La plupart des hedge funds (fonds spéculatifs) regarderont l'année 2007 avec la satisfaction d'avoir traversé sans trop de dommages la crise de crédit. Mais 2008 s'annonce bien plus difficile. La principale difficulté va être de trouver des financements à des tarifs compétitifs. Avec les banques ayant elle-même des coûts de refinancement bien plus élevés, et de multiples demandes pour des capitaux devenus rares, cela ne va pas être aussi facile qu'auparavant. La plupart des hedge funds empruntaient des capitaux pour doper leurs rendements. En moyenne, l'endettement est juste inférieur à deux fois les actifs sous gestion. Mais l'effet de levier varie considérablement selon les stratégies. La plus fréquente, sur les actions à long terme, utilise très peu d'endettement. De nombreux fonds d'arbitrage ont en revanche un effet de levier bien plus important. Souvent, il s'agit de financement à court terme, rarement à plus de 90 jours. Jusqu'en août, la compétition entre les établissements prêteurs était telle que les hedge funds n'avaient aucun problème pour trouver de l'argent dans des conditions très favorables, juste quelques points de base au-dessus du taux interbancaire. Peu de banques gagnaient de l'argent en prêtant dans ces conditions, mais elles le faisaient en espérant obtenir des clients pour d'autres activités plus lucratives. Elles cherchaient aussi à gagner des parts de marché. Ces stratégies sont bien plus difficiles à justifier aujourd'hui. Les taux interbancaires à trois mois se sont envolés. Les banques ont elles-mêmes de grandes difficultés à se financer à de telles échéances. Les hedge funds en ont eu un avant-goût en août. Mais depuis, les banques ont continué à être compréhensives avec cette industrie : certaines craignent de voir leur réputation affectée si elles se retirent de ce marché ; elles ont aussi financé les hedge funds pour qu'ils leur reprennent une partie de leurs actifs compromis par la crise des subprimes. Mais cela ne durera pas. Les hedge funds, dont les stratégies d'investissement nécessitent un endettement important ou de parier sur des actifs peu liquides, auront de sérieux problèmes en 2008. La seule solution pour survivre sera d'obtenir des financements à long terme. Il est peut-être déjà trop tard.