Le jour même, le porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov a annoncé que le ministère avait enregistré plusieurs signes de préparation secrète des forces armées turques à des hostilités sur le territoire syrien. "Nous avons des raisons de supposer que la Turquie s'apprête à introduire ses troupes sur le territoire d'un Etat souverain - en Syrie… Nous voyons de plus en plus de signes indiquant que les forces armées turques se préparent à une opération en Syrie", a indiqué le général Konachenkov. Selon lui, le ministère russe de la Défense en a antérieurement fourni des preuves irréfutables en diffusant une vidéo où des canons automoteurs turcs menaient des tirs contre des localités syriennes dans le nord de la province de Lattaquié. Le porte-parole a notamment présenté des photos d'un poste-frontière turc prises le 26 octobre 2015 et le 30 janvier 2016. Les parkings du poste-frontière ont été élargis et placés sous protection. "En temps de paix, on pourrait considérer ces activités comme un signe d'augmentation des échanges commerciaux entre les deux pays. En temps de guerre, on modifie ainsi l'infrastructure de transport à la veille d'une invasion militaire. Ces terrains peuvent servir à faciliter les déplacements des troupes et le transport d'armes et de munitions vers un lieu de combat. On trouve beaucoup d'exemples de ces activités à la frontière syro-turque. On y voit même des troupes et des matériels de guerre", a précisé le porte-parole. "Nous sommes surpris que les représentants du Pentagone, de l'Otan et de nombreuses soi disantes organisations de protection des droits de l'homme en Syrie gardent toujours le silence malgré notre appel à réagir", a-t-il noté. Le responsable a rappelé que le ministère russe de la Défense avait intensifié ses missions de reconnaissance au Proche-Orient. "Si Ankara croit qu'il peut cacher quelque chose en annulant des vols d'inspection russes, ce n'est pas professionnel", a conclu le général Konachenkov. La Turquie envoie en outre des armes et des renforts aux terroristes dans le nord-ouest de la Syrie, a ajouté le général. "Voici un nouvel exemple d'actions provocatrices de la Turquie à la frontière syrienne. Vous voyez un poste-frontière turc situé près de Reyhanli-Sarmada. C'est par ce poste que transitent la nuit des renforts et des armes destinées aux terroristes qui contrôlent les villes d'Alep et d'Idlib dans le nord-ouest de la Syrie", a déclaré M. Konachenkov devant les journalistes. Selon lui, les partenaires américains et otaniens de la Turquie qualifient ces convois d'humanitaires. Les autorités turques arrêtent les journalistes qui essaient d'obtenir des informations sur ces convois, a-t-il précisé. Le premier ministre turc Ahmet Davutoglu a répondu que Moscou essayait ainsi de détourner l'attention de ses activités dans la République arabe syrienne. "La Turquie a le plein droit de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger sa sécurité", a-t-il souligné. Le 15 décembre 2015, l'Arabie saoudite a annoncé la création d'une Coalition islamique antiterroriste qui comprendra 34 pays. Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a précisé plus tard que les membres de l'alliance se partageraient des informations, mais pourraient aussi entraîner et armer des détachements militaires si nécessaire.
La Turquie va-t-elle attaquer la Syrie? La question actuellement débattue à Ankara est de savoir si la Turquie lancera une opération en Syrie pour empêcher les troupes de Bachar el-Assad d'établir un contrôle sur les régions peuplées par les Turkmènes. Dans un rapport hebdomadaire préparé par le groupe parlementaire du Parti démocratique du peuple (DEHAP), l'auteur de ce document, le député de la province d'Istanbul Erdogan Toprak, caractérise les relations actuelles entre la Turquie et l'Arabie saoudite. Le député attire l'attention sur le fait que la visite du premier ministre turc Ahmet Davutoglu à Riyad, où il devait prendre part à une réunion du Conseil de coopération de haut niveau entre la Turquie et l'Arabie saoudite, a coïncidé avec le début des négociations de Genève sur le règlement syrien, ainsi qu'avec une nouvelle montée des tensions entre la Russie et la Turquie. Celles-ci résultent des affirmations d'Ankara selon lesquelles un avion russe aurait de nouveau violé l'espace aérien turc. Le rapport cite notamment la proposition de créer une force islamique de maintien de la paix formulée en janvier dernier par un député du Parti de la justice et du développement, Orhan Atalay, à l'occasion d'une réunion du Conseil parlementaire de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). "Il est à noter que cette initiative d'Atalay a immédiatement été soumise à l'Assemblée générale du Conseil parlementaire et inscrite à l'ordre du jour de la prochaine réunion de l'Assemblée", lit-on dans le rapport du DEHAP. Selon l'auteur du rapport, ces faits attestent que la composante militaire de l'alliance entre la Turquie, l'Arabie saoudite et le Qatar est en train de se renforcer. "Il convient de citer à cette occasion la présence du chef de l'état-major turc, le général Hulusi Akar, parmi les membres de la délégation qui accompagnait Ahmet Davutoglu à Riyad, ainsi que la photo montrant le général Akar en compagnie des hauts responsables saoudiens. Sur cette photo, le chef militaire turc porte un uniforme de combat et des bottes militaires, ce qui peut être interprété comme un message signifiant que les forces armées turques envisagent de jouer un rôle décisif en cas d'opération terrestre en Syrie", indique le rapport. Selon le document, "la question actuellement débattue à Ankara est de savoir si la Turquie - qui a déployé des efforts énergiques conjointement avec l'Arabie saoudite en vue de tenir les Kurdes syriens à l'écart des négociations de Genève - lancera une opération en Syrie pour empêcher les troupes d'Assad soutenues par l'aviation russe d'établir un contrôle sur les territoires turkmènes".
Riyad prêt à envoyer des troupes en Syrie L'Arabie saoudite est prête à lancer une opération au sol en Syrie contre le groupe terroriste Etat islamique (EI ou Daech), si cette opération est décidée par la coalition. Riyad est prêt à se joindre à l'opération terrestre contre Daech en Syrie dirigée par les Etats-Unis, si une telle opération est lancée par la coalition, a confirmé jeudi un porte-parole de l'armée saoudienne cité par la chaîne de télévision Al-Arabiya. "Le Royaume est prêt à participer à une opération au sol contre l'Etat islamique que la coalition peut lancer en Syrie", a déclaré le général de brigade saoudien Ahmed al-Assiri, qui est aussi porte-parole de la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite au Yémen. La Syrie est le théâtre d'un conflit armé depuis mars 2011. Selon l'Onu, les hostilités ont déjà fait plus de 220 000 morts. Les troupes gouvernementales combattent différents groupes terroristes dont les plus dangereux sont l'Etat islamique (EI ou Daech) et le Front al-Nosra (filiale d'Al-Qaïda). Une coalition internationale, conduite par les Etats-Unis, porte des frappes en Syrie contre le groupe djihadiste Etat islamique depuis le mois de septembre 2014, mais sans succès évident. Washington a procédé à des frappes aériennes sans avoir obtenu le feu vert des autorités syriennes. La Russie porte des frappes ciblées contre les positions des djihadistes de l'EI et du Front al-Nosra en Syrie depuis le 30 septembre 2015 à la demande du président Bachar el-Assad.