Pedro Sanchez a échoué vendredi à rassembler une majorité au parlement espagnol pour soutenir le gouvernement de coalition qu'il présentait avec les centristes de Ciudadanos. Le dirigeant socialiste a obtenu le soutien de 131 des 350 députés de la chambre basse. Les conservateurs du Parti populaire (PP) du chef du gouvernement sortant Mariano Rajoy, les élus du parti anti-austérité Podemos, les anciens communistes d'Izquierda Unida et les quatre formations régionalistes basques et catalanes ont voté contre. Un petit parti représentant les îles Canaries a voté en faveur de Sanchez. L'Espagne se trouve dans une situation de blocage politique depuis les élections législatives du 20 décembre qui a vu le PP de Rajoy perdre la majorité absolue dont il disposait. La classe parlementaire se retrouve fragmentée et toutes les tentatives menées jusqu'à présent, notamment par les conservateurs au pouvoir, se sont heurtées à un front du refus. Avec cet échec de Pedro Sanchez, le roi Felipe pourrait demander à un autre candidat d'essayer de réunir une majorité avant le 2 mai, faute de quoi les électeurs espagnols pourraient être à nouveau convoqués aux urnes, probablement d'ici fin juin.
Petit pas Peu avant le vote, M. Sanchez s'était cependant félicité d'avoir au moins atteint "son premier objectif, sortir l'Espagne du blocage" par sa tentative d'investiture. Elle fait courir un nouveau délai à l'issue duquel faute d'investiture, de nouvelles élections législatives seront organisées. Après le vote, M. Sanchez a accusé le dirigeant de Podemos, Pablo Iglesias, d'avoir "trahi les millions d'électeurs qui avaient voté pour le changement", contre la droite au pouvoir depuis 2011. Podemos, qui propose aux socialistes de gouverner en coalition, a voté contre l'investiture de M. Sanchez. Le parti anti-austérité lui reproche son accord de programme avec les centristes de Ciudadanos, parti qu'il juge trop libéral.
Théâtre Ces dernières semaines, les chefs de partis se sont accusés mutuellement de "faire du théâtre" en feignant de négocier et d'être, en fait, déjà entrés dans une campagne électorale virulente. Les partis ont jusqu'au 2 mai pour trouver le moyen d'investir un président du gouvernement et échapper à de nouvelles élections, fin juin. "Soit il y a un gouvernement transversal, soit on va vers des élections", résume le politologue Anton Losada. Selon cet expert, "l'absence de tradition de l'Espagne" en la matière explique les difficultés, après plus de trente ans de bipartisme entre conservateurs et socialistes. Depuis les législatives du 20 décembre, M. Rajoy propose de diriger une grande coalition incluant le Parti socialiste et Ciudadanos qui remet explicitement en cause son leadership et lui reproche de n'avoir jamais "nettoyé" sa formation de la corruption. Vendredi soir, M. Rajoy a vertement reproché aux socialistes et centristes de vouloir "la destruction de l'oeuvre du PP".