La Bourse de Paris scrutera la semaine prochaine la statistique des reventes de logements aux Etats-Unis, devenue l'indicateur fétiche d'investisseurs craignant que la baisse des prix de l'immobilier américain ne lamine un peu plus les créances risquées des banques. Sur la semaine écoulée, réduite à deux jours et demi pour cause de fêtes de Noël, le CAC 40 a prudemment engrangé 0,43% pour finir vendredi à 5.627,25 points, dans un marché paralysé par l'absence de beaucoup d'investisseurs et le retour en force des inquiétudes géopolitiques. L'assassinat de l'ex-Premier ministre pakistanais Benazir Buttho - un attentat-suicide en plein meeting électoral -, a fait plonger le billet vert à 1,47 dollar pour un euro et flamber le pétrole à 97 dollar le baril, des niveaux inconnus depuis un mois. La géopolitique focalise l'attention sur plusieurs fronts, l'armée turque multipliant depuis des semaines les interventions contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dans le nord de l'Irak, quatrième pays au monde pour les réserves pétrolières. La Bourse parisienne est d'autant plus sensible à cet environnement que les grandes sociétés françaises produisant de l'énergie, des matières premières ou des équipements énergétiques ont pris du poids dans les portefeuilles, au terme de leur insolente domination du palmarès boursier 2007. Les progressions annuelles d'EDF (+47%), Alstom (+43%), ArcelorMittal (+72%) ou du producteur de nickel Eramet (+192%) n'ont cependant pas fait oublier les dégringolades de Natixis (-39%) et Crédit Agricole (-28%), du promoteur immobilier Nexity (-44%) ou des groupes de média NRJ (-48%) et TF1 (-35%). Au total, le CAC 40 n'affiche qu'une modeste hausse de 1,54% depuis le 1er janvier, bien décevante après quatre années de vaches grasses en 2006 (+17%), en 2005 (+23%), 2004 (+7%) et 2003 (+16%). La semaine prochaine, le marché parisien devrait revenir à des cadences plus fermes, grâce au retour d'investisseurs éloignés par des fêtes de fin d'année, pendant lesquelles les indicateurs économiques auront continué à pleuvoir. La séance de lundi s'achèvera à 14H00, juste avant la publication aux Etats-Unis du chiffre des reventes de logements, devenu le baromètre le plus suivi par les investisseurs, car il est accompagné d'une estimation de la variation des prix des logements. Les logements servant de garantie aux créances hypothécaires à risques, une baisse trop forte de leur prix en novembre fragiliserait toute la chaîne des créanciers, jusqu'aux banques, qui ont du mal à solder l'aventure. En octobre, les prix des logements avaient déjà accentué leur baisse (-6,1% sur un an contre -4,9% en septembre), selon l'indice S&P/Case-Shiller. C'était le dixième mois consécutif d'un recul qui dépasse les 10% dans les régions les plus touchées. Mais pour Alain Bokobza, de la Société Générale, il serait malvenu de prévoir un futur effondrement: la correction des prix de l'immobilier américain, débutée il y a près de deux ans, est selon lui largement entamée. Ces incertitudes vont continuer à peser sur le CAC 40 au moins jusqu'à la publication des comptes annuels des grandes banques françaises en février ou mars, a averti Stéphane Radiguet, gérant de portefeuille chez Raymond James. "Tant que ne nous ne saurons pas où en sont les banques avec leurs dépréciations comptables (liées aux créances à risques), l'investissement sur les marchés boursiers sera difficile, a expliqué M.Radiguet.