Les cours du pétrole rebondissaient mardi en Asie, évoluant cependant en deçà des plus hauts de l'année à cause des inquiétudes persistantes quant à l'augmentation de la production d'or noir. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin prenait 31 cents à 45,09 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en juillet, gagnait 37 cents, à 46,20 dollars. Après être tombés en février à leur plus bas depuis 2003, les cours ont signé la semaine dernière leur quatrième hausse hebdomadaire, restant proches de leurs records de l'année. Lundi, l'or noir chutait à nouveau, après la publication de données montrant que les exportations irakiennes d'or noir étaient proches des records en avril et que la production iranienne avait atteint ce même mois 3,5 millions de barils par jour, un plus haut depuis décembre 2011. Ajoutant aux inquiétudes des marchés, l'indice de référence Caixin témoignait mardi d'une contraction de l'activité manufacturière en Chine, premier consommateur d'énergie mondial. Fondamentalement, rien n'a changé au niveau de l'offre et de la demande, a déclaré Bernard Aw, analyste chez IG Markets à Singapour. En fait, la situation semble empirer. Tant que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ne prendra pas de mesures concrètes pour limiter la surabondance de l'offre, les cours auront du mal à dépasser le seuil des 50 dollars, a-t-il ajouté.
La réduction des excédents se fait attendre Les cours du brut ont encore baissé par ailleurs, avant-hier à New York, dans un marché pris de doutes sur la forte reprise des cours le mois dernier, alors que les excédents mondiaux ne donnent pas de signe de diminution. Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en juin a perdu 1,14 dollar à 44,78 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a perdu 1,54 dollar à 45,83 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Le marché rend un peu de ce que à mon avis il n'avait pas mérité de gagner la semaine dernière, la quatrième consécutive de hausse, a déclaré Kyle Cooper, chez IAF Advisors. Selon Tim Evans, chez Citi, les marchés du pétrole se sont orientés à la baisse dans une journée tranquille en raison de la Fête du Travail (ndlr: au Royaume-Uni et en Asie), sur la base d'inquiétudes que la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) augmente encore, avec une production iranienne grimpant à 3,4-3,5 millions de barils par jour en avril et des exportations irakiennes apparemment proches d'un niveau record. L'Irak, deuxième plus gros producteur de l'Opep après l'Arabie saoudite, a en effet annoncé dimanche avoir exporté près de 3,36 millions de barils par jour en avril, proches du record de 3,365 millions recensé en novembre, selon l'agence financière Bloomberg News. Parallèlement, aux Etats-Unis, l'activité dans le secteur manufacturier a vu sa progression ralentir en avril, selon l'indice des directeurs d'achat de ce secteur publié lundi par l'association professionnelle ISM. De quoi tempérer les attentes sur la demande en brut, a relevé Tim Evans. Chez ClipperData, Matt Smith a également évoqué les déceptions provoquées par la stagnation du secteur manufacturier chinois, la contraction de ce même secteur au Japon, et le fait qu'au Brésil l'activité manufacturière s'affiche au plus bas depuis plusieurs années. Des chiffres globalement tellement médiocres qu'ils relancent pour certains investisseurs des inquiétudes sur le niveau de la demande mondiale de pétrole. Par ailleurs les experts de Commerzbank estiment la nette augmentation des prix (du pétrole depuis février) suggère qu'il est probable que nous verrons bientôt s'inverser la tendance à fermer des puits de pétrole aux Etats-Unis, ce qui fait craindre une stabilisation, voire une remontée de la production nationale à moyen terme, qui viendrait encore contrecarrer un espoir de rééquilibrage du marché. Mais parallèlement, le dollar est au plus bas depuis le mois d'août face à un panier de devises, et l'affaiblissement du dollar continue à retenir les prix du brut d'une chute plus brutale, a fait valoir M. Smith. En effet, comme les échanges de brut sont libellés en dollars, tout affaiblissement du billet vert favorise les achats d'investisseurs munis d'autres devises. Pour John Plassard de Mirabaud Securities, les marchés pétroliers évoluent en baisse aussi dans un mode de prise de bénéfices assez évident.