"Les incertitudes sur la relance du processus de privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA) s'épaississent. Il faut attendre. La balle est dans le camp des banques soumissionnaires. Elles seules décideront quand reprendre la course". C'est en ces termes que s'est exprimée, hier, Fatiha Mentouri, ministre déléguée chargée de la réforme financière, apostrophée par la presse en marge du séminaire international portant sur le partenariat public-privé (PPP) dans le financement des projets d'infrastructure, qui s'est tenu à l'hôtel Hilton à Alger. Interrogée également sur le retrait de trois banques parmi les soumissionnaires ainsi que le pourquoi du gel de l'opération de privatisation du moment que trois autres banques sont restées en lice, Fatiha Mentouri dira : "Nous voulons avoir plusieurs interlocuteurs pour qu'on ne nous impose rien" et d'ajouter que "nous avons fait appel à la concurrence et quand celle-ci est biaisée alors on attendra, il n' y a pas le feu". Concernant la réforme financière, la ministre indiquera que beaucoup reste encore à faire dans ce domaine. Elle a fait savoir, à ce propos, qu'une réunion est prévue pour le début de l'année prochaine pour faire une évaluation des réformes engagées jusque-là. Pour revenir au partenariat public-privé (PPP), Fatiha Mentouri dira qu'il s'agit d'une forme de financement et de gestion nouvelle chez nous. "Nous faisons appel à des spécialistes et nous verrons si ces formes conviennent sachant qu'il y a nécessité d'adaptation de la législation nationale, notamment pour ce qui est du code des marchés publics" a-t-elle souligné. Mais le séminaire d'hier a trait beaucoup plus à l'évaluation de la pertinence et de la faisabilité du PPP. Cet instrument permet, dira en substance, Fatiha Mentouri, d'alléger la facture budgétaire de l'Etat et d'augmenter la productivité des entreprises publiques. La ministre expliquera également que le PPP est un mode de financement innovant, qui peut permettre à l'Algérie d'attirer de nouvelles formes d'investissement direct étranger (IDE), à condition de trouver des points d'ancrage. En revanche, pour développer le PPP il faut un cadre juridique sécurisant. C'est ce qu'a affirmé, d'ailleurs, Pierre Sorbet, représentant de la banque HCBS. Dans les pays où le code des marchés est rigide, dira M. Sorbet, on fait appel à des contrats globaux, notamment les PPP. Mais souvent, le financement privé coûte plus cher. La marge étant plus importante pour le privé dans la mesure où il fait appel à des opérations d'assurance complexes et coûteuses. C'est la raison pour laquelle ces partenariats ont montré leur limite dans certains secteurs dits stratégiques où le public détient la part du lion des projets comme le secteur de l'eau et de l'énergie. Mais il n'en demeure pas moins que le PPP est un outil très flexible au service des politiques sectorielles. Et c'est un moyen de financement très homogène pour un pays qui cherche un meilleur équilibre public- privé. Les séminaristes ont eu à citer certains exemples, dont celui de la France. Rien qu'en 2007, quelque 25 PPP ont été validés, dont 10 d'une valeur de 250 millions d'euros. Par ailleurs, dans le modèle anglo-saxon le PPP peut comprendre outre les contrats, la concession, notamment dans certains domaines comme celui des services civils et militaires.