La Banque centrale américaine (Fed) a laissé mercredi ses taux d'intérêt inchangés six semaines après avoir amorcé un changement de cap monétaire, en notant que la croissance économique des Etats-Unis avait ralenti à la fin de l'année dernière. Après avoir relevé les taux directeurs pour la première fois en neuf ans à la mi-décembre, la Fed les a laissés mercredi entre 0,25% et 0,50%, selon un communiqué de son Comité monétaire (FOMC). La Banque centrale s'est montrée prudente dans son communiqué, jugeant que la croissance économique américaine avait "ralenti" à la fin 2015, que l'inflation resterait "basse" à court terme et qu'il fallait surveiller "les développements financiers et économiques" dans le monde. La croissance au dernier trimestre, qui sera dévoilée vendredi, devrait en effet nettement marquer le pas, les analystes s'attendant à une expansion de 0,9% au lieu de 2% au 3e trimestre. Dans son communiqué, la Fed a indiqué qu'elle s'attendait à ce que l'inflation demeure "basse" à court terme en raison d'un nouveau recul des prix de l'énergie. Le baril de brut est tombé à un plus bas en douze ans la semaine dernière. Couplés au raffermissement du dollar qui rend les importations moins chères, les bas prix énergétiques pèsent à la baisse sur l'inflation. Le Comité de politique monétaire continue cependant de penser que l'inflation va remonter vers l'objectif souhaité de 2% à moyen terme une fois que les effets "transitoires" des baisses de l'énergie et des prix à l'importation se dissipent. Alors que les marchés boursiers ont connu une forte volatilité depuis le début de l'année notamment à cause des craintes sur un ralentissement de l'économie chinoise, les membres du FOMC affirment "surveiller de près les développements financiers et économiques mondiaux". Il s'agit "d'évaluer leurs conséquences sur le marché du travail et l'inflation", dit le communiqué. Les marchés ont été extrêmement volatiles début janvier, avec plus d'une douzaine de séances à la baisse à Wall Street. Malgré ce tableau de l'économie moins optimiste que le précédent, la Fed continue de promettre un resserrement "graduel" de la politique monétaire. Elle répète aussi que la trajectoire des taux "dépendra des perspectives économiques dont témoigneront les statistiques économiques".
Janet Yellen au Congrès Il n'y avait pas de conférence de presse prévue mercredi pour la présidente de la Fed Janet Yellen mais elle doit s'exprimer devant le Congrès le 10 février prochain. Depuis fin 2008, les taux à court terme ont été maintenus proches de zéro pour accompagner la reprise après la crise financière. En décembre, jugeant le marché du travail proche du plein emploi et estimant que l'inflation était sur la voie du redressement, la Fed les a augmentés de 0,25 point. Mais pour certains membres du Comité inquiets de l'inflation trop basse, cette décision était "limite". La décision de maintenir le statu quo mercredi ne constitue "pas une surprise" de même que le constat "de risques accrus du côté des développements économiques et financiers mondiaux", a commenté Ian Shepherdson, économiste chez Pantheon Macroeconomics. Côté positif, la Fed reconnaît que le marché du travail, dont la bonne santé fait partie de son mandat, continue de "s'améliorer" ce qui peut laisser la porte encore ouverte à une prochaine modeste hausse des taux lors de la prochaine réunion des 15 et 16 mars. Cette première réunion de l'année, qui comptait au sein du Comité quatre nouveaux membres pour un an, s'est tenue pendant deux jours à Washington malgré une sévère tempête de neige qui a fermé les bureaux de l'administration en début de semaine. Pour Gregory Michael, économiste à BMO Capital Market qui estime que la banque centrale laissera passer la prochaine réunion de mars sans relever les taux, "la Fed est clairement inquiète et nous le sommes aussi". A l'inverse, Chris Low de FTN Financial estime que la Fed "relèvera quasi certainement les taux" en mars "si les marchés se stabilisent mais elle pourrait y renoncer s'ils continuent de chuter". Après une première brève réaction en hausse à la publication du communiqué, Wall Street a terminé en baisse mercredi.