La production industrielle en Allemagne a reculé de 0,5% en mars sur un mois, selon des données provisoires publiées avant-hier, allant à l'encontre des attentes des analystes. Ce repli, le premier en cinq mois, fait suite à une progression de 0,6% en février, un chiffre légèrement relevé par rapport à celui initialement publié par l'Office fédéral des statistiques Destatis. Les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires tablaient seulement pour mars sur un ralentissement de la progression observée les mois précédents, puisqu'ils escomptaient en moyenne une petite hausse de 0,2%. Ce recul inattendu de mars s'explique principalement par une baisse de 2,2% de l'activité dans le bâtiment, qui avait auparavant largement profité d'un hiver très doux. Celle dans l'industrie à proprement parler a aussi diminué, de 0,4%. En revanche, la production énergétique a augmenté de 1,8%. Dans le détail, Andreas Rees de chez UniCredit met en avant que la baisse de la production industrielle n'est pas due aux classiques moteurs industriels allemands. "L'activité dans les secteurs du métal, de l'électrique, des machines et de l'automobile ont tous augmenté, au moins un petit peu. Seule la chimie a perdu un peu d'élan", explique l'économiste. En conséquence, "la faiblesse provient de branches plus petites, qui ne sont pas prédominantes pour déterminer l'évolution future de l'activité industrielle", ajoute-t-il. D'ailleurs, le ministère allemand de l'Economie estime dans un communiqué que "la tendance de fond de la production industrielle reste orientée à la hausse", même si elle s'affaiblit pour l'industrie et encore plus pour le bâtiment. Vu la douceur de la saison hivernale, "le rebond printanier devrait être moins fort qu'habituellement", ajoute-t-il. Les commandes industrielles, qui permettent de se projeter dans l'activité à venir, ont confirmé cette impression mercredi, puisqu'elles ont reculé de 2,8% en mars sur un mois. Mais Carsten Brzeski, économiste chez ING, ne voit dans ces deux indicateurs "aucune raison de s'inquiéter" pour la croissance économique de l'Allemagne du premier trimestre. Ils montrent tout de même deux choses, selon lui: "un, que le conflit en Ukraine et le ralentissement de la Chine pourraient avoir un impact plus fort sur l'économie réelle que les indicateurs de confiance nous le montrent, et deux, que la reprise en zone euro n'est pas (encore) suffisamment forte pour avoir un impact positif sur l'industrie allemande". Sur l'ensemble du premier trimestre 2014, la production industrielle reste néanmoins en solide progression, de 1,2% par rapport au dernier trimestre 2013. "Quasiment tout parle pour une forte croissance économique au premier trimestre. Mais l'économie allemande démarre le deuxième sans grande vigueur", estiment tout de même les analystes de DekaBank. Un avis partagé par Ralph Solveen, analyste chez Commerzbank, qui table sur une croissance d'environ 0,75% du produit intérieur brut au premier trimestre. "Mais un taux bien plus bas est à attendre pour le deuxième trimestre", ajoute-t-il.