64 jours après les élections législatives en Espagne, le gouvernement reste toujours "provisoire". Il s'agit d'un nouveau record: en 1996, José Maria Aznar n'avait été investi premier ministre qu'au bout de 63 jours. L'Espagne a établi dimanche un nouveau record de durée d'un gouvernement provisoire, le pays n'ayant pas de gouvernement officiellement nommé depuis 64 jours, annoncent le médis occidentaux. Le parlement espagnol devrait discuter de la candidature du leader du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) Pedro Sanchez le 2 mars avant de la soumettre au vote le 3 mars. Le rapport des forces au parlement fait que M.Sanchez ne pourra pas obtenir, lors d'un premier vote, la majorité absolue pour devenir premier ministre. Lors d'un deuxième scrutin, qui se déroulera 48 heures plus tard, selon la loi, il lui suffira d'obtenir une majorit é simple. Actuellement, Pedro Sanchez poursuit les négociations avec les diffé- rents partis politiques afin d'obtenir leur soutien. Mais si les négociations avec le parti centriste Ciudadanos (Citoyens) sont pratiquement achevées en sa faveur, le parti de gauche Podemos, qui est théoriquement prêt à le soutenir, se montre réticent. Le leader de Podemos, Pablo Iglesias a soumis un programme sur la base duquel il s'est déclaré prêt à faire partie du gouvernement de M. Sanchez. Un des points de ce programme exige la tenue d'un référendum sur l'indépendance de la Catalogne, ce qui est catégoriquement rejeté par le PSOE. Le Parti Populaire (droite), qui est arrivé en tête des législatives et dispose de 119 sièges au parlement, a plusieurs fois annoncé qu'il ne soutiendrait pas la candidature de Sanchez. Son leader, le premier ministre par intérim Mariano Rajoy, a confirmé samedi qu'en cas d'échec du leader des socialistes, il était prêt à tenter de former son propre gouvernement, en proposant aux socialistes et aux "Citoyens" de former une large coalition avec le Parti Populaire. NEGOCIATIONS ARDUES Les premières négociations à quatre autour des socialistes pour tenter de former un gouvernement en Espagne, deux mois après les élections législatives, ont eu lieu lundi. Elles n'ont produit aucun résultat concret. Le Parti populaire (PP, droite) du président du gouvernement sortant Mariano Rajoy a remporté le scrutin du 20 décembre dernier. Cependant, il a perdu sa majorité absolue à la chambre basse du Parlement qui compte 350 députés. Le PP ayant renoncé à former un gouvernement, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Pedro Sanchez tente à son tour de réunir une majorité, avec Podemos, nouveau venu de la gauche radicale au Parlement, et deux petites formations de gauche. Les premi ères négociations ont duré cinq heures lundi. "Nous nous sommes mis d'accord sur les priorités. C'est un bon départ, il faut maintenant le concrétiser", a déclaré Inigo Errejon, un dirigeant de Podemos lors d'une conférence de presse. Les discussions doivent reprendre mardi soir. Un vote de confiance est programmé pour le 3 mars au Parlement. Des responsables socialistes rappellent que les quatre partis qui négocient n'ont pas ensemble la majorité absolue en siè- ges au Parlement. "Nous nous sommes mis d'accord sur le programme" des négociations, a déclaré le porte-parole du groupe socialiste à la chambre basse, Antonio Hernando. Il a précisé que les grands thèmes n'avaient pas été abordés dans le détail. Pedro Sanchez a aussi rencontré séparément lundi après-midi Albert Rivera, son homologue du parti centriste Ciudadanos, autre nouveau venu au Parlement, pour étudier les alternatives à une coalition de partis de gauche. LE SOUTIEN DE PODEMOS Pour parvenir à un pacte de gouvernement, les socialistes et Podemos devront résoudre leurs divergences sur un certain nombre de sujets comme la question d'un référendum d'indépendance de la Catalogne. Pour être viable, une alliance entre le PSOE et Ciudadanos devrait avoir le soutien de Podemos ou du PP, ce qui semble difficile. Si Pedro Sanchez ne parvient pas à former un gouvernement et que le PP ne parvient pas à présenter d'alternative viable, de nouvelles élections pourraient avoir lieu fin juin. Selon un sondage Sigma Dos publié dimanche dans le quotidien El Mundo, le PP, qui est confronté depuis quelques semaines à des informations relatives à des affaires de corruption, perdrait quatre sièges par rapport à son résultat de décembre. Podemos en perdrait neuf. C'est Ciudadanos qui en gagnerait le plus.