Les services de sécurité allemands reconnaissent que l'opération militaire russe a retourné la situation en Syrie et qu'elle garantit la victoire au président syrien Bachar el-Assad, a rapporté le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. "L'intervention de la Russie signifie un retournement irréversible en faveur de Damas", lit-on dans l'article. Selon la source du Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'armée syrienne remportera tôt ou tard une victoire à Alep. Dans le même temps, les services de sécurité allemands pensent qu'une intervention militaire de l'Arabie saoudite ou de la Turquie aux côtés des forces antigouvernementales est peu probable. Quand les troupes syriennes soutenues par les forces russes regagneront le contrôle des régions de l'Ouest, l'opération conjointe se poursuivra dans l'est de la Syrie", estime le journal. Pour sa part le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, a estimé, qu'il est inutile de "diaboliser" qui que ce soit, sinon les terroristes qui sévissent en Syrie. Il ne faut pas "diaboliser" le président syrien, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, intervenant à la Conférence de Munich sur la sécurité. "Il ne faut pas +diaboliser+ (le président syrien Bachar el-) Assad. Il ne faut pas +diaboliser+ qui que ce soit, sinon les terroristes qui sévissent en Syrie. Et les problèmes humanitaires doivent se résoudre par le biais d'une coopération", a-t-il indiqu é. Beaucoup d'experts, dont le géopoliticien français Renaud Girard, regrettent la "diabolisation" du président syrien en Occident. "A partir du printemps arabe de 2011, nous nous sommes mis à diaboliser le Syrien Assad, après l'avoir reçu en grande pompe à Paris en 2008 (car il nous était alors indispensable pour stabiliser le Liban, notre protégé historique au Moyen-Orient)", a écrit en amont M.Girard dans un article intitulé "A quoi a servi la diabolisation de Bachar?". L'auteur prévient: "Après la Syrie, Daech s'attaquera au Liban. Car tout ce qui peut ressembler à une société chrétienne libre lui fait horreur. Et, après le Liban, ce sera notre tour". ENTRETIEN LAVROV ET KERRY Le règlement du conflit syrien, l'octroi d'aide humanitaire et la collaboration militaire en Syrie ont été au centre d'une rencontre des chefs de la diplomatie russe et américaine Sergueï Lavrov et John Kerry, tenue en marge de la Conférence de Munich. La rencontre entre le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et le secrétaire d'Etat américain John Kerry a été consacrée au règlement de la crise syrienne dans le contexte de la déclaration adoptée par le Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG) à Munich dans la nuit du 11 au 12 février, a déclaré samedi la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova. "Lors d'une courte discussion, les ministres se sont entretenus sur des projets concernant la réalisation de tous les objectifs du groupe de travail qui s'occupe de l'élaboration des conditions de la mise en place d'un cessez- le-feu en Syrie", lit-on dans le communiqué de Mme Zakharova. Mme Zakharova a précisé aux journalistes que cette rencontre avait eu lieu à l'initiative de la partie américaine. MM. Lavrov et Kerry ont également discuté de la création d'un groupe de travail sous l'égide de l'Onu afin de coordonner l'acheminement de l'aide humanitaire en Syrie. Il s'agit concrètement des livraisons planifiées pour les deux prochaines semaines. Par ailleurs, les ministres ont soulign é la nécessité de mettre en place une collaboration militaire en Syrie afin d'appliquer les accords validés dans le cadre de la réunion de l'ISSG. M. Kerry a qualifié la rencontre d'"excellente" devant les journalistes. La Conférence de Munich sur la sécurité a été fondée en 1963 afin de permettre à des ministres, députés, hauts responsables militaires, scientifiques et représentants des médias d'avoir des échanges informels sur les problèmes de politique étrangère et de politique de défense auxquels l'Europe et les Etats-Unis sont confrontés. Cette année, la conférence se tient du 12 au 14 février. Le premier ministre russe Dmitri Medvedev a pris la tête de la délégation russe. TOUTE INTERVENTION TERRESTRE EN SYRIE SERA DE LONGUE DUREE La Russie s'oppose au lancement d'une opération terrestre en Syrie, car l'implication d'un contingent terrestre étranger entraînera une guerre prolong ée, a déclaré le premier ministre russe Dmitri Medvedev dans une interview accordée à la chaîne Euronews. "J'ai déjà répondu à cette question il y a quelques temps. Cependant, je tiens à le répéter. Personne n'a intérêt à déclencher une nouvelle guerre. Mais l'opération terrestre implique une guerre prolong ée et compliquée. Il faut toujours en tenir compte", a-til souligné. Il a également indiqué que Moscou ne soutenait pas le président syrien Bachar el-Assad en personne, mais agissait en vertu des "relations d'amitié avec la Syrie". "Nous partons du principe qu'à présent, il n'y a aucune autorité légitime en Syrie, sauf celle du président Bachar el-Assad", a relevé M. Medvedev. Et d'ajouter: "Si Assad est écarté de la vie politique dans le pays, la Syrie basculera dans le chaos, tout comme la Libye il n'y a pas longtemps". Ankara et Riyad ont reconnu samedi qu'ils pourraient mener une opération terrestre contre le groupe Daech. "S'il y a une stratégie, alors la Turquie et l'Arabie saoudite pourraient participer à une opération terrestre", a affirmé samedi le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu.