Barack Obama passe cette semaine à l'offensive sur le contrôle des armes à feu aux Etats-Unis. Mais sans l'appui du Congrès, il pourrait se contenter de mesures à portée limitée. Donald Trump ironise déjà. Le président américain veut marquer les esprits après sept années durant lesquelles, fusillade après fusillade, il n'a pu qu'exprimer sa frustration. En contournant le Congrès et en s'appuyant sur de probables décrets, il sait qu'il s'expose à des recours en justice, et place désormais le débat au cœur de la campagne présidentielle. Barack Obama devait rencontrer lundi sa ministre de la Justice Loretta Lynch pour examiner les options possibles. Le lendemain, il est prévu que le président américain s'exprime depuis les salons de la Maison Blanche à 11h40 (17h40 suisses) pour présenter un ensemble de décisions "de bon sens" visant à mieux encadrer la circulation et l'usage des armes à feu, a annoncé lundi l'exécutif américain. D'autres annonces devraient suivre dans la semaine. Jeudi, le président devra notamment répondre aux questions du public en direct sur la chaîne CNN. Lundi déjà, devant la presse américaine, le président a plaidé en faveur d'un contrôle renforcé des armes et annoncé qu'il utiliserait son pouvoir réglementaire pour faire passer ses idées. Si ces mesures ne suffiront pas à empêcher tous les crimes violents ou les massacres, elles sont susceptibles de sauver des vies, a-t-il dit.
Un décret controversé La Maison Blanche est restée jusqu'à présent muette sur ses projets. La principale mesure pourrait porter sur une généralisation de l'obligation de contrôles d'antécédents judiciaires et psychiatriques avant toute vente d'arme. Dans de nombreux endroits aux Etats-Unis, en particulier dans les foires itinérantes, il demeure possible d'acquérir une arme sans aucun des contrôles exigés des armuriers homologués par les autorités fédérales. Aux Etats-Unis, quelque 90 personnes trouvent la mort par balle chaque jour, faisant de ce fléau le cheval de bataille du président. Si un décret présidentiel serait contesté en justice par le lobby pro-armes, son impact sur le terrain est loin de faire l'unanimité. Et l'efficacité du dispositif pourrait être difficile à mesurer dans le temps si la Maison Blanche bascule dans des mains républicaines. Tous les opposants de Barack Obama ont promis d'effacer d'un trait de plume toute mesure sur ce thème. "Dès mon premier jour au pouvoir, tous ces décrets disparaîtront", a déjà assuré le sénateur de Floride Marco Rubio.
Second amendement Les opposants au durcissement des lois sur les armes invoquent le 2e amendement de la Constitution qui stipule qu'"il ne pourra être porté atteinte au droit du peuple de détenir et de porter des armes". Mais ce paragraphe, ratifié en 1791, donne lieu à mille interprétations et est au coeur de multiples procédures judiciaires. Le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan (républicain), a dénoncé lundi le "mépris" du président pour les Américains qui tiennent à cet amendement. "Il agit comme si le droit de porter des armes est quelque chose qui devait être toléré alors que, comme l'a réaffirmé la Cour suprême en 2008, c'est fondamental", a-t-il dit.
Trump ironise M. Obama répète de son côté qu'il ne veut pas toucher à cet amendement mais qu'il "ne doit pas être aussi facile pour quelqu'un qui veut faire du mal de mettre la main sur des armes". Le président avait averti dans ses voeux du 1er janvier: "je reçois trop de lettres de parents, d'enseignants et d'enfants pour rester les bras croisés". Le milliardaire Donald Trump, en course pour la primaire républicaine, a déjà ironisé: "Nous ne serons bientôt plus en mesure d'acquérir des armes", a-t-il lancé lundi, dénonçant un président qui préfère passer "deux semaines à jouer au golf" plutôt que de s'asseoir avec les élus du Congrès pour trouver un compromis.