L'inflation en Chine a accéléré nettement en janvier, même si moins fortement qu'attendu par les analystes, dopée par un vif renchérissement des prix alimentaires avant le Nouvel an lunaire, selon des chiffres officiels publiés. La hausse des prix à la consommation, principale jauge de l'inflation dans la deuxième économie mondiale, s'est établie le mois dernier à 1,8% sur un an, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS), au plus haut depuis août et bien audel à des 1,6% enregistrés en décembre. Mais l'accélération de l'inflation s'avère un peu moins marquée que la prévision médiane des analystes sondés par l'agence Bloomberg (+1,9%). De l'avis général, la statistique devait être examinée avec prudence, étant donné les dates variables du Nouvel an chinois qui compliquent les comparaisons. Ainsi la semaine de congés du Nouvel an lunaire est intervenue cette année tout début février, bien plus tôt qu'en 2015, or c'est avant cette période que la demande de viandes, légumes et autres victuailles s'envole en prévision des festins familiaux. "La variation du calendrier signifie que la frénésie d'achats précé- dant le Nouvel an s'est réalisée pour l'essentiel en janvier", observait Chang Liu, analyste du cabinet Capital Economics. Ce qui explique la très forte accélération de la hausse des prix alimentaires (+4,1% sur un an, contre +2,7% seulement en décembre); or il s'agit d'une catégorie poids-lourd dans le calcul de l'inflation. Effet de la vague de froid polaire qui s'est abattue en décembre et janvier sur le pays, les prix des légumes frais se sont envolés de 15% sur un an en janvier, tandis que le prix du porc bondissait de 19%. Pour autant, avertissaient les experts de la banque ANZ, l'inflation devrait commencer à ralentir en mars, à mesure que le sursaut temporaire des prix alimentaires s'estompera. "Dans l'ensemble, la Chine devra probablement faire face à de très fortes pressions déflationnistes sur le reste de l'année" en raison de l'assombrissement économique, ont-ils même estimé, tablant sur une poursuite des assouplissements monétaires menés par Pékin pour stimuler l'activité et la demande. Un reflux de l'inflation pourrait élargir la marge de manuvre de la banque centrale chinoise (PBOC) et ouvrir la perspective à de nouvelles baisses des taux d'inté- rêt et à des réductions supplé- mentaires des ratios de réserves obligatoires imposés aux banques. De fait, les statistiques du BNS publiées jeudi ne contenaient aucun signe d'embellie concernant la conjoncture -- toujours très morose -- du géant asiatique, dont la croissance économique a ralenti l'an dernier au plus bas depuis un quart de siècle. Ainsi, signal inquiétant: l'indice qui mesure l'évolution des prix à la vente à la sortie d'usine (PPI) a reculé en décembre pour le 47e mois consécutif, plongeant de 5,3% sur un an, contre un repli de 5,9% le mois précédent. Cet indice, qui ne cesse de s'enfoncer depuis quatre ans, rappelle les déboires du secteur manufacturier chinois, contraint de sacrifier ses prix de vente dans un contexte de baisse des exportations et de demande intérieure atone. Des pans entiers de l'industrie nationale restent minés par de sévères surcapacités, la stagnation persistante des investissements dans l'immobilier, et les contractions répé- tées de l'activité manufacturi ère.