L'activité du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/Daech) en Libye, qui s'attaque aux installations pétrolières, est prise très au sérieux par les pays occidentaux, mais également la Russie. À en croire le quotidien arabophone londonien Asharq al-Awsat d'hier, qui cite des sources sécuritaires locales, des dizaines de soldats américains, britanniques et russes se trouvent sur le sol libyen. Il s'agit là d'une manière de faire pression sur le parlement de Tobrouk afin qu'il accorde sa confiance au gouvernement d'union nationale de Faïz al-Saraj, mais probablement de préparer le terrain à une intervention contre Daech. Ces forces auraient atterri à l'aéroport Jamal-Abdel-Nasser, situé au sud de la ville de Tobrouk, alors qu'une partie des soldats américains serait entrée de l'ouest de Tripoli. Selon des témoins, le nombre de soldats s'élèverait à 500 environ, mais un responsable militaire local a déclaré sous le couvert de l'anonymat qu'il ne s'agit que de quelques dizaines, avec comme mission d'explorer le terrain en vue d'une intervention d'ampleur. On remarquera que la Russie, grande absente, mais surtout perdante, dans l'intervention étrangère menée sous la direction de l'Otan en 2011, qui avait renversé le défunt colonel Mouammar Kadhafi, est présente cette fois-ci. Il est donc clair qu'une intervention militaire étrangère en Libye se prépare. D'ailleurs, il suffit de prendre connaissance des dernières déclarations du chef d'état-major de l'armée américaine, le général Joseph Dunford, pour comprendre que cette intervention n'est qu'une question de temps. Il a estimé qu'il était désormais urgent et nécessaire d'agir militairement en Libye pour stopper l'évolution des activités de l'organisation de l'Etat islamique, lequel envisage de transformer ce pays en une base régionale pour opérer par la suite dans d'autres pays, particulièrement en Afrique. Tout en prenant le soin de divulguer des détails relatifs à l'opération, le patron de l'armée US aurait préconisé au Pentagone d'améliorer l'aide que pourraient apporter les armées des alliés dans la région, mais également de former les forces libyennes en mesure de défendre leur pays. Joseph Dunford, qui s'est entretenu récemment avec ses homologues de l'armée française, laquelle opère dans la région du Sahel contre les terroristes d'Aqmi, qu'ils étaient tous, Français et Américains, d'accord pour que toute intervention militaire en Libye se fasse en collaboration avec le gouvernement d'union national libyen. Les intentions des grandes puissances d'intervenir militairement en Libye seront beaucoup plus claires, dès que le cabinet de Faïz al-Saraj aura le feu vert du Parlement exilé à Tobrouk pour entamer ses fonctions. Ce n'est qu'une question de jours. Merzak Tigrine