Les commandes passées à l'industrie allemande ont grimpé de 1,9% en mars sur un mois, un rebond plus important que prévu grâce à une forte demande de l'étranger, vu par les analystes comme un signe encourageant pour la première économie européenne. Ce rebond en mars, basé sur un chiffre provisoire, est nettement plus prononcé que ce à quoi s'attendaient les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset, qui misaient sur des commandes industrielles en hausse de 0,7%. Celles du mois de février ont été révisées par l'Office fédéral des statistiques (Destatis): elles ont finalement reculé de 0,8%, un peu moins que la baisse de 1,2% initialement annoncée. La progression des commandes en mars est "la plus importante hausse mensuelle depuis neuf mois et est largement au-dessus attentes du marché", a remarqué Johannes Gareis, analyste chez la banque Natixis. Une "bonne nouvelle pour le secteur industriel allemand, après sa performance peu reluisante" des derniers mois, a-t-il commenté. Même si cet indicateur "est trop volatil pour refléter de manière fiable ce qui se passe dans l'industrie, les chiffres d'aujourd'hui esquissent l'espoir que la stagnation observée depuis l'été dernier est en train de se terminer", a estimé de son côté Carsten Brzeski, analyste chez le bancassureur ING. En excluant les grosses commandes, qui pèsent lourdement sur la tendance, l'industrie allemande, connue entre autres pour ses machines-outils et ses voitures, a vu ses commandes progresser de 0,6% en mars sur un mois. Ce rebond en mars s'explique avant tout par une forte progression des commandes passées depuis l'étranger, qui bondissent de 4,3%, grâce notamment à une demande très forte venue des pays hors zone euro (+6,2%). En revanche, les commandes passées depuis l'Allemagne ont reculé de 1,2% sur un mois. Sur l'ensemble du premier trimestre, de janvier à mars, les commandes industrielles ont progressé de 0,5% par rapport au trimestre précédent. Un début d'année "solide", particulièrement au vu des récentes craintes d'un ralentissement généralisé de l'économie mondiale et des difficultés de certains pays émergents, a estimé le ministère allemand de l'Economie dans un communiqué distinct. "Malgré l'environnement économique international trouble, l'industrie allemande a pu enregistrer une hausse sensible des commandes venues de l'étranger", s'est-il réjoui. "Les attentes économiques dans le secteur industriel se sont récemment éclaircies, si bien que l'essor modéré devrait se poursuivre", a-t-il pronostiqué.
Nouveau bond des exportations en mars L'excédent commercial de l'Allemagne a continué à gonfler en mars, porté par une nette progression des exportations et un recul des importations, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés par l'Office fédéral des statistiques Destatis. Par rapport au mois précédent, les exportations ont bondi en mars de 1,9%, à 101,3 milliards d'euros, après une progression de 1,3% en février. Les importations ont elles reculé de 2,3% en mars, à 77,6 milliards d'euros, après une petite hausse de 0,1% en février, toujours en données corrigées des variations saisonnières et calendaires. L'excédent commercial a en conséquence augmenté à 23,7 milliards d'euros, contre 20 milliards en février, arrondit Destatis. Cet excédent constitue "un nouveau sommet historique", pointait dans une note l'économiste de ING-Diba Carsten Brzeski. En données brutes, davantage mises en avant par Destatis mais moins représentatives d'une tendance de fond, le solde de la balance commerciale a augmenté de 20,1 milliards d'euros en février à 26,1 milliards d'euros en mars. Les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset s'attendaient également à une progression mais de moindre ampleur de la balance commerciale de la première économie européenne. Ces derniers mois, les inquiétudes ont commencé à monter en Allemagne, l'un des pays les plus exportateurs du monde, sur les répercussions sur sa propre économie du ralentissement de la croissance dans plusieurs zones du monde, notamment sur de grands marchés émergents comme le Brésil ou la Chine, et de la chute des prix du pétrole, qui réduit les achats des pays producteurs. Mais jusqu'à présent, les récents indicateurs économiques allemands et baromètres de confiance n'ont pas envoyé de signaux très clairs. "La forte augmentation des exportations montre que le ralentissement de l'économie mondiale ne peut avoir été aussi sévère que certains le craignaient au début de l'année", commentait encore M. Brzeski.
La production industrielle recule La production industrielle de l'Allemagne s'est encore repliée en mars, de 1,3% sur un mois, selon un chiffre provisoire et très inférieur aux attentes publié par l'Office fédéral de statistiques Destatis. Les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset ne tablaient que sur un repli de 0,2% sur un mois en mars, en données corrigées des variations saisonnières, calendaires et de prix. Dans le détail, le recul de la production en mars a été tiré à la fois par l'industrie manufacturière (-1,2%) et plus encore par le BTP (-3,2%). En février, la production de l'industrie allemande s'était déjà tassée de 0,7% sur un mois, a précisé Destatis, corrigeant ainsi sa première estimation d'un repli de 0,5%. Mais grâce à un bond inattendu de plus de 3% en janvier, la production industrielle de l'Allemagne ressort toutefois en hausse de 1,8% sur l'ensemble du premier trimestre par rapport au trimestre précédent, a précisé dans un communiqué séparé le ministère allemand de l'Economie. L'industrie, pilier de l'économie allemande, "laisse désormais derrière elle la phase de légère faiblesse, liée à des contraintes extérieures, du deuxième semestre 2015. Les entrées de commandes et le climat des affaires se sont à nouveau développés de manière satisfaisante ces derniers mois", a commenté le ministère dans ce communiqué. Longtemps immunisée contre les turbulences mondiales, l'industrie allemande, fortement exportatrice, a été rattrapée ces derniers mois par les incertitudes entourant notamment les perspectives de croissance des marchés émergents, gros débouchés pour la première économie européenne.