L'année 2007 s'annonce exceptionnelle pour le groupe Sonatrach. Exceptionnelle aussi pour l'Algérie, quand on sait que 98% des recettes du pays proviennent des revenus des hydrocarbures. Avec 59 milliards de dollars en 2007, l'Algérie réalise un nouveau record en termes de rentrées en devises. Les performances économiques de l'Algérie, qui se diluent dans celles de Sonatrach, rendent ce chiffre annoncé par le ministre de l'Energie et des Mines, d'une importance capitale pour les citoyens. Ces mêmes citoyens se voient plus rassurés quand M. Khelil met en exergue, à partir de Skikda, la "garantie d'exploitation du pétrole pour les 50 années à venir". L'incapacité de l'Algérie à s'affranchir des revenus pétroliers, en mettant sur les rails une économie hors hydrocarbures performante, rend la pérennité de la performance de Sonatrach capitale pour le pays. La position de la compagnie nationale des hydrocarbures sur l'échiquier économique national ne fait que grandir, en témoigne son investissement dans des secteurs autres que ceux relevant de ses métiers de base. En effet, Sonatrach est un acteur de premier plan dans l'ambitieux programme de dessalement d'eau de mer lancé par les pouvoirs publics. En plus d'être actionnaire dans les sociétés de projet en charge de la réalisation des stations de dessalement, Sonatrach est l'acheteur de l'eau dessalée. Sa présence en amont et en aval du processus a été un gage voulu par l'Etat pour crédibiliser le programme et ainsi attirer les investisseurs étrangers dans le concept de "project financing". Sonatrach sert aussi de solide soutien à Sonelgaz dans la réalisation des deux centrales électriques de Terga et Koudiet Eddraouch. Par ailleurs, Sonatrach sert de vitrine dans la promotion du méga gisement de fer de Gara Djebilet. En effet, après l'échec de l'appel d'offres lancé pour l'exploitation de ce gisement, le ministère de l'Energie et des Mines a confié à la compagnie nationale la mission de promouvoir ce gisement afin de trouver un partenaire. Si Sonatrach est sollicité en dehors de ces métiers, ce n'est pas seulement pour les finances mais c'est surtout comme garantie à la bonne concrétisation des projets. Cette implication de Sonatrach dans des secteurs comme le dessalement d'eau de mer, les mines ou la production électrique, prouve qu'en plus d'être quasiment l'unique source de revenus de la nation, elle s'impose également comme l'unique vitrine de l'économie nationale capable de drainer des investisseurs étrangers. Cette nouvelle position a poussé la compagnie à se réorganiser. Dans ce contexte, le PDG de Sonatrach a annoncé récemment la création d'une nouvelle filiale. "Pour mener à bien ses projets hors hydrocarbures, Sonatrach a chargé la direction activités externes de l'activité aval, qui sera reconvertie en filiale de Sonatrach dans les prochains jours, de gérer son portefeuille dans les domaines des mines, de la génération électrique et du dessalement de l'eau de mer pour la production d'eau potable", a indiqué M. Meziane. "Cette filiale disposera ainsi de la flexibilité nécessaire pour assurer la meilleure gestion des projets qui lui seront confiés", a-t-il ajouté. Sonatrach qui devait, à la faveur de la loi sur les hydrocarbures de 2005, se décharger des missions de l'Etat pour se consacrer à son activité de compagnie pétrolière de rang mondiale, se voit contrainte de jouer le rôle de locomotive de l'économie nationale. Un rôle qu'elle assume de surcroît, admirablement.