L'inamovible chanteur kabyle, Idir, a entamé le 27 novembre dernier une tournée française qui se poursuivra jusqu'au 24 mai 2008. Le rendez-vous de la star de la chanson identitaire, se fera bien entendu avec du neuf, La France des couleurs, un album mis dans les bacs en juin dernier. Pas seulement parce que tonton Idir sera accompagné par les siens, qui demanderont à consulter ses titres phares puisés dans le patrimoine oral berbère. L'artiste le dit lui-même : “Cet album défend les couleurs de la France” (La France des couleurs ndlr). Ce produit signé chez Sony BMG est un appel à la paix, au partage et à l'harmonie dans une contrée hétéroclite pas toujours sereine. Obsédé par les questions identitaires, le chanteur qui vit depuis près de 40 ans à Paris, ouvre ses espaces d'expression pour une autre génération de jeunes qui l'accompagne dans cette France “ mythifiée ” des couleurs. Ses invités sont donc des nouveaux venus sur l'arène de la chanson et s'appellent : Akhenaton, Grand Corps malade, Disiz la Peste, Zaho, Tiken Jah Fakoly et beaucoup d'autres appelés ainsi à dire ou la rage ou la passion d'exister sans frontières. Après Identités, un opus signé en 1999, Idir revient donc au-devant de la scène avec un double événement : la sortie de La France des couleurs et son long périple dans les salles françaises. Fidèle à sa conception de la langue, le chanteur qui a déjà partagé un moment créatif avec Mami, dans le duo, Ayazwaw, remet dans ce nouvel opus sa langue maternelle, le kabyle, et celle des anciens colons, le français. En invitant une jeune génération à le suivre dans sa quête identitaire, Idir aura remarquablement pondu un album “multicolore.” Sa voix de velours se pose comme une feuille fraîche sur un tas de mélodies invoquant ainsi les grands thèmes humanistes tels la tolérance, la dénonciation des problèmes de discrimination, la situation des jeunes dans les banlieues, celle de l'Afrique, la célébration de l'amour, la paix et la diversité,… Dans La France des couleurs, Idir reprend quelques-uns des ses standards, mais aussi des inédits comme Lettre à ma fille, chanson écrite par Grand Corps Malade et qu'Idir chante accompagné au piano par sa fille. Un album tout en couleur puisque savamment réservé à cette jeune génération qui n'a pas tout le temps les moyens de s'exprimer et à qui Idir offre cette tribune tout en essayant de s'éclipser dans les ombres des partages. Album présent, du présent, La France des couleurs serait le miroir où se regardent les jeunes talents tels Féfé et Leeroy, Wallen (que l'on retrouve sur plusieurs titres), Kenza Farah, Disiz La Peste (sur un très bel hommage aux Africains qui ont combattu pour la France intitulé Médaille en chocolat), Nâdiyah, Rim K et Sniper... “ La France des couleurs qui défendra les couleurs de la France ”, scandé comme un leitmotiv, sonne comme un appel à “ briser la coquille pour transpercer l'injustice et l'hypocrisie ”, chante Idir sur l'un des titres de l'album. La tournée de Idir sera encore une fois cette graine d'amour semée avec rage et espoir sur les arènes des spectacles et les cœurs des inconnus.