Les cours des produits agricoles ont fluctué cette semaine au gré de la météo, menaçante pour la récolte de blé mondial, de la hausse du dollar, qui freine les exportations américaines, et de la baisse des cours du pétrole. Sur le marché du maïs américain, "maintenant que la moisson est terminée, il n'y a plus grand chose à dire avant que les planteurs ressortent des hangars au printemps prochain", souligne Dewey Strickler de Ag Watch Market Advisors en rappelant que la récolte est à un niveau record. Aussi "les investisseurs tournent leur attention notamment vers le secteur de l'énergie", ajoute-t-il. Les prix du baril de pétrole brut ont en effet chuté de près de 40% depuis l'été et dans leur sillage ceux de l'essence. "Cela pèse sur le maïs et le soja, utilisés respectivement dans la production d'éthanol et de biodiesel", remarque Bill Nelson de Doane Advisory Services. Cet élément négatif était toutefois en partie compensé selon lui par la robustesse de la demande pour ces produits à l'étranger. "Le rapport sur les ventes hebdomadaires publié jeudi était bien meilleur qu'attendu et le fort intérêt pour le soja a été confirmé par une nouvelle commande de plus de 200 000 tonnes annoncée vendredi", indique le spécialiste. La solidité de la demande est d'autant plus étonnante selon lui que le dollar est à son plus haut niveau depuis plusieurs années face à plusieurs devises importantes, dont l'euro et le yen. Or une monnaie américaine élevée rend plus chers les achats de produits libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises. L'essor du billet vert pèse toutefois sur les ventes de blé, qui fait face à des prix beaucoup plus compétitifs sur le marché mondial. Mais les prix de la céréale sont soutenus par les craintes sur la récolte en cours autour de la mer Noire et aux Etats-Unis. "Il n'y pas de neige en ce moment en Russie ou en Ukraine pour protéger la récolte d'un éventuel gel hivernal", explique Dewey Strickler. Et aux Etats-Unis, "même si les températures se sont un peu radoucies, l'épisode glacial qui s'est produit dans le centre du pays mi-novembre a sans doute laissé des traces", remarque Bill Nelson. La météo en Amérique du Sud était de son côté plutôt de nature à faire pression sur les cours du maïs et du soja. "Il est toujours prévu des pluies dans la partie nord de l'Argentine puis dans le sud et le centre du Brésil", soulignent les analystes d'Allendale. "Si ces prévisions se confirment, la seule zone d'Amérique du Sud qui verrait moins de précipitations que la normale serait la partie sud-ouest de l'Argentine", remarque-t-il. De quoi semer les graines de récoltes record. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mars, le plus échangé désormais sur le marché, évoluait vendredi à la mi-séance à 3,9275 dollars contre 3,8875 dollars vendredi dernier. Le boisseau de blé pour la même échéance, le contrat le plus actif en ce moment, cotait 5,9400 dollars contre 5,7850 dollars en fin de semaine dernière. Le boisseau de soja pour livraison en janvier, le contrat le plus échangé, s'établissait à 10,2000 dollars contre 10,1600 dollars il y a une semaine.