L'économie des Etats- Unis a enregistré une croissance de 1% en rythme annualisé au 4e trimestre 2015, surprenant les analystes qui s'attendaient à bien moins. Le rythme d'expansion d'octobre à décembre représente toutefois un net ralentissement par rapport à la croissance du 3e trimestre (2%), selon la 2e estimation du gouvernement publiée. Cette révision en hausse constitue une bonne nouvelle pour la première économie mondiale même si elle cache des facteurs mitigés. C'est en effet essentiellement l'investissement des entreprises dans les stocks qui a fait gagner des points au produit intérieur brut (PIB). Le gonflement de ces stocks pourrait dans les mois qui viennent peser à nouveau sur l'économie, se sont inquié- tés des analystes. "Cette correction dans le niveau des stocks (...) aura un impact au premier semestre 2016", a commenté Nariman Behravesh de IHS Global Insight. Autre facteur dont a bénéficié paradoxalement l'économie américaine: un recul des importations. S'il signale une plus faible demande des consommateurs, il représente néanmoins un plus pour la croissance, car il réduit le déficit commercial. Ces contributions positives ont largement compensé une révision à la baisse de plusieurs secteurs. Les dépenses de consommation, qui comptent pour deux tiers du PIB, n'ont finalement avancé que de 2% au lieu de 2,2%, selon la 1ère estimation et 3% au 3e trimestre. Pour la Maison Blanche, "les perspectives de consommation restent favorables", car, comme le souligne Jay Shambaugh, un de ses économistes, "une partie du ralentissement était due au climat exceptionnellement doux qui a réduit les dépenses de chauffage". Reflétant la faiblesse de l'économie mondiale et le renforcement du dollar qui rench érit les produits américains, les exportations ont creusé leur ralentissement, chutant de 2,7% au 4e trimestre. Enfin, les dépenses publiques ont présenté un léger recul, surtout au niveau des Etats et des collectivit és locales. Pour l'ensemble de 2015, l'expansion demeure à 2,4% comme en 2014. L'INFLATION ACCELÈRE Mais pour les économistes, l'évaluation de la croissance de fin 2015 constitue déjà un coup d'il dans le rétroviseur qui a été dépassé par d'autres bons indicateurs pour le premier mois de cette année publiés vendredi. Les dépenses des consommateurs ont en effet grimpé en janvier au plus haut depuis huit mois (+0,5%) soutenues par un progrès du même ordre de leurs revenus. "Les consommateurs américains sont sortis en force en janvier (...) Cela présage un vif rebond des dépenses de 3% voire plus, au 1er trimestre", affirme Sal Guatieri de BMO Capital Markets. Pour ce 1er trimestre en cours, de nombreux économistes misent sur un rebond de la croissance autour de 2,5%. Pour l'ensemble de 2016, la Réserve fédérale (Fed) table sur une expansion de 2,4%, comme l'année passée. Mais c'est surtout l'indicateur d'inflation associé aux dépenses de consommation (l'indice PCE), baromètre préféré de la Fed, qui devrait réveiller les marchés. A 1,3% sur un an en janvier, la hausse des prix a soudainement doublé. Cela se rapproche rapidement de la prévision de la banque centrale (Fed) qui mise sur une inflation à 1,6% à la fin de l'année. Sans les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, l'inflation dite sousjacente est remontée à 1,7%, au plus haut depuis juillet 2014. La Fed vise un objectif d'inflation de 2% à moyen terme, un niveau qu'elle estime sain pour l'économie et qui lui permettrait de remonter les taux d'intérêt. "Nous voilà en face de signes aveuglants d'une remontée de l'inflation sous-jacente qui intervient en dépit de l'effet déflationniste du dollar fort", a commenté Paul Ashworth, de Capital Economics qui prévoit que si la Fed va laisser ses taux inchangés à la réunion des 15 et 16 mars, elle devrait les relever en juin. "C'est un coup de semonce pour les marchés", renchérit Harm Bandholz, d'UniCrédit Economics, alors que ceux-ci, se basant sur leurs très faibles anticipations d'inflation, commençaient tout bonnement à évacuer une nouvelle hausse des taux pour 2016.