Résultats n Le Parti populaire (PP) du Premier ministre Mariano Rajoy a remporté les élections générales espagnoles du 20 décembre. Cette victoire du parti conservateur a cependant un goût amer : avec 28,7% des voix et 123 sièges au Parlement, le PP se trouve bien en dessous du seuil de la majorité absolue (176 sièges). Les cris «arriba Espana», hier soir au siège du Parti populaire à Madrid, n'ont pas fait passer le goût amer de la victoire pour le chef du gouvernement espagnol sortant, le conservateur Mariano Rajoy qui a perdu sa majorité et ne sait pas s'il pourra gouverner. Au jeu du chamboule-tout, les militants du Parti populaire (PP), arrivé premier, font grise mine, tandis que ceux du Parti socialiste (PSOE), second, comptent leurs pertes. Quant au nouveau parti de gauche radicale, Podemos, arrivé troisième, il se félicite d'avoir raflé un quart des voix avant même son deuxième anniversaire, tandis que Ciudadanos (centre-droit), quatrième, reste sur sa réserve. Sous le balcon du siège du PP à Madrid, un immense «gracias» en lettres bleues salue son score : «Il est resté la première force politique d'Espagne» avec 123 sièges sur 350, commente sobrement, Mariano Rajoy, 60 ans. Mais ses militants sont sonnés car leur parti vient de passer pour la première fois depuis 1993 sous la barre des huit millions de voix. Encaissant le coup, comme il a déjà su le faire en 34 ans de vie politique, Mariano Rajoy a annoncé qu'il allait «tenter de former un gouvernement». Parmi les militants du PP, Javier Sanchez, étudiant de 17 ans, s'inquiète du succès de Podemos, sûr que «si, à l'arrivée, Podemos s'allie avec le PSOE, l'Espagne ira probablement vers la faillite». «Je crois que l'Espagne doit mûrir, dit-il. C'est un pays qui a besoin de mûrir». Au siège de la plus ancienne formation du pays, le Parti socialiste fondé en 1879 et qui obtient son pire score avec 90 sièges, Juan Carlos Muñoz, fonctionnaire de 53 ans, se console : «Il est clair que le seul qui peut passer des pactes, c'est Pedro Sanchez», son candidat de 43 ans, assure-t-il. Lui aussi évoque Podemos : «Ils devront démontrer qu'ils sont des hommes d'Etat et non des démagogues», dit-il au sujet de ce parti qui a pris une partie des voix de déçus du PSOE. Au même moment, des ballons violets s'envolent dans le ciel de Madrid, d'une place où se sont massés des milliers de partisans de Podemos et de ses alliés, célébrant leur résultat : 20,6% (69 sièges). «C'est impensable pour n'importe quel parti d'obtenir en moins de deux ans cinq millions de voix, un quart des suffrages», constate — très, très calmement — un commercial de 63 ans, Luis Neira, ayant participé à toutes les assemblées locales de Podemos à Parla, près de Madrid. «Pour moi, c'est du jamais vu dans l'histoire démocratique de l'Espagne et je crois de l'Europe». R. I./ Agences Podemos : «si se puede» l Quatre ans après l'occupation de la place de la Puerta del Sol à Madrid en mai 2011 par les «indignés», un mouvement dont Podemos est issu, la foule scande «si se puede», «oui c'est possible». Pour l'informaticien de 27 ans Alberto Iglesias, homonyme du candidat mais simple militant, ce succès est «la victoire de Pablo Iglesias, de Juan Carlos Monedero ou d'Iñigo Errejón, des politologues et d'excellents stratèges, et d'intellectuels derrière eux, qui ont surtout réussi à canaliser les mouvements sociaux qui exprimaient l'indignation du 15-M».