Les cours du pétrole étaient orientés à la hausse en Asie hier matin, avant la publication d'un rapport sur les stocks de brut américain, les investisseurs continuant de garder un œil sur la crise diplomatique entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Le département américain de l'Energie (DoE) doit publier plus tard dans la journée son inventaire hebdomadaire sur les stocks de pétrole brut, un indicateur important pour le marché. Des analystes interrogés par l'agence Bloomberg s'attendent à une augmentation de 500 000 barils. A environ 03H20 GMT, le cours du baril light sweet crude (WTI) pour livraison en février progressait de six cents à 36,03 dollars, et le baril de Brent, référence européenne du brut, gagnait également six cents à 36,48 dollars. Les deux indicateurs avaient clôturé en baisse mardi. En dépit d'un rebond mercredi, les opérateurs du marché restent pessimistes, a indiqué Daniel Ang, analyste chez Phillip Futures à Singapour. L'aggravation de la crise diplomatique entre l'Arabie saoudite et l'Iran, deux importants producteurs de brut, reste un facteur qui affecte les prix, mais le marché est excédentaire et les opérateurs sont à la recherche d'opportunités pour vendre, a déclaré M. Ang. Le Koweït a rappelé mardi son ambassadeur à Téhéran et le Bahreïn a interrompu toutes ses liaisons aériennes avec l'Iran, alors que la crise diplomatique provoquée par l'exécution en Arabie saoudite du chef religieux chiite saoudien Nimr al-Nimr suscite des préoccupations internationales quant à l'instabilité au Moyen-Orient. M. Ang a par ailleurs indiqué que la faible demande mondiale de brut et la surabondance de pétrole sur le marché allaient rester d'importants facteurs d'influence des prix sur le long terme. Etant donné que la situation concernant l'approvisionnement et la demande ne devrait pas s'améliorer, du moins pendant la première moitié de 2016, les cours du pétrole devraient continuer de rester orientés à la baisse, a-t-il ajouté. La veille, les cours du pétrole ont fini encore en baisse à New York, la crainte de voir les stocks de brut augmenter une nouvelle fois aux Etats-Unis prenant le pas sur l'inquiétude suscitée par la crise entre l'Arabie Saoudite et l'Iran. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février a perdu 79 cents à 35,97 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance a perdu 80 cents à 36,42 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). La baisse est surtout due au fait qu'on attend les nouveaux chiffres (hebdomadaires) sur les stocks de brut aux Etats-Unis, a expliqué Bob Yawger, chez Mizuho Securities. Selon lui, c'est probablement la principale raison qui a permis de faire passer au second plan tout le bruit de fond sur ce qui se passe entre l'Arabie Saoudite et l'Iran et la crise diplomatique d'ampleur régionale à la suite de l'exécution d'un dignitaire chiite par les autorités saoudiennes. L'association professionnelle API devait publier mardi après la clôture une première estimation des stocks américains de brut, qui frôlent déjà leur record absolu, à quelque 3,5 millions de barils près, selon M. Yawger. Selon M. Yawger, le marché s'attend généralement à une progression des stocks d'environ un million de barils, venant confirmer les énormes excédents du marché qui plombent le marché depuis un an et demi. Un dollar plus fort participe aussi à la faiblesse du marché, notait pour sa part Tim Evans, chez Citi. Comme les échanges de brut sont libellés en dollars, toute hausse du billet vert pénalise les acheteurs munis d'autres devises et donc pèse sur les cours. Quant à la crise irano-saoudienne, la plupart des analystes jugent peu probable qu'elle menace dans l'immédiat l'approvisionnement en pétrole, même si Tamas Varga, chez PVM, estimait que le fait que la production combinée de Ryad et de Téhéran dépasse les 13 millions de barils par jour (mbj) devrait faire frémir les investisseurs pariant sur la baisse des cours. Cela montre à quel point la situation fondamentale sous-jacente (du marché) est baissière, même si ce qui se passe au Moyen-Orient doit être surveillé de près, notait M. Varga. Pour les analystes de Commerzbank, la crise entre Ryad et Téhéran pourrait en fait renforcer ou du moins prolonger l'état de surproduction actuel: il n'y a aucune chance que l'Arabie Saoudite réduise son offre de pétrole pour faire place au pétrole iranien si les sanctions (visant la République islamique) sont levées, faisaient-ils valoir.