Parmi les six banques soumissionnaires, trois ont dû renoncer à l'acquisition du CPA. La crise internationale des crédits hypothécaires est le seul motif de la suspension du processus de privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA). C'est ce qu'a affirmé hier la ministre déléguée à la Réforme financière, Fatiha Mentouri, dans un point de presse animé au siège du ministère des Finances. Le ministère des Finances, rappelle-t-on, avait annoncé samedi, sa décision de suspendre l'opération de privatisation du CPA. L'ouverture des plis, programmée pour hier, a été également annulée. L'objectif, selon le ministère, est de «réunir toutes les conditions d'un transfert de savoir-faire bancaire, technique, commercial et financier au CPA, d'enrichir sa gamme de produits et services, de moderniser ses outils de gestion et de contribuer enfin au développement général de tout le secteur bancaire algérien». Durant une heure, et en présence du président-directeur général du CPA, Mohamed Djellab, la représentante du ministère des Finances a tenu à clarifier les points de cette opération. En fait, parmi les six banques soumissionnaires, trois ont dû renoncer à l'acquisition du CPA. La première est la banque espagnole Santander. Dès le mois de mai, cette dernière a engagé une vaste opération de rachat d'une banque internationale. Par ailleurs, les turbulences qui ont affecté les marchés des titres hypothécaires dans de nombreux pays ont eu de sévères incidences sur les grands groupes bancaires internationaux, en particulier américains. C'est ainsi que le marché hypothécaire s'est emballé, atteignant en 2007 plus de 10.000 milliards de dollars, soit plus du quart de l'encours de l'ensemble des crédits. Le montant global de la facture de cette crise pourrait se situer, selon la ministre déléguée, entre 400 et 500 milliards de dollars. C'est dans ce contexte, expliquera Mme Mentouri, qu'une autre banque qualifiée, la Citibank, a été amenée à engager un processus de restructuration de son management. Ces conditions ont conduit cette banque à annoncer son retrait de l'opération, le 21 novembre dernier. Les répercussions de cette crise sur cette banque s'élèvent entre 5 et 7 milliards de dollars, selon Mme Mentouri. Par ailleurs, le 23 novembre, le Crédit Agricole a exprimé, pour sa part, le souhait de voir reportée la date de présentation des offres. Dès lors, le nombre de soumissionnaires potentiels se trouve réduit à trois banques qui sont: Société Générale, Banque populaire et BNP Paribas. «L'Etat a choisi la prudence», a souligné Mme Mentouri. Interrogée sur la date de la réouverture de ce dossier, la représentante du ministère des Finances répondra que la décision sera prise «au moment jugé opportun». Elle a affirmé, en outre, qu'il n'est pas question d'engager une nouvelle procédure. «Nous reprendrons le processus de privatisation quand les choses seront plus claires. Nous avons besoin d'un peu de temps pour évaluer l'impact de la crise», a-t-elle révélé. Il s'agit de reprendre l'opération où elle a été interrompue. Les trois phases de cette opération ont du coûter, selon elle, quelques milliers de dollars. Mme Mentouri espère également revoir les banques, qui se sont retirées, revenir dans cette course. «Le processus de privatisation du CPA ne sera pas entaché par la décision de sa suspension», a-t-elle soutenu. Seul le temps pourra apporter une réponse.