L'espoir d'instaurer un cessez-le-feu en Syrie pour faciliter le règlement de la crise dans ce pays est toujours nourri mais, en même temps, compromet par la situation sur le terrain marquée notamment par la poursuite de l'avancée de l'armée syrienne, au moment où des efforts diplomatiques étaient engagés pour ouvrir des pourparlers de paix. Le groupe de soutien international à la Syrie a convenu à l'issue d'intenses négociations en fin de semaine dernière à Munich (sud de l'Allemagne), d'une "cessation des hostilités" en Syrie dans un délai d'une semaine, insistant sur l'ouverture d'un accès "immédiat" de l'aide humanitaires aux civils, qui fuient les combats, notamment dans la ville d'Alep (Nord). Une étape "importante" pour la communauté internationale, en vue d'obtenir un cessez-le-feu et de regrouper les différentes parties autour de la table des négociations. Mais les derniers développements politiques et militaires risquent de changer la donne, notamment avec l'éventuel lancement d'une opération terrestre étrangère en Syrie. Samedi, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a indiqué que son pays et l'Arabie saoudite "pourraient participer à une opération terrestre" contre le groupe autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech) en Syrie, ajoutant que "l'Arabie saoudite envoie aussi des avions en Turquie, à Incirlik", la grande base militaire du sud du pays. Dans ce contexte, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a mis en garde que "les décisions qui seront prises dans les prochains jours, semaines ou mois peuvent mettre fin à la guerre (...) ou ouvrir la porte à un conflit encore plus large". En outre, le coordonnateur du renseignement américain James Clapper a récemment jugé possible le retour à une forme de "Guerre froide" entre les Etats-Unis et la Russie. Les forces gouvernementales syriennes, appuyées par l'aviation russe sont parvenues à quasiment encercler la ville d'Alep (nord), et progressent vers la frontière turque. La coalition militaire emmenée par les Etats-Unis mène de son côté depuis l'été 2014 des raids aériens contre le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/Daech) en Syrie et en Irak. Moscou s'oppose au lancement d'une opération terrestre en Syrie La Russie a mis en garde qu'un lancement d'une opération terrestre en Syrie par un contingent terrestre étranger entraînera "une guerre prolongée". "Personne n'a intérêt à déclencher une nouvelle guerre. Mais l'opération terrestre implique une guerre prolongée et compliquée. Il faut toujours en tenir compte", a souligné dimanche le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, dans une interview à la chaîne Euronews. "Nous partons du principe qu'à présent, il n'y a aucune autorité légitime en Syrie, sauf celle du président Bachar al-Assad", a-t-il ajouté, précisant que "si Assad est écarté de la vie politique dans le pays, la Syrie basculera dans le chaos". Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a pour sa part, affiché des doutes quant à une mise en application comme prévu d'ici une semaine de l'accord international de "cessation des hostilités" en Syrie conclu vendredi, évaluant à 49 % les chances que celui-ci soit abouti. Pour son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier, auquel la même question a été posée, les chances sont de 51%. Frappes turques contres des positions kurdes et syriennes La Turquie a lancé une campagne de bombardements samedi dans le nord-ouest de la Syrie, visant l'armée gouvernementale syrienne ainsi que des milices kurdes combattant l'organisation autoproclamée "Etat islamique" (EI/Daech). L'armée turque a de nouveau attaqué le territoire syrien, selon une source militaire citée par l'agence RIA Novosti. L'artillerie turque a bombardé la ville de Deïr Djamal dans le nord de la province d'Alep, ainsi que les positions de l'armée syrienne près de la montagne Alia dans le nord-ouest de la province de Lattaquié, selon la même source. A la suite de ces bombardements, les Etats-Unis ont exhorté la Turquie à cesser ses tirs d'artillerie visant des forces armées des Kurdes de Syrie et celles du gouvernement syrien, dans le nord de ce pays. "Nous avons pressé les Kurdes syriens et d'autres forces affiliées aux YPG (les Unités de protection du peuple kurde liées au PYD, le Parti kurde de l'union démocratique) à ne pas profiter de la confusion en s'emparant de nouveaux territoires", a indiqué le porte-parole du département d'Etat, John Kirby. "Nous avons aussi vu des informations concernant des tirs d'artillerie depuis le côté turc de la frontière et avons exhorté la Turquie à cesser ces tirs", a-t-il poursuivi. Le parti des Kurdes syriens (PYD) a pour sa part rejeté ce dimanche les demandes de la Turquie sur "un retrait de ses combattants et des membres des groupes alliés de leurs positions près de la frontière avec la Turquie".