L'or a connu une semaine agitée, poursuivant jusqu'à mercredi sa consolidation de la semaine précédente en raison d'un regain d'inquiétudes sur l'économie mondiale avant de souffrir de bonnes données américaines vendredi. Jusqu'en milieu de semaine, "les craintes grandissantes de vulnérabilité de l'économie mondiale, combinées à une vague d'aversion au risque aliment ée par la dégringolade des cours du pétrole, ont fourni aux acheteurs d'or une base pour porter les cours vers leurs sommets de (début) février", a observé Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. Le métal jaune a en effet profité d'un afflux d'investisseurs cherchant la sécurité que repré- sente l'or à leurs yeux du fait d'une hausse de l'aversion pour les actifs risqués en Europe et aux Etats-Unis. Le cours de l'once a dans un premier temps été porté par un regain d'incertitudes par l'avenir du Royaume- Uni au sein de l'Union europ éenne (UE) après le ralliement du très influent maire de Londres Boris Johnson au camp des partisans du "Brexit", la sortie de l'UE. Les dissensions entre le Premier ministre conservateur David Cameron et des ténors du parti comme M. Johnson ont accru les incertitudes à quatre mois du référendum sur l'appartenance du pays à l'UE, et renforc é les inquiétudes sur les perspectives économiques britanniques et européennes et sur l'avenir même du projet européen en cas de départ du Royaume-Uni. Puis, "les données économiques décevantes en provenance des Etats-Unis ont de toute évidence joué un rôle dans la hausse des cours", ont relevé les analystes de Commerzbank. La contraction inattendue de l'activité dans le secteur des services en février aux Etats-Unis annoncée mercredi a ainsi été la principale donnée à ébranler la confiance des investisseurs. Le cours de l'once d'or est montée mercredi à 1 253,47 dollars, son niveau le plus fort en deux semaines et se rapprochant d'un sommet en un an atteint le 6 février (1 263,47 dollars). Mais la roue a tourné vendredi après la révision à la hausse de la croissance économique des Etats-Unis au quatrième trimestre, la hausse du produit intérieur brut (PIB) ralentissant finalement moins que prévu selon une deuxième estimation. Ainsi, l'or mais aussi l'argent - vu traditionnellement comme une alternative moins chère au métal jaune - ont ainsi fini la semaine en légère baisse. Du côté des métaux platinoïdes, la tendance a également été à la baisse, surtout sur le palladium, le faisant tomber jeudi à son niveau le plus faible depuis mi-janvier, à 481,38 dollars l'once, repartant en direction d'un plus bas depuis mi-juillet 2010 atteint le 12 janvier dernier (452,20 dollars). "Les ETF de palladium (fonds d'investissements adossés à des stocks physiques) ont continué de subir le désengagement" des investisseurs, ont relevé les analystes de Commerzbank. Ce désengagement "occulte de robustes ventes de voitures dans toutes les régions clef (notamment en Chine, ndlr)", a-t-on souligné chez Commerzbank. L'industrie automobile est en effet un important débouché des métaux platino ïdes. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1 226,50 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1 231,15 dollars le vendredi précédent. L'once d'argent a clôturé à 15,17 dollars, contre 15,37 dollars il y a sept jours. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 928 dollars, contre 941 dollars sept jours plus tôt. L'once de palladium a termin é pour sa part à 492 dollars, contre 507 dollars à la fin de la semaine précédente. LES COURS DES METAUX DE BASE POURSUIVENT LEUR ASCENSION Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont dans l'ensemble poursuivi leur rebond cette semaine, fluctuant toujours au gré de l'humeur des marchés sur la vigueur de la reprise économique mondiale. La reprise des prix des métaux industriels est "impressionnante", notamment du côté du cuivre qui a enregistré des gains considérables après être tombé mi-janvier à un plus bas depuis mi-mai 2006, a observé Julian Jessop, analyste chez Capital Economics. En effet, la tonne de métal rouge, dont le cours est habituellement vu comme le baromètre du marché, était alors tombée à 4 318 dollars, avant d'amorcer un premier rebond que le nouvel accès de turbulences sur les marchés mondiaux et notamment sur les prix du pétrole avait arrêté il y a trois semaines. Le cuivre est ainsi monté vendredi à 4 735 dollars la tonne, son niveau le plus fort depuis fin décembre. Dans l'ensemble, les facteurs soutenant les prix n'ont que peu à voir avec les fondamentaux de l'offre et de la demande, se sont accordés à dire certains analystes. "La reprise des cours des matières premières a été quelque peu accentuée par un accès de faiblesse du dollar (depuis début février, ndlr)" ainsi que par "l'amélioration générale de l'appétit pour les investissements à risque au niveau mondial", a observé M. Jessop. Ce regain d'appétit pour les actifs risqués, comme les métaux industriels, a en particulier été alimenté jeudi par la hausse plus forte qu'attendu des commandes de biens durables aux Etats-Unis en janvier, ont relevé les analystes de Commerzbank. "Mais il y a également un élément fondamental à la récente tendance haussière des cours car il semble que la faiblesse des prix, à laquelle s'ajoute l'approche de la période de pic de la demande du deuxième trimestre, a déclenché des achats de renflouage de stocks, en particulier en Chine", ont expliqué les experts d'UniCredit. Cependant, avec les inquiétudes sur la croissance mondiale toujours élevées, la reprise des cours des métaux de base reste fragile, notamment car l'offre et les stocks de métaux industriels restent élevés. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 4 731 dollars, contre 4 590,50 dollars la semaine précé- dente. L'aluminium valait 1 581,50 dollars la tonne, contre 1 539 dollars. Le plomb valait 1 724 dollars la tonne, contre 1 742 dollars. L'étain valait 15 995 dollars la tonne, contre 15 840 dollars. Le nickel valait 8 635 dollars la tonne, contre 8 400 dollars. Le zinc valait 1 760 dollars la tonne, contre 1 726 dollars.