70,50 dollars les 100 livres, contre 69,80 dollars une semaine plus tôt (+1%).