L'or a repris sa marche en avant cette semaine, bénéficiant d'un accès de faiblesse du billet vert et toujours conforté par son statut de valeur refuge malgré un regain d'appétit pour le risque sur les marchés mondiaux. L'once d'or est même montée vendredi vers 14H55 GMT à 1 279,95 dollars, soit son niveau le plus élevé en 13 mois. Le prix du métal jaune bénéficiait notamment du léger affaiblissement du dollar sur la semaine, le billet vert étant reparti à la baisse jeudi face à l'euro après la publication d'indicateurs décevants aux Etats-Unis après avoir ouvert la semaine à la hausse. Alimentant les inquiétudes des investisseurs, les inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis ont en effet légèrement augmenté, alors que les analystes s'attendaient à une faible baisse tandis que l'activité dans le secteur des services a légèrement baissé en février, en particulier la composante emploi de cet indice ISM non manufacturier, qui a atteint son niveau le plus faible en deux ans. Or, la publication vendredi du rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis n'a pas suffi à lever les incertitudes des investisseurs quant au rythme auquel compte procéder la Réserve fédérale américaine (Fed) pour relever ses taux directeurs. Si les bons chiffres des créations d'emploi en février aux Etats-Unis sont pourtant venus confirmer les données robustes sur l'emploi dans le secteur privé publiées mercredi, le marché s'est visiblement focalisé sur la légère baisse des salaires sur un mois révélée par le rapport, ce qui a pénalisé le dollar. La Fed fait en effet de l'amélioration notable et pérenne de l'emploi et de l'accélération de l'inflation les deux éléments déclencheurs d'un resserrement monétaire, lequel a tendance à rendre le billet vert plus rémunérateur et donc plus attractif pour les investisseurs. Or, tout dépréciation du billet vert rend moins onéreux les achats d'or, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. "Le prix de l'or a été galvanisé depuis jeudi par la faiblesse du dollar qui est tombé à un plus bas en une semaine face à l'euro", ont noté les analystes de Commerzbank, qui soulignaient par ailleurs que l'or continuait à engranger des gains malgré le fait que les marchés boursiers mondiaux restaient fermes. "Malgré certains signes de retour de l'appétit des investisseurs pour le risque, il n'y a pour l'instant pas de signe d'un revirement des gains de l'or", a abondé pour sa part Jameel Ahmad, analyste chez FXTM. Selon l'analyste, cela suggère que les investisseurs pourraient être encore tentés de ne pas trop s'éloigner de leurs actifs les moins risqués, sans doute parce que la prudence règne quant aux perspectives de l'économie mondiale en 2016. "Il sera intéressant de voir, cependant, si la ruée actuelle sur l'or peut résister à une amélioration durable du moral (des investisseurs)", a remarqué Connor Campbell, analyste de Spreadex. "Toutefois, avec la menace d'un Brexit (une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne) et le ralentissement économique de la Chine qui se confirme, il y a encore une foule de raisons pour que les investisseurs cherchent quelque chose d'un peu plus sûr alors que l'année avance", a-t-il poursuivi. De son côté l'argent, considéré comme une option alternative bon marché à l'or, s'est également repris cette semaine, accroissant en particulier ses gains à partir de jeudi. L'once de métal gris a ainsi atteint vendredi 15,75 dollars, un maximum depuis le 15 février. La progression du métal gris, comme celle des métaux platinoïdes, était toutefois plus limitée que celle de l'or en raison d'importants flux sortants d'ETF ("exchange-traded fund") sur ces trois métaux, traduisant le désengagement des investisseurs, ont expliqué les analystes de Commerzbank. Les ETF sont des fonds d'investissement adossés à des stocks physiques de métal qui permettent aux investisseurs de bénéficier de l'évolution de l'actif concerné sans pour autant le détenir. Les analystes de Commerzbank se montraient toutefois confiants concernant les perspectives d'évolution des prix du platine et du palladium, estimant que la bonne santé de l'industrie automobile, l'un de leurs principaux débouchés, ainsi que des déficits persistants d'offre, devraient permettre de soutenir les cours. L'once de platine est même montée vendredi jusqu'à 971,65 dollars, au plus haut en quatre mois, tandis que l'once de palladium a grimpé le même jour jusqu'à 553,85 dollars, un maximum en deux mois. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1 277,50 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1 226,50 dollars le vendredi précédent. L'once d'argent a clôturé à 15,43 dollars, contre 15,17 dollars il y a sept jours. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 960 dollars, contre 928 dollars sept jours plus tôt. L'once de palladium a terminé pour sa part à 550 dollars, contre 492 dollars à la fin de la semaine précédente.
Les métaux de base redressent la barre Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont confirmé cette semaine la reprise amorcée depuis la mi-février, s'affichant au plus haut en plusieurs mois, alors que la Chine a annoncé de nouvelles mesures de soutien à son économie. "Au cours du mois dernier, les prix plus élevés des matières premières industrielles comme les métaux de base et le pétrole brut, jusqu'aux métaux précieux, suggèrent que les investisseurs en particulier commencent à reconnaître le caractère profondément survendu de la classe d'actifs matières premières", ont estimé les analystes d'UniCredit. L'optimisme des investisseurs a notamment été entretenu par les nouvelles mesures de soutien annoncées lundi par la banque centrale chinoise (PBOC) à l'activité du premier consommateur de métaux au monde, via un nouvel abaissement des ratios de réserves obligatoires imposés aux établissements financiers. Plusieurs analystes relevaient que cette initiative avait contribué à renforcer la confiance du marché et l'espoir de voir les autorités chinoises annoncer de nouvelles mesures de relance, en particulier durant la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire (ANP), qui s'ouvrira samedi, un rendez-vous politique majeur durant lequel Pékin annonce ses objectifs économiques et son nouveau plan quinquennal (2016-2020). Dans ce contexte, "la pression sur les prix des métaux n'a pas été excessive" à la suite de la publication de statistiques décevantes sur l'activité manufacturière en Chine, qui a enregistré en février son plus fort repli depuis plus de quatre ans, ont noté les analystes de Commerzbank, attribuant en particulier cette résilience au fait que les statistiques ont sans doute été en partie faussées par les festivités du Nouvel an lunaire et aux attentes de voir Pékin procéder à un nouvel assouplissement monétaire et budgétaire. Ces espoirs ont notamment permis aux Bourses asiatiques d'atteindre de nouveaux sommets cette semaine, contribuant à un regain d'appétit pour le risque sur les marchés mondiaux, qui a également profité aux métaux industriels.
Le cuivre aidé par des positions spéculatives Les cours du cuivre ont nettement progressé la semaine dernière, à l'image de ceux des autres métaux industriels, jusqu'à atteindre vendredi 4 933 dollars la tonne, un plus haut en près de quatre mois. Les analystes de Commerzbank ont toutefois souligné que ce mouvement de hausse, qui a permis aux prix du métal rouge de nettement rebondir depuis leurs plus bas multi-annuels atteints mi-janvier, n'était pas uniquement attribuable à un resserrement imminent de l'offre, mais également à des achats à caractère spéculatif. "Selon des chiffres du LME montrant le positionnement des intervenants sur le marché spéculatif, ils ont étendu significativement leurs positions longues nettes (soit leurs achats, ndlr) sur le cuivre la semaine dernière", qui se trouvent actuellement à leur plus haut niveau depuis début novembre, ont détaillé les experts de Commerzbank.
Une embellie de courte durée pour l'aluminium ? L'aluminium a également accru ses gains la semaine dernière, grimpant jeudi jusqu'à 1 595 dollars la tonne, soit un maximum depuis la mi-octobre 2015. Plusieurs analystes relevaient que les cours commençaient à bénéficier des réductions d'offre mises en place ces derniers mois, mais craignaient également que la reprise des prix n'encourage les producteurs, notamment chinois, à augmenter de nouveau leur production. "Selon des sources industrielles, certains fondeurs chinois tirent clairement profit de la reprise des cours et redémarrent des installations de production qui étaient auparavant à l'arrêt", ont rapporté les analystes de Commerzbank, estimant que si la production d'aluminium devait augmenter à nouveau significativement en Chine, cela empêcherait tout gain durable pour les prix. De leur côté, les prix du plomb ont grimpé vendredi jusqu'à 1 848 dollars la tonne, un maximum en plus de deux semaines, tandis que ceux du nickel ont atteint le même jour 9 085 dollars, au plus haut en près de trois mois. La tonne de zinc est montée pour sa part vendredi jusqu'à 1 850 dollars, au maximum depuis près de cinq mois, tandis que celle d'étain a signé le même jour un plus haut depuis la mi-avril 2015, à 16 645 dollars. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 4 922 dollars vendredi, contre 4 731 dollars le vendredi précédent. L'aluminium valait 1 578,50 dollars la tonne, contre 1 581,50 dollars. Le plomb valait 1 848 dollars la tonne, contre 1 724 dollars. L'étain valait 16 610 dollars la tonne, contre 15 995 dollars. Le nickel valait 9 060 dollars la tonne, contre 8 635 dollars. Le zinc valait 1 848 dollars la tonne, contre 1 760 dollars.