Au cours d'un colloque organisé par l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), avec le soutien du Sénat français, intitulé "Algérie : quelles transitions", Fatiha Tahalite, qui est chargé de recherche au Centre de recherches sociologiques et politiques, a indiqué que la situation économique de l'Algérie est une "fenêtre d'opportunités" pour les trois ans à venir en vue de lancer des réformes "irréversibles", estimant que "l'économie refait surface sur le politique". Le Trésor public "a mis la main" sur les ressources financières du pays, a-t-elle ajouté qualifiant cette démarche de "positive", car l'Algérie "a tenu compte des expériences des années 1980 et 1990". Pour elle,l'Algérie a mené, depuis les années 2000, une politique économique orientée vers la neutralisation de la contrainte financière extérieure. Et c'est ainsi qu'elle a soutenu, par aileurs, que les dispositifs mis en place par l'Algérie avaient pour objectif de faire face aux fluctuations et aux bouleversements que pouvait connaître le marché pétrolier. Mais elle a déploré que le marché financier n'ait pas été développé et que les autorités ont "laissé filer", ces dernières années, la dépense publique. Auparavant, l'ancien ministre français, Jean-Pierre Chevènement, a relevé une "embellie certaine" dans les relations franco-algériennes, recommandant qu'il ne faut pas contrarier cet "élan spontané". Dans son allocution d'ouverture de ce colloque de l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), Chevènement, président de l'Association France-Algérie, a indiqué que pour la France, l'Algérie "n'est pas n'importe quel autre pays", mais un partenaire avec une relation "spéciale", déplorant les écrits de médias français qui ne donnent pas une "image juste" de ce pays. En outre, il a souligné le rôle du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans le retour de la paix au pays, après les années du terrorisme, rappelant que l'Algérie "a été seule" à le combattre. Il a mis en exergue que le peuple algérien "aspire à la stabilité", au moment où des zones de turbulence traversent la région et le monde arabe, et "ne souhaite pas être entraîné dans une situation de troubles". Evoquant l'impact de la chute des prix du pétrole, Jean-Pierre Chevènement ne pense pas que "le catastrophisme soit de mise", parce que l'Algérie, a-t-il expliqué, renferme des potentialités. Pour sa part, l'ancien ministre du Commerce, Smaïl Goumeziane, fait constater que l'économie algérienne a été marquée par des effets d'éviction. Il a cité, dans son intervention sur le thème "Algérie, avec la fin de l'Etat providence : quelle situation économique et sociale", l'informel qui "contrecarre" les activités productives nationales, les produits importés qui "dominent" la production nationale et les impôts productifs qui sont "contrecarrés" par l'évasion et la fraude fiscales. Et c'est alors que Smaïl Goumeziane préconise comme solution la mise en place d'un système économique productif se basant sur une économie diversifiée. De son côté, Francis Perrin, président de Stratégies et politiques énergétiques (SPE), directeur de la rédaction de Pétrole et Gaz arabes, a analysé les retombées de la chute du prix du pétrole sur l'économie algérienne en soulignant que l'Algérie se trouve devant un double défi "majeur" qui se manifeste à la fois par la chute "redoutable" du prix des hydrocarbures (pétrole et gaz) et par l'augmentation de la demande de la consommation énergétique nationale. Saluant les mesures prises récemment par le gouvernement en matière budgétaire, il a indiqué que l'Algérie dispose, en dépit de cette situation, de marges de manœuvre, citant notamment son potentiel d'augmenter sa production pétrolière et de valoriser son exploitation, le plan de développement de ses capacités de raffinage et la diversification énergétique (mix et renouvelable). "L'Algérie n'est pas partie à grande vitesse dans le plan de développement des énergies renouvelables, mais elle s'est donnée le temps de la réflexion", a-t-il expliqué, soulignant qu'elle est "loin d'être étranglée financièrement".