Le nombre de migrants entrant clandestinement en Hongrie a brutalement augmenté ces derniers jours, a annoncé la police hier. Parmi eux, une part croissante de personnes dont les chances d'asile dans l'UE sont très réduites. Plus de 500 migrants ont été interpellés après être entrés illégalement dans le pays de vendredi à dimanche en franchissant la clôture barbelée érigée aux frontières serbe et croate il y a un an par Budapest, soit presque autant que durant tout le mois de janvier où 550 personnes avaient été arrêtées, selon une statistique officielle. Parmi ces migrants figure, selon la police, une part croissante de personnes originaires d'Afrique du Nord, du Kosovo, du Pakistan ainsi que de Haïti et du Sri Lanka, dont les chances d'asile sont très réduites, contrairement aux ressortissants syriens. VIENNE RENFORCE SES CONTRÔLES Cette poussée coïncide avec l'annonce par l'Autriche, principal pays de transit, d'un renforcement des contrôles à ses frontières et de la mise en place de quotas d'immigration vendredi dernier. Plusieurs pays des Balkans ont durci leurs mesures en conséquence. Budapest était parvenu à tarir le nombre de migrants transitant par son territoire après avoir fermé avec une clôture barbelée ses frontières serbe, mi-septembre, et croate, mi-octobre. Cela avait détourné le flux vers la Slovénie. Auparavant, quelque 300 000 personnes étaient passées par la Hongrie, avec une pointe de 10'046 réfugiés le 23 septembre. Après le fermeture des frontières, seules 270 personnes avaient franchi la clô- ture en novembre. POURSUIVIS EN JUSTICE Au total, 1325 migrants ont été poursuivis devant la justice hongroise depuis septembre pour franchissement illégal de la clôture. Le Premier ministre populiste hongrois Viktor Orban, vivement critiqué à l'étranger lors de l'érection de la clôture, a annoncé vouloir renforcer la défense des fronti ères du pays. La Hongrie a indiqué être prête à clôturer rapidement sa frontière roumaine si le flux devait emprunter celle-ci. INCENDIE DANS UN FUTUR FOYER DE REFUGIES À BERLIN Un incendie s'est déclaré ce week-end dans un futur foyer de réfugiés près de Dresde (est de l'Allemagne), provoquant la joie non dissimulée de badauds présents sur place, quelques jours après un incident dans ce même secteur, selon la police. Ce nouvel incident en Saxe, région d'ex- RDA communiste où les attaques contre les foyers de réfugi és se sont multipliées l'an passé, a suscité l'indignation de plusieurs membres du gouvernement de coalition qui ont dénoncé des actes répugnants et inacceptables. Le sinistre s'est déclaré dans un futur foyer de réfugiés à Bautzen, à l'est de Dresde. Le sinistre, vraisemblablement d'origine criminelle, n'a fait aucun blessé, selon la police. Des badauds, présents devant le bâtiment en flammes, ont salué l'incendie avec une joie non dissimulée. Certains étaient alcoolisés, d'autres ont lancé des propos dédaigneux, a indiqué un porte-parole de la police. Trois personnes ont tenté de gêner l'intervention des pompiers et deux jeunes d'une vingtaine d'années, sous l'emprise de l'alcool, ont été brièvement interpellés pour s'être opposés aux forces de l'ordre qui tentaient de les évacuer des lieux, selon la même source. Il est totalement inacceptable que de gens venus chercher une protection contre les persécutions soient accueillis par la haine, s'est indigné le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière. Ceux qui applaudissent pendant que des maisons brûlent, ceux qui effraient les réfugiés se comportent de façon atroce et répugnante, a condamné le ministre de la Justice, Heiko Maas, sur Twitter. Les racistes (...) sont une honte pour notre pays. Honte à vous!, a twitté Michael Roth, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes. L'incendie de Bautzen survient après les incidents de Clausnitz, au sud de Dresde, jeudi soir, lors de l'arrivée d'un bus conduisant une vingtaine de demandeurs d'asile dans leur nouveau foyer. Des vidéos de ces incidents, largement diffusées sur les réseaux sociaux, montrent notamment un policier saisir un adolescent par le cou pour le sortir sans ménagement du bus, sous les cris d'une centaine de manifestants hurlant rentrez à la maison! ou dehors!. Les manifestants, qui avaient auparavant tenté de bloquer le bus, scandaient Wir sind das Volk! (Nous sommes le peuple!), slogan des manifestations contre les communistes en ex-RDA, mais détourné depuis par le mouvement antir éfugiés Pegida, né à Dresde. Chargée des questions d'inté- gration au gouvernement, Aydan Özoguz a quant à elle estimé que quelque chose ne va pas en Saxe. Evoquant l'attitude des forces de l'ordre, déjà critiquée samedi par les partis d'opposition des Verts et de la gauche radicale Die Linke, Mme Özoguz a jugé profondément choquant que les forces de l'ordre ne protè- gent pas les réfugiés. Environ un millier d'attaques contre des foyers de réfugiés ont été enregistrées en 2015 en Allemagne, dont beaucoup en Saxe, alors que le pays a accueilli l'an passé 1,1 million de candidats à l'asile.