Ben Carson a officialisé vendredi son départ de la course à l'investiture républicaine pour la Maison Blanche. Le neurochirurgien à la retraite s'était déjà mis en retrait de la campagne présidentielle depuis deux jours. "Même si je quitte la campagne (présidentielle), il y a beaucoup de personnes qui m'aiment, elles ne votent simplement pas pour moi", a déclaré Ben Carson. Il s'est exprimé vendredi lors du CPAC, un grand rendez-vous politique des conservateurs américains. "Je resterai toujours profondément engagé pour tenter de sauver notre pays", a ajouté cet homme qui était le seul candidat noir à l'élection de novembre. Il a été ovationné debout par les plus de 1 000 personnes réunies près de la capitale Washington. Ben Carson avait décidé de ne pas participer au débat républicain jeudi soir, ne voyant pas de "chemin politique pour continuer" sa campagne. Il ne reste officiellement plus que quatre candidats républicains, dont Donald Trump, lequel fait figure de favori. Tout comme le magnat de l'immobilier, Benjamin Carson, 64 ans, n'avait jamais exercé de mandat politique avant de se lancer. Il avait été deuxième des sondages de septembre à début décembre.
Camp républicain divisé "En tant que républicains, nous ne sommes pas les ennemis les uns des autres et nous ne pouvons pas nous permettre de livrer aux démocrates toutes ces munitions", a-t-il lancé avant de quitter la scène. Il faisait allusion aux profondes divisions du camp républicain et des quatre candidats toujours en lice, symbolisées par un débat particulièrement houleux jeudi soir. Le docteur Carson était à la peine dans la course des primaires, après une quatrième place aux consultations de l'Iowa le 1er février. Cette semaine, les primaires du "Super Mardi", dans onze Etats, n'ont fait qu'accentuer sa marginalisation.
Trump revient sur ses promesses Le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump est revenu sur sa promesse de torturer les terroristes et de tuer leurs familles dans une déclaration au Wall Street Journal, affirmant que, s'il était élu, il respecterait les lois. Donald Trump est critiqué, y compris au sein de son propre camp pour ces propositions qu'il avait réitérées jeudi soir lors d'un débat avec ses concurrents pour l'investiture républicaine. J'utiliserai tout mon pouvoir légal pour arrêter ces ennemis terroristes. Je comprends, cependant, que les Etats-Unis sont liés par des lois et des traités et je ne demanderai pas à notre armée ou à d'autres responsables de violer la loi, a écrit le milliardaire au journal. C'est clair qu'en tant que président, je suis lié par des lois comme simplement tous les Américains et j'assumerai ces responsabilités, a-t-il ajouté. Lors du débat télévisé, il avait lancé: Pouvez-vous imaginer ces gens, ces animaux du Moyen-Orient, qui coupent des têtes, assis en train de discuter et voyant que nous avons un problème avec la simulation de noyade ?. Pour justifier ses changements de position sur de nombreux sujets, Donald Trump a vanté jeudi la nécessité pour un dirigeant d'être flexible, lors du débat, affirmant n'avoir jamais vu quelqu'un réussir sans un certain degré de flexibilité. Les propos incendiaires de l'homme d'affaires mettent mal à l'aise une partie de son camp républicain, dont ses rivaux à l'investiture et les cadres du parti l'attaquent désormais frontalement. Mais ils sont appréciés de ses partisans frustrés, entre autres, par l'engagement américain contre le groupe Etat islamique (EI) et d'autres groupes djihadistes au Moyen-Orient.
Camp républicain divisé Ses affirmations sur la torture ont aussi soulevé des critiques d'experts suggérant que le Pentagone ne pourra pas obéir à ses ordres. Plus de 70 experts républicains dans le domaine des affaires étrangères et de la sécurité nationale ont publié jeudi une lettre ouverte dénonçant l'incohérence du candidat. Ces ordres spécifiques sont illégaux, estime Peter Feaver, qui fait partie des signataires et a occupé plusieurs postes concernant la sécurité nationale sous les présidences Bill Clinton et George Bush. Sa promotion d'une utilisation étendue de la torture est impardonnable. Un général à la retraite et ancien directeur de la CIA, Michael Hayden, a lui aussi affirmé que jamais l'armée ne suivrait des ordres illégitimes: Cela violerait toutes les lois internationales sur les conflits armés, a-t-il expliqué dans un entretien télévisé. Le gouvernement Bush a banni en 2006 l'usage de la simulation de noyade (waterboarding) ou d'autres techniques d'interrogatoire poussées, après le scandale suscité par leur utilisation, notamment par la CIA sur des suspects de terrorisme. Beaucoup de ceux qui ont été liés à ces programmes d'interrogatoires (poussés) pendant six ans --et des centaines sont encore ici-- démissionneraient ou se mettraient en retraite plutôt que de revenir sur ce chemin périlleux, a expliqué John Rizzo, avocat de la CIA quand l'agence utilisait ces techniques, au magazine Newsweek. La proposition de Trump de tuer les familles de terroristes a même soulevé davantage d'indignations. C'est un meurtre, a affirmé Eugene Fidell, un expert en justice militaire de la Yale Law School. Le général américain Philip Breedlove, qui dirige les forces de l'Otan en Europe, a expliqué cette semaine que ses collègues européens se demandaient ce qu'allait devenir l'armée américaine si Trump accédait à la Maison Blanche. Ils voient un débat public très différent de ce qu'ils ont eu dans le passé, a-t-il dit.