Les Bourses européennes ont terminé jeudi le premier trimestre de l'année dans le rouge, tirées vers le bas par les banques italiennes et les valeurs télécoms françaises. A Paris, le CAC 40 a perdu 1,34% (59,36 points) à 4 385,06 points. A Londres, le FTSE 100 a cédé 0,46% et à Francfort, le Dax 30 a reculé de 0,81%. L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro et le FTSEurofirst 300 ont abandonné respectivement 1,29% et 1,04%. Sur le trimestre et donc depuis le début de l'année, le CAC recule de 5,43%, le Dax de 7,24% et le FTSE de 1,08%. Tous les indices sectoriels ont fini en territoire négatif, au premier rang desquels ceux de l'énergie (-1,75%), des banques (-1,28%) et des télécoms (-1,23%). L'effet positif sur les marchés de la promesse de la présidente de la Réserve fédérale, Janet Yellen, d'avancer avec prudence sur la voie du resserrement monétaire n'a donc pas duré. Les investisseurs ont pris connaissance dans la matinée de statistiques peu rassurantes sur la santé de l'économie européenne. Le nombre de chômeurs n'a pas varié en Allemagne alors qu'il était attendu en légère baisse. L'inflation est restée négative dans la zone euro et si la croissance de la Grande-Bretagne a été revue en hausse, son déficit courant s'est creusé. Aux valeurs, plusieurs banques italiennes figurent parmi les plus fortes pertes. Banco Popolare cède ainsi 6,42%, Monte Paschi 4,19% et UniCredit 3,06%. Les banques italiennes sont malmenées par les investisseurs depuis le début de l'année en raison des inquiétudes suscitées par l'accumulation des créances douteuses, pour environ 360 milliards d'euros, dans leurs bilans. A Paris, les valeurs télécoms ont souffert dans le sillage de Bouygues, qui a perdu 3,64%, la plus forte baisse du CAC, après avoir annoncé se donner jusqu'à la fin du week-end pour trouver un accord avec Orange sur la vente de Bouygues Telecom. Des sources proches du dossier évoquent des points sensibles encore non tranchés comme le prix de la transaction ou la gouvernance. Contre la tendance, TUI a gagné 4,96%. Le voyagiste a déclaré que les réservations de vacances enregistrées pour cet été étaient supérieures à celles de l'an dernier et s'est dit confiant dans sa capacité à atteindre ses objectifs annuels. Sur le marché des changes, l'euro a poursuivi sa progression face au billet vert, passant la barre de 1,14 dollar pour la première fois depuis octobre dernier. Wall Street évolue en légère hausse à l'heure de la clôture en Europe, les investisseurs jouant la prudence avant la publication, vendredi, des chiffres de l'emploi aux Etats-Unis pour le mois de mars.
Le marché de la dette bouge peu Le marché de la dette en zone euro a très peu bougé jeudi, digérant toujours les propos prudents de la présidente de la Réserve fédérale américaine (Fed), en attendant les chiffres sur l'emploi américain vendredi. "La séance n'est pas très mouvementée, le marché est très calme", résume Jean-François Robin, stratégiste obligataire chez Natixis. "Le marché digère un peu les propos de Janet Yellen (présidente de la Fed, ndlr) et se montre attentiste avant la publication du rapport sur l'emploi américain", poursuit le stratégiste. Les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis devraient en dire plus sur la vigueur de la première économie mondiale et seront comme toujours très importants pour la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). De plus, la baisse des marchés actions "soutient un peu les taux d'emprunt" des pays de la zone euro qui se sont légèrement détendus, a-t-il ajouté. Les indicateurs du jour, dont l'inflation au sein de la zone euro, n'ont pour leur part pas eu beaucoup d'impact sur les mouvements. La baisse des prix à la consommation en zone euro a légèrement ralenti en mars sur un an, à -0,1%, contre un repli de 0,2% le mois précédent, selon une première estimation publiée par Eurostat. Le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a terminé à 0,153% contre 0,156% mercredi à la clôture sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. Le taux de la France a fini à 0,486% contre 0,485%, celui de l'Espagne à 1,437% contre 1,428% et celui de l'Italie à 1,221% contre 1,214%. En dehors de la zone euro, le taux britannique a reculé à 1,415% contre 1,434%.
Wall Street stagne en clôture Wall Street a terminé la séance de jeudi sans direction pour terminer un trimestre très agité sur une petite hausse: le Dow Jones a cédé 0,18% mais le Nasdaq a gagné 0,01%. Selon des résultats définitifs, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a reculé de 31,57 points à 17 685,09 points et le Nasdaq, à dominante technologique, a avancé de 0,55 point à 4 869,85 points. L'indice élargi S&P 500, très surveillé par les investisseurs, a reculé de 4,21 point, soit 0,20%, à 2 059,74 points. "Nous sommes attentistes avant les chiffres (mensuels) sur l'emploi (aux Etats-Unis) demain" vendredi, a déclaré Charlie Bilello, mais globalement, "le marché se tient bien vu la remontée qu'on a vue" ces dernières semaines. Alors qu'il avait dégringolé de 10,5% entre le Nouvel An et le 11 février, les investisseurs étant pris d'angoisse devant le risque de ralentissement généralisé de l'économie mondiale, le S&P 500 s'affiche désormais en hausse de 0,77% depuis le début de l'année, et le Dow Jones de 1,49%. En revanche c'est la première fois depuis 2009 que le premier trimestre calendaire finit sur une baisse pour le Nasdaq (-2,75%). Globalement, "les investisseurs n'ont pas de raison d'être pessimistes pour le moment", a souligné Sam Stovall, chez S&P Global Market Intelligence. "Les gens trouvent encourageant de voir que la Réserve fédérale ne se montre pas être aussi déterminée qu'ils le craignaient" pour mettre en oeuvre une politique de resserrement monétaire, et à la veille de chiffres mensuels sur l'emploi attendus bons, "ils poussent un soupir de soulagement", a précisé M. Stovall. Pour autant, "il y a encore beaucoup de volatilité à attendre", a souligné Nick Colas, chez Convergex. "Le marché doit encore tirer au clair beaucoup de choses", a précisé M. Colas. "Certaines sont assez faciles à comprendre comme les élections américaines, d'autres sont plus compliquées, comme la façon dont les économies développées peuvent repartir de l'avant, ou est-ce que les banques centrales sont à court de munitions", a-t-il dit. M. Bilello notait pour sa part qu'après les chiffres de l'emploi, le marché resterait à l'affût des résultats d'entreprises, espérant que l'affaiblissement du dollar et la reprise des cours du brut puissent leur permettre d'enfin afficher une croissance des bénéfices.
Evolutions faibles Le conglomérat General Electric a cédé 0,13% à 31,79 dollars après l'annonce qu'il demandait à ne plus être considéré comme une institution à risque systémique, à la suite d'un recentrage sur ses activités industrielles et de l'abandon de la plus grande partie de ses activités financières. Le fonds d'investissement BlackRock a reculé de 0,23% à 340,57 dollars. Plusieurs médias ont annoncé qu'il allait supprimer 3% de ses effectifs, soit environ 400 emplois. La chaîne de restauration rapide d'inspiration mexicaine Chipotle, en butte à des problèmes sanitaires à répétition depuis l'an dernier, a gagné 1,03% à 470,97 dollars. Elle a déposé la marque "Better Burger", conduisant de nombreux investisseurs à tabler sur une diversification vers le secteur déjà encombré des hamburgers. Le spécialiste des puces mémoires Micron, attaqué en début de séance, n'a finalement cédé que 0,10% à 10,47 dollars, après avoir annoncé des pertes trimestrielles accompagnées d'une chute de près de 30% de ses ventes, touchées par la saturation du marché des ordinateurs. Le géant de l'aluminium Alcoa a perdu 1,03% à 9,58 dollars après avoir annoncé son désengagement d'un oléoduc en Australie, qui devrait lui rapporter 154 millions de dollars, ou 10 à 15 millions de dollars après impôts. Le marché obligataire était en nette hausse vers 20h20 GMT: le rendement des bons du Trésor à dix ans s'affichait à 1,775% contre 1,822% mercredi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,615%, contre 2,655% précédemment.
L'euro grimpe toujours face au dollar L'euro poursuivait jeudi son ascension face à un dollar toujours affaibli par la prudence de la Fed, la monnaie unique résistant sans difficulté à un chiffre pourtant médiocre sur l'inflation en zone euro. A 21H00 GMT (23H00 HEC), l'euro valait 1,1377 dollar - après avoir atteint vers 14H15 GMT 1,1412 dollar, son plus haut niveau en cinq mois et demi - contre 1,1337 dollar mercredi vers 21H00 GMT. La monnaie unique européenne montait également face à la devise nippone, à 128,11 yens - grimpant même vers 14H30 GMT à 128,22 yens, son niveau le plus élevé depuis le 10 février - contre 127,44 yens mercredi soir. Le dollar montait légèrement face à la devise japonaise, à 112,60 yens contre 112,41 yens la veille. Plus que l'euro en force, "c'est vraiment le dollar qui est faible", a expliqué Kathy Lien, chez BK Asset Management. "Les investisseurs guettent prudemment les chiffres (mensuels) de l'emploi (aux Etats-Unis) de vendredi, et se délestent de leurs dollars" car ils n'en attendent guère de soutien, a-t-elle ajouté. La livre britannique baissait face à la monnaie unique européenne, à 79,22 pence pour un euro, ainsi que, plus légèrement, face au billet vert, à 1,4363 dollar pour une livre. La devise suisse se stabilisait face à l'euro, à 1,0943 franc pour un euro, et montait légèrement face au dollar, à 0,9618 franc pour un dollar, atteignant même vers 15H00 GMT 0,9572 franc, un nouveau plus haut en cinq mois. La monnaie chinoise a fini en nette hausse face au billet vert, à 6,4536 yuans pour un dollar à 15H30 GMT - son niveau à la fin des échanges le plus fort depuis le 10 décembre - contre 6,4683 yuans mercredi à la même heure. L'once d'or a fini à 1 237 dollars au fixing du soir, contre 1 236,25 dollars mercredi.