Le Sénat brésilien a approuvé jeudi par 55 voix contre 22 l'ouverture d'un procès en destitution de la présidente Dilma Rousseff. Elle doit céder sa place dans la journée au vice-président Michel Temer à la tête du Brésil. La chef de l'Etat sera remplacée par son vice-président Michel Temer le temps que durera le procès, d'une durée maximale de 180 jours. L'organisation de ce procès a été approuvée par 55 sénateurs sur 81, à l'issue d'une séance historique entamée mercredi matin et qui a duré une vingtaine d'heures. Une majorité simple de 41 sénateurs suffisait. La Chambre des députés avait déjà avalisé la procédure de destitution le 17 avril par une écrasante majorité. Au terme du procès en destitution de Mme Rousseff, une majorité des deux tiers, soit 54 voix sur 81, sera nécessaire pour acter sa mise à l'écart définitive. Dans cette hypothèse, Michel Temer assurerait la présidence jusqu'à la fin de son mandat, le 31 décembre 2018. Il devrait annoncer dès jeudi la composition de son gouvernement. Henrique Meirelles, ancien président de la banque centrale, devrait être nommé aux Finances, selon la presse.
Rousseff veut continuer à se battre Dilma Rousseff a été suspendue de ses fonctions jeudi après le feu vert donné par les sénateurs à l'ouverture d'un procès en destitution la visant. Elle est accusée d'avoir maquillé les comptes publics pour faciliter sa réélection en 2014. La présidente brésilienne a appelé les Brésiliens à "se mobiliser" contre le "coup d'Etat" dont elle se dit victime. "J'ai peut-être commis des erreurs, mais je n'ai commis aucun crime", a-t-elle affirmé dans sa première déclaration après le vote du Sénat. "Je n'aurais jamais imaginé devoir lutter une nouvelle fois contre un coup d'Etat", a ajouté Mme Rousseff. Cette dernière, qui a survécu à la torture sous la dictature (1964-1985), a été la première femme élue à la tête du Brésil en 2010. "Dilma, guerrière de la patrie brésilienne!", ont scandé ses ministres et ses parlementaires proches quand elle est apparue. Quelque 500 partisans massés dehors lui ont réservé un accueil semblable lorsqu'elle a fait un deuxième discours devant le palais présidentiel.
"Respect des urnes" "Ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement mon mandat, c'est le respect des urnes, de la souveraineté du peuple brésilien et de la Constitution", a déclaré la chef de l'Etat. Elle a aussi répété qu'elle était victime d'une "farce juridique et politique", et que son gouvernement avait subi "un intense sabotage" mené par son propre vice-président. "Les actes dont on m'accuse ont été pratiqués par tous mes prédécesseurs", a-t-elle relevé. La chef de l'Etat sera remplacée par son vice-président le temps du procès, d'une durée maximale de 180 jours, dont l'organisation a été approuvée par 55 sénateurs sur 81. Une majorité simple de 41 sénateurs suffisait. Au terme de ce procès en destitution, une majorité des deux tiers, soit 54 voix sur 81, sera nécessaire pour acter la mise à l'écart définitive de Mme Rousseff. Dans cette hypothèse, Michel Temer, membre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), assurerait la présidence jusqu'à la fin de son mandat, le 31 décembre 2018.
Nouveau président, mêmes tempêtes à affronter Le vice-président brésilien Michel Temer hérite, en assumant la présidence par intérim d'un pays ébranlé par de multiples crises, des mêmes problèmes que ceux qui ont conduit à la chute de la présidente de gauche Dilma Rousseff. Dans cette débâcle générale amplifiée par le scandale de corruption Petrobras, il pourra compter dans un premier temps sur le soutien des milieux d'affaires et d'une majorité parlementaire pas forcément durable. D'autant qu'il va devoir adopter des mesures de redressement économiques aussi impopulaires que lui. Michel Temer, 75 ans, va hériter en grande partie de l'insatisfaction des Brésiliens contre la politique traditionnelle qu'il incarne, souligne Thiago Bottino, analyste politique à la Fondation Getulio Vargas. Homme d'appareil par excellence, sans charisme, il est peu aimé. Seuls 1 à 2% des Brésiliens voteraient pour lui à une élection présidentielle. Et ils sont presque aussi nombreux à souhaiter son départ et de nouvelles élections qu'à vouloir se débarrasser de Dilma Rousseff et du Parti des travailleurs (PT, gauche) au pouvoir depuis 2003. Il pourra néanmoins s'appuyer dans l'immédiat sur la capacité fédératrice de sa formation, le grand parti centriste PMDB, arbitre de toutes les majorités parlementaires depuis 1994. Contrairement à Mme Rousseff, c'est un habile négociateur. Ses conseillers anticipent un gouvernement au profil technocratique. Mais il aura du mal à faire oublier que son parti a été marié avec le PT pendant 13 ans, pour le meilleur et pour le pire.
Il faut rétablir la crédibilité Le président brésilien par intérim Michel Temer a souligné jeudi l'urgence de rétablir la crédibilité du Brésil, dans son premier discours public après la suspension de la présidente Dilma Rousseff. Il est également urgent de pacifier la nation et d'unifier le Brésil, a déclaré M. Temer, qui prend la tête d'un pays ébranlé par une crise politique historique et la pire récession économique depuis les années 1930. Mon premier mot au peuple brésilien sera le mot +confiance+, confiance dans notre caractère, dans la vitalité de notre démocratie, dans la récupération de notre économie, a déclaré M. Temer après la cérémonie de prise de fonctions de son gouvernement. Il est composé de 23 ministres, tous des hommes, contre 31 dans le dernier gouvernement Rousseff qui comprenait six femmes. Unis, nous pourrons relever les défis de ce moment de grandes difficultés. Il est urgent de pacifier la nation et d'unifier le Brésil, urgent de former un gouvernement de sauvetage national, a-t-il poursuivi. M. Temer a insisté sur la nécessité de prendre des mesures pour rééquilibrer les comptes publics et remettre la septième économie mondiale sur la voie de la croissance. J'ai l'absolue conviction qu'il est nécessaire de regagner la confiance des investisseurs et des travailleurs, a ajouté M. Temer, dans ce discours à forte tonalité économique. L'emploi est fondamental, a-t-il souligné, 11 millions de ses compatriotes étant au chômage. Mais il n'y aura des créations d'emploi que si l'économie fonctionne bien. M. Temer a donné des gages aux populations les plus démunies du Brésil, promettant de ne pas toucher aux programmes sociaux mis en place par la gauche, en 13 ans de gouvernements du Parti des travailleurs (PT). Le Brésil est encore malheureusement un pays pauvre. Je le réaffirme, et en lettres capitales, nous allons préserver les programmes sociaux. Ce sont des projets qui ont bien fonctionné. Nous devons en finir avec cette habitude au Brésil, lorsqu'on assume le pouvoir, de détruire ce qu'ont fait les gouvernements précédents, a-t-il dit. M. Temer s'est en outre engagé à ne pas entraver l'enquête sur le gigantesque scandale de corruption Petrobras, qui éclabousse le PT mais aussi au plus haut niveau sa propre formation, le grand parti centriste PMDB.