Renforcer le front intérieur est une des instructions majeures contenues dans le discours présidentiel. C'est pratiquement devenu une constante dans les discours du vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'armée. C'est également devenu une constante dans les discours du gouvernement. Non pas que l'Algérie présente des vulnérabilités difficiles à surmonter ou que la menace intérieure puisse ré émerger après qu'elle eut perdu sa capacité de nuisance. Non. Sur ce plan-là, il n'y a plus de menace vraiment majeure. Les capacités militaires opérationnelles maîtrisent totalement les variables internes de sécurité. Sur le plan interne, les forces de police et celles de gendarmerie sont " rodées " dans les combinaisons avec l'armée. La menace est à comprendre dans les propos du Président qui fait référence à la situation instable qui existe dans notre région, c'est-à-dire à nos frontières, et à la nécessité impérieuse de faire face à toute tentative de déstabiliser le pays. Le Président estime que voilà le moment est venu où l'Algérie se doit de renforcer ses choix stratégiques. Quatre principes immuables fondent la politique algérienne de voisinage. L'intégrité territoriale, l'unité nationale, la souveraineté nationale et bien sûr la sécurité collective. Autant la diplomatie que la défense nationale sont investies de cette quadruple mission. C'est le mandat qu'a confié le Président à la diplomatie et à la défense nationale dans le cadre de ses missions constitutionnelles. Depuis bien longtemps, l'Algérie a mal à son voisinage immédiat. Elle qui a défini le caractère transfrontalier du terrorisme, applique la même grille de lecture aux implications nées des conflits internes dans les pays de notre voisinage. L'instabilité durable dans un pays crée un climat régional pourri sur le plan de la sécurité. Tous les facteurs de sécurité dus aux conflits internes sont transfrontaliers eux également. L'insécurité pour les populations, l'instabilité pour les pays voisins qui accueillent les populations qui fuient la misère et qui estiment qu'elles doivent échapper aux massacres. L'Algérie estime que les conflits internes doivent trouver une solution par le dialogue car toute " paix " obtenue par la pression militaire est précaire et est portée vers sa rupture dès que cesse cette pression et que les troupes se soient retirées. Quelle ingérence militaire a pu ramener la démocratie et le développement dans les pays ciblés ? Irak en paix ? Libye en paix ? Syrie en paix ? Afghanistan, Yémen, et d'autres encore. L'Afrique n'en est pas sortie indemne elle aussi. L'incertitude sur l'avenir de la région devient une réalité dès qu'intervient une puissance extérieure. Les interventions militaires qui se sont imposées dans les pays africains, les pays arabes, les pays musulmans, n'ont été ni légales, ni légitimes et de plus, elles enfoncent les pays ciblés dans des guerres civiles, détruisent l'économie et les infrastructures, désorganisent les vies en cité, démoralisent les populations et provoquent la haine envers les intervenants en renforçant leur désir de vengeance, ce qui accroit leurs vulnérabilités face aux recruteurs dans les rangs terroristes. L'Algérie estime que la stabilité internationale, régionale plus particulièrement, dans la région sahélo-saharienne, maghrébine, africaine, arabe est une exigence stratégique, qui a besoin d'une durée. Elle mobilise pour ça toutes ses potentialités diplomatiques et militaires, mais surtout diplomatiques. Elle resserre les liens sur le plan interne, car une nation n'est forte que par sa cohésion interne. Après la sortie des violences cumulées de la décennie de la tragédie, l'Algérie sait que cette paix ne pourrait être consolidée qu'avec la réunion des conditions d'une stabilisation de notre espace régional auquel elle est partie prenante. Comment établir une stabilité collective si au moins un des membres est au bord d'une déstabilisation pouvant s'accompagner d'un chaos dévastateur ? Se libérer des instabilités, par le dialogue et par l'action politique permet de réintégrer les partis légaux dans le champ politique, de faire remplacer les armes par les urnes et de s'atteler à se libérer des insécurités. Pourquoi des insécurités ? Parce que d'une part, lorsque la stabilité revient, toutes les autres formes de violence et d'incivilité qui lui étaient conséquentes doivent disparaitre pour qu'elles ne se reconstituent pas en menace, d'autre part, les insécurités de part et d'autre des frontières entrent en conjonction et élargissent le cercle des pays en proie à de telles menaces. Elle estime également qu'il faudrait combattre le commerce de contrebande qui augmente la circulation des armes légères, celles qui renforcent la violence et le terrorisme. Les Etats doivent lutter contre la prolifération des armes. L'Algérie ne cherche pas à s'imposer comme puissance régionale mais cherche plutôt à faire de la région une puissance capable de régler les problèmes internes à cette région. Avec une gestion par décision collégiale, ce qui sied bien à l'option algérienne d'une multipolarité du monde. L'Algérie estime que la communauté internationale doit participer à la diminution des vulnérabilités par d'abord une coopération économique qui assure le codéveloppement. Les pays actuellement vulnérables ne peuvent pas faire face à la révolution des demandes sociales. L'Algérie a beaucoup contribué à la création des conditions pour que l'UA se dote d'une structure spécialisée dans les règlements des conflits inter et intra africains des conflits armés plus particulièrement. Le dialogue est d'abord à aborder en terme d'instrument de rapprochement des diverses parties au conflit, d'échange des motivations, puis mise en position de consolidation de l'acceptation à s'échanger des propositions avant de passer à la phase des négociations avec obligation de résultats. Il y a ce capital de cohésion nationale qui a renforcé la mobilisation nationale en faisant échec à toute tentative de déstabilisation, ce qui est bien visible si on examine la cartographie des instabilités et des insécurités de notre voisinage le plus immédiat. Il apparait que pratiquement l'Algérie est le seul pays qui a pu et a su garder sa stabilité et sa sécurité malgré que ce ne soient pas des tentatives extérieures malsaines qui ont tant manqué. Le président a déjà eu par le passé à expliquer que la cohésion nationale, à travers celle des populations et de l'armée, a constitué ensemble le meilleur espace de mobilisation contre toute menace, que celle-ci soit matérielle ou immatérielle. Dans notre voisinage les menaces ont trouvé les moyens de leur exécution et bien sûr l'Algérie ne s'en réjouit pas du tout. Il est opportun, dans une situation où notre environnement international, (ou notre étranger proche) , est soumis à des menaces qui sont entrées en exécution, dans une situation où notre pays est sollicité afin de faire bénéficier ces pays de notre expérience, et également dans cette situation où des interventions étrangères ont manipulé les facteurs déterminants de la géopolitique, que l'Algérie (peuple et son armée) soit capable par sa crédibilité à inverser les courants défavorables. Bien entendu, le président positionne l'Etat comme premier responsable engagé dans la consolidation du front intérieur, et engage les forces politiques à " transcender les divergences, les convictions, car les intérêts supérieurs du pays sont au-dessus de toute considération. C'est dans ce contexte que le président rappelle ce qu'il avait déjà dit à savoir qu'il ne peut pas y avoir d'initiatives en dehors des institutions.