Le géant automobile Volkswagen, enlisé dans son scandale de tricherie aux normes anti-pollution, va débuter à partir de février le rappel des quelque 940 000 véhicules concernés en France, indique dimanche au JDD son responsable dans l'Hexagone Jacques Rivoal. Le groupe aux douze marques (des citadines Seat et Skoda aux sportives Bugatti et Lamborghini, en passant par les camions MAN et Scania) a indiqué il y a quelques jours que le trucage de 11 millions de moteurs diesel dans le monde résultait d'un "enchaînement d'erreurs" dont les origines remonteraient en 2005. En France, l'opération de rappel des 946 000 véhicules concernés "va débuter en février 2016. Chaque client aura reçu trois courriers d'ici là: un premier a été envoyé en novembre; le prochain, en janvier, précisera le détail des mesures techniques; un dernier courrier invitera les clients à prendre contact avec leur concessionnaire", annonce le président de Volkswagen France. Le groupe avait évoqué jusqu'ici un rappel des véhicules en France "début 2016". M. Rivoal souligne qu'une plate-forme internet et un numéro vert sont déjà en place: "600 000 clients se sont manifestés, 150 000 sont identifiés comme propriétaires d'un véhicule touché". Lors de ce rappel, M. Rivoal explique que le groupe va opérer "une mise à jour du logiciel qui durera d'une demi-heure à une heure selon le modèle. Nous voulons positiver cette contrainte avec un package offert au client: véhicule de courtoisie mis à disposition, organes de sécurité de la voiture contrôlés, lavage extérieur et intérieur". "Trente pour cent des propriétaires visés ne venaient plus dans nos concessions: ils profiteront à nouveau de la qualité de service de notre réseau", ajoute-t-il. Les opérations de rappel représenteront "15% de charge de travail supplémentaire sur l'année, soit 900 à 1 000 postes équivalents temps plein. Nous accompagnerons notre réseau pour recruter, faire appel aux heures supplémentaires pendant toute la période. Nos concessionnaires pourront ainsi élargir les heures d'ouverture des ateliers, le soir et le samedi". Jacques Rivoal précise que Volkswagen "étudiera un traitement adapté aux flottes des entreprises, avec la possibilité de faire la mise à jour directement sur leur site" et "toute l'opération est prise en charge par le groupe Volkswagen". M. Rivoal affirme en outre que l'intervention technique sur les véhicules "a pour objectif de n'avoir aucune conséquence sur les prestations du véhicule en termes de puissance ou de consommation par exemple".
Un tribunal chinois examine la plainte d'une ONG locale Un tribunal chinois a accepté d'examiner la plainte d'une organisation environnementale locale contre le constructeur allemand Volkswagen dans le scandale des moteurs diesel truqués, a indiqué mardi l'ONG concernée, et ce même si les voitures diesel sont rarissimes en Chine. La "Fondation chinoise pour la conservation de la biodiversité et le développement vert" a porté plainte contre le géant automobile pour avoir importé en Chine plus de 1.950 véhicules équipés du moteur diesel EA189 au cœur du scandale mondial qui a ébranlé le groupe. Le constructeur allemand est accusé d'avoir installé sur ses véhicules diesel un logiciel qui permet, lors de tests anti-pollution, de contourner les normes sur les émissions d'oxydes d'azote (NOx) et d'autres polluants. Ces moteurs truqués pourraient avoir contrevenu aux lois chinoises sur la qualité et la protection de l'environnement, argumente l'ONG basée à Pékin. La Deuxième cour populaire intermédiaire de Tianjin, une métropole portuaire à l'est de Pékin, a accepté la semaine dernière de se pencher sur le cas, selon des documents officiels postés sur le compte de microblogs de la fondation. "C'est le premier cas d'une plainte d'intérêt général contre les émissions polluantes de véhicules, et pour nous, ce n'est que le début", s'est félicité Ma Yong, secrétaire général adjoint de l'organisation. Le fait que cette plainte soit examinée par la justice "devrait avoir un impact décisif (pour renforcer la pression) sur les autres constructeurs coupables de violer les normes environnementales", a-t-il estimé. Cette plainte a été rendue possible par une récente révision du droit chinois, qui apporte des garanties aux ONG s'attaquant aux entreprises polluantes. "Auparavant, on était cantonné aux recommandations", rappelle M. Ma. Volkswagen avait annoncé début octobre le rappel de près de 2 000 de ses véhicules en Chine - où il reste le principal constructeur étranger - dans le cadre du scandale des moteurs truqués. Il s'agit seulement de modèles importés, principalement des 4x4 urbains Tiguan. Le nombre d'unités incriminées est cependant extrêmement bas. En Chine, premier marché automobile mondial, les voitures individuelles à moteur diesel ne constituent qu'une infime part des véhicules en circulation: ils ne concernent que moins de 0,5% des ventes totales. Plusieurs constructeurs automobiles étrangers ont déjà eu affaire ces dernières années à des enquêtes et démêlés judiciaires en Chine, ayant notamment été visés par des enquêtes très médiatisées des autorités de la concurrence pour des pratiques monopolistiques supposées.