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Prix du pétrole : Le brut termine en petite baisse à New York
Publié dans Le Maghreb le 05 - 03 - 2016

Les cours du pétrole ont peu évolué jeudi à l'issue d'une séance tranquille, l'actualité n'apportant pas de nouvelles réponses à des investisseurs hésitant entre l'espoir d'une baisse mondiale de production et la réalité d'une surabondance générale.
En hausse de près de deux dollars depuis le début de la semaine, le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril a perdu neuf cents à 34,57 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après avoir, comme les précédentes séances, changé plusieurs fois de direction en cours de journée.
A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, référence européenne du brut, pour livraison en mai a en revanche gagné 14 cents à 37,07 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). "Depuis le rapport d'hier sur les stocks (américains), l'actualité est inexistante ou, du moins, très peu notable", a reconnu Mike Lynch, de Strategic Energy & Economic Research. Certains observateurs voient comme un signe d'optimisme retrouvé le fait que le marché ne se soit pas laissé abattre par l'annonce mercredi d'un bond hebdomadaire de plus de dix millions de barils des stocks américains de pétrole brut. Les investisseurs ont manifestement préféré retenir que la production américaine a baissé pour la sixième semaine consécutive et est désormais tombée au plus bas depuis l'automne 2014. "Je pense que la plupart des (investisseurs) restent juste les bras croisés maintenant, attendant une direction de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de la Russie plutôt que de réagir hardiment aux données volatiles sur les stocks hebdomadaires américains", a jugé Fawad Razaqzada, analyste chez City Index.

Incertitudes
Tombés début 2016 au plus bas depuis douze ans face à la surabondance générale d'or noir, les cours se sont fortement redressés en février après l'annonce d'un accord entre l'Arabie saoudite, membre dominant de l'Opep, et la Russie, pour geler leur offre, mais ils restent à un bas niveau et les marchés semblent désormais attendre des actions plus prononcées des grands producteurs.
"Peut-être que les investisseurs commencent à penser que les cours ont atteint un plancher mais rien ne le prouve vraiment" pour le moment, a prévenu M. Lynch. De nombreux éléments d'incertitudes persistent, comme l'ampleur que prendra le retour de l'Iran, membre de l'Opep en porte-à-faux avec Ryad, sur le marché mondial à la suite de la levée de sanctions contre Téhéran, ou le ralentissement de l'économie en Chine, importateur majeur d'or noir. "La seule raison à la reprise des cours semble être le fait que l'Opep va arrêter d'augmenter sa production", a jugé James Williams de WTRG Economics, en référence à l'accord sur le gel de l'offre, également conclu par le Venezuela et le Qatar, deux membres de l'Opep. "Mais cela ne résout pas le problème ! Il faut baisser la production mondiale d'au moins 1,5 million de barils par jour (mbj), ne serait-ce que pour rééquilibrer l'offre et la demande", a-t-il conclu, tablant sur une rechute imminente sous les 30 dollars le baril.
En Asie, les cours du pétrole hésitaient, partagés entre le bond des stocks de brut américain et le déclin de la production d'or noir aux Etats-Unis, à quoi s'ajoutent les espoirs d'une réduction concertée de l'offre des grands producteurs mondiaux.
Dans les échanges électroniques matinaux, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril prenait cinq cents à 34,71 dollars vers 04H00 GMT. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence européenne du brut, pour livraison en mai, reculait de six cents à 36,87 dollars. "Je pense que le seul signe positif pour le marché en ce moment c'est la production de brut américain", a déclaré l'analyste chez Phillip Futures Daniel Ang. "Quand on regarde ce recul, on se dit qu'on pourrait facilement assister à de nouvelles baisses, y compris de 500 000 barils par jour", a-t-il estimé. Mais pour Daniel Ang, les investisseurs sont devenus indifférents par rapport à la hausse des stocks, indicateur de la morosité de la demande chez le plus grand consommateur de brut au monde.
"Pour que les stocks baissent à plus long terme, il faut que la production baisse. Le marché regarde plus loin en ce moment", a-t-il assuré. Le marché, plombé depuis près de deux ans par la surabondance générale, a été relancé ces derniers temps par un accord sur un gel de l'offre entre l'Arabie saoudite, meneur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et Moscou, qui lui est extérieur, même si les marchés espèrent surtout une vraie baisse de la production. Les analystes doutent cependant que cela ait un impact véritable sur des cours inférieurs d'environ 70% de leurs sommets de la mi-2014. "Cela va être très difficile pour l'Opep de faire plus que, disons geler la production aux niveaux actuels, ce qui n'aura pas grande conséquence sur les marchés", a déclaré l'analyste chez CMC Markets Ric Spooner.

Hausse des stocks américains
Les stocks de pétrole brut ont bondi la semaine dernière aux Etats-Unis bien plus prévu et battu un nouveau record mais la production a poursuivi son recul, selon des chiffres publiés mercredi par le département américain de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 26 février, les réserves commerciales de brut ont progressé de 10,4 millions de barils pour atteindre 518.00 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Bloomberg prévoyaient une progression de 3,4 millions de barils. C'est aussi un peu plus que la hausse de 9,9 millions sur laquelle tablait la fédération American Petroleum Institute (API), dans des estimations publiées la veille, alors qu'elle a récemment eu tendance à faire état de chiffres plus élevés que le DoE. A ce palier, les réserves commerciales américaines de brut restent à un niveau sans précédent depuis le début des statistiques hebdomadaires du DoE, en 1982. En ce qui concerne ses chiffres mensuels, il faut remonter à 1930 pour retrouver un niveau aussi élevé aux Etats-Unis. Elles ont avancé de 16,6% par rapport à la même période de 2015 et sont à "des niveaux historiquement élevés à cette époque de l'année", comme l'a noté le DoE. Les stocks d'essence ont baissé de 1,5 million de barils, comme le prévoyaient les experts de Bloomberg mais de façon un peu moindre que le recul de 2,2 millions annoncé par l'API. Ils restent bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette époque de l'année, et s'affichent en hausse de 6,2% par rapport à la même période en 2015. Les réserves de produits distillés (gazole, fioul de chauffage, kérosène, etc.), ont monté de 2,9 millions de barils, soit un chiffre nettement moins favorable que les estimations des experts de Bloomberg, qui s'attendaient à une baisse de 1,15 million, mais dans la mesure de celles de l'API, qui annonçait une avancée de 2,7 millions. Elles progressent de 33,0% par rapport à l'an dernier et restent au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette période de l'année.

Les raffineries accélèrent
Lueur d'espoir notable dans ces chiffres, la production américaine, très surveillée par les analystes, a reculé pour la sixième semaine de suite, à hauteur de 25 000 barils par jour (b/j), à 9,077 millions de barils par jour (mbj).
Egalement suivies de près, les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, sud), qui servent de référence au pétrole échangé à New York et sont proches de leur niveau maximum de contenance, ont augmenté de 1,2 million de barils à 66,3 millions de barils. Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont monté de 9,9 millions de barils.
Du côté de la demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 19,7 mbj de produits pétroliers, soit 1,1% de moins que l'année précédente à la même époque.
Durant la même période, la demande de produits distillés a chuté de 18,8% et celle d'essence a monté de 6,9%, dans les deux cas sur un an.
Les raffineries américaines ont accéléré la cadence, fonctionnant à 88,3% de leurs capacités contre 87,3% la semaine précédente.

Les groupes pétroliers russes gèleront leur production
Les groupes pétroliers russes se sont engagés à geler toute l'année leur production à leur niveau record de janvier, comme la Russie et l'Arabie saoudite le proposent aux principaux pays exportateurs face à la chute des prix, a annoncé mercredi le président Vladimir Poutine.
Le chef de l'Etat russe avait réuni mardi soir les patrons des principales compagnies pétrolières russes. Il avait indiqué au début de la rencontre qu'elles étaient d'accord sur le principe de stabiliser leur production, mais pas pour la baisser.
"Un accord a été atteint selon lequel nous maintiendrons en 2016 notre production de pétrole à son niveau de janvier de cette année", a déclaré mercredi M. Poutine, cité par les agences russes lors d'une réunion gouvernementale. La Russie a augmenté progressivement sa production ces dernières années, participant à la féroce concurrence entre pays exportateurs pour gagner des parts de marché, à l'origine de l'effondrement des cours à leur plus bas niveau en 13 ans. En janvier, la production a ainsi atteint 10,91 millions de barils par jour (mbj), un record pour la période postsoviétique. Elle a reculé en février de manière infime à 10,88 mbj. Selon les experts, il est difficile pour la Russie de l'augmenter de manière significative à court terme. L'Arabie saoudite et la Russie - deux des plus gros producteurs de brut-- avaient proposé au terme d'une réunion le 16 février à Doha avec le Qatar et le Venezuela, que tous les pays producteurs gèlent leur production à son niveau de janvier afin de soutenir les prix. Malgré le refus de l'Iran, les cours du pétrole sont nettement remontés depuis, soutenus par l'annonce d'une nouvelle réunion à la mi-mars entre l'Arabie saoudite, le Qatar, le Venezuela, tous trois membres de l'Opep, et la Russie. Le ministre de l'Energie Alexandre Novak a assuré mardi que plus de 15 pays producteurs soutenaient l'idée d'un gel du niveau de production, représentant près des trois quarts de la production des pays exportateurs. "Même sans l'Iran, 75% représentent un volume qui permet à cette solution d'être efficace", a-t-il estimé. La dégringolade des cours a plongé la Russie, visée par ailleurs par des sanctions décrétées par les Occidentaux à cause de la crise ukrainienne, dans une récession partie pour se prolonger pour une deuxième année de suite.

L'Arabie augmente ses prix du brut pour l'Asie et l'Europe
L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, a monté ses prix pour le pétrole vendu à l'Europe et l'Asie mais l'a légèrement baissé pour les quantités vendues aux Etats-Unis. La compagnie pétrolière publique Aramco a indiqué que le prix du baril de brut saoudien serait augmenté de 0,25 dollars (0,23 euros) à partir de mars pour l'Asie mais resterait toutefois inférieur de 0,69 euros aux cours du marché. L'Asie dont la Chine en particulier, est le principal marché pour le pétrole d'Arabie saoudite et des pays du Golfe. Le prix du baril de brut saoudien pour l'Europe du nord-ouest sera augmenté de 0,35 dollars (0,32 euros), selon Aramco. En revanche, le royaume saoudien a baissé le prix de tous les types de pétrole exportés vers les Etats-Unis de 0,20 à 0,30 dollars (0,18 à 0.28 euros) pour avril.


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