La banque centrale chinoise (PBOC) a relevé vendredi le niveau de référence du yuan à son plus haut niveau depuis trois mois face au dollar en berne, alors que le billet vert pâtit de la prudence de la Réserve fédérale américaine. La PBOC a fixé à 6,4628 yuans pour un dollar, en hausse de 0,51% par rapport à jeudi, le taux-pivot autour duquel le renminbi (autre nom du yuan) est autorisé à fluctuer face au billet vert, dans une marge de 2% de part et d'autre. Il s'agit du plus haut niveau depuis décembre. Les investisseurs ont accompagné le mouvement: vers 03H00 GMT, la monnaie chinoise évoluait à 6,4655 yuans pour un dollar sur le marché intérieur, progressant de 0,42% par rapport à jeudi soir. Bien que Pékin continue d'encadrer étroitement la convertibilité de sa devise, le renminbi fait face à une intense pression baissière, reflet des inquiétudes croissantes sur le ralentissement économique de la Chine et des massives fuites de capitaux hors du pays. Mais le yuan profite désormais d'un net accès de faiblesse du dollar, ce qui contribue automatiquement à renforcer la monnaie chinoise. La Réserve fédérale américaine (Fed) a décidé mercredi de laisser ses taux inchangés et révisé fortement à la baisse son attente du niveau des taux en fin d'année, une brutale déception pour les marchés. "Le marché anticipe désormais un nombre plus réduit de baisses de taux (de la Fed) cette année, ce qui amoindrit la pression des flux de capitaux fuyant les marchés émergents, et soutient les monnaies asiatiques --y compris le yuan", commentait Kenix Lai, expert de la Bank of East Asia à Hong Kong. "Mais la PBOC ne va pas pour autant laisser le yuan s'apprécier trop fortement, parce que cela pourrait nuire aux exportations (qui ont déjà plongé ces derniers mois) et aux fondamentaux économiques", a-t-il averti, cité par Bloomberg News. L'administration chinoise chargée du marché des changes a assuré mercredi que "la pression des flux de capitaux transfrontaliers avait ralenti de façon significative" et qu'elle devrait "se stabiliser". Face à l'hémorragie de capitaux, la Chine a tenté d'enrayer la glissade de sa monnaie, jugée bien trop rapide à son goût, puisant ces derniers mois dans ses colossales réserves de changes pour soutenir le renminbi. En août dernier, la Chine avait ébranlé les places financières mondiales en dévaluant brutalement le yuan d'environ 5% face au dollar: une décision largement perçue comme un coup de pouce à ses exportateurs, bien que Pékin s'en soit défendu. La PBOC a de nouveau exacerbé la défiance générale début janvier, en abaissant le taux-pivot de la devise durant huit séances consécutives, laissant redouter une dévaluation rampante. Depuis, Pékin multiplie les propos rassurants, promettant de maintenir le yuan à un "niveau stable".