Les comptes publics de l'Allemagne ont enregistré un excédent record en 2015, alors que l'économie du pays a connu une croissance modérée tout au long de l'année, a indiqué mardi l'Office fédéral des statistiques, confirmant la progression de 0,3% du PIB au quatrième trimestre. Sur l'année écoulée, les comptes publics du pays, englobant ceux de l'Etat fédéral, des Etats régionaux, des communes et des caisses de sécurité sociale, ont enregistré un excédent d'environ 19,4 mrd EUR, le niveau le plus élevé depuis la Réunification, souligne Destatis dans un communiqué. Cette somme équivaut à 0,6% du Produit intérieur brut (PIB) allemand. En 2014, l'exc édent public avait été de 0,3% du PIB. L'Allemagne se voit donc confortée dans son statut de bon élève budgétaire en Europe, puisque selon les règles de la zone euro, un Etat membre ne doit pas avoir de déficit public dépassant les 3% de son PIB. L'excédent public 2015 a surtout été le fruit de l'excédent budgétaire de l'Etat fédéral, de 10,3 milliards d'euros. Les caisses de sécurité sociale ont aussi été excédentaires, de 4,8%, de même que les comptes des communes (+3,9 milliards d'euros). Les finances des Etats régionaux ont-elles, en revanche été quasiment à l'équilibre (+0,4 milliards d'euros). Ces rentrées d'argent plus importantes que les dépenses doivent en grande partie servir sur l'année en cours à financer l'accueil et l'int égration des réfugiés en Allemagne. Le pays a vu affluer plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015. Mais vu la hauteur de l'excé- dent public de l'année passée, "cela ne devrait pas, au moins à court terme, empêcher un budget à l'équilibre", l'objectif du ministre des Finances Wolfgang Schäuble pour les années à venir, a commenté Stefan Kipar, économiste de BayernLB. Dans un communiqu é distinct, Destatis a confirmé le rythme modéré à 0,3% de la croissance allemande au quatrième trimestre. De 1,7% sur l'ensemble de 2015, la croissance de la premi ère économie européenne a été tirée sur les trois derniers mois de l'année par la consommation intérieure (+0,2%), les dépenses de l'Etat (+1%) et la hausse des investissements (+2,4%). En revanche, le commerce extérieur a freiné la croissance, avec notamment des exportations de biens en recul de 1,7% par rapport au troisième trimestre. Les importations ont aussi diminué, mais dans une moindre proportion. Au total, le commerce exté- rieur dans son ensemble (biens et services) a coûté 0,5 point de croissance. "Les exportations nettes ont baissé (de 0,6%) d'un trimestre sur l'autre pour la premi ère fois depuis 2012", a soulign é Carsten Brzeski, économiste chez ING. L'attention se porte désormais sur 2016 et la capacité de l'économie allemande à continuer de faire preuve de résistance aux turbulences économiques mondiales et à maintenir son niveau d'exportations. Pour l'heure, le gouvernement allemand table sur une croissance de 1,7% en 2016. La chute en février, pour le troisième mois consécutif, de l'indice Ifo, mesurant le moral des entrepreneurs allemands et publié aussi mardi, est venu montrer que les inquiétudes des entreprises s'accroissent face à des prix du pétrole toujours en baisse, le ralentissement économique de la Chine et les difficultés d'autres économies émergentes, à l'instar de la Russie ou du Brésil. NOUVELLE BAISSE DU MORAL DES ENTREPRENEURS Le moral des entrepreneurs en Allemagne s'est de nouveau dégradé en février, de manière plus marquée que ce qu'attendaient les analystes, la majorité des entreprises se montrant désormais pessimistes sur leurs perspectives d'activité, selon le baromètre Ifo publié mardi. Cet indicateur, qui avait déjà dérapé ces deux derniers mois, a été calculé à 105,7 points pour février, son plus bas niveau depuis début 2015, alors qu'il était déjà descendu à 107,3 points en janvier. Vu les fortes turbulences actuelles sur les marchés financiers, les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset s'attendaient à un nouveau recul de ce baromètre mais dans une moindre mesure, puisqu'ils tablaient en moyenne sur un niveau de 106,7 points. "La majorité des entreprises ont été pessimistes sur leurs perspectives d'activité pour la première fois en plus de six mois", a souligné, dans un communiqué, l'institut économique Ifo, qui réalise chaque mois un sondage auprès de quelque 7 000 entreprises. En effet, la composante de l'indice Ifo mesurant les attentes pour les mois à venir est passée sous la barre des 100, descendant à 98,8 points en février, contre 102,3 points en janvier. Les inquiétudes se sont particuliè- rement manifestées dans le secteur industriel, où les attentes d'activité ont connu leur plus forte dégradation sur un seul mois depuis novembre 2008. En revanche, les entrepreneurs allemands se sont montrés un peu plus positifs dans leur évaluation de la situation actuelle en Allemagne. Cette composante du baromè- tre a augmenté, à 112,9 points en février, contre 112,5 points en janvier. Pour Carsten Brzeski, économiste chez ING, les chiffres de l'Ifo sont "un signal d'alarme" pour l'Allemagne. "Comme souvent par le passé, alors même qu'elles sont probablement les entreprises parmi les plus tourn ées vers l'international dans le monde, cela a pris du temps aux entreprises allemandes pour réaliser que le monde en dehors de l'Allemagne avait changé", a estimé l'économiste. Chute des prix du pétrole, ralentissement économique de la Chine, difficultés de nombreux pays émergents devraient provoquer des vents contraires pour l'Allemagne, dont la croissance économique a surtout reposé ces derniers mois sur les dépenses de l'Etat, la consommation privée et la construction, comme l'a rappel é mardi l'Office fédéral des statistiques Destatis, confirmant la croissance de 0,3% du pays au quatrième trimestre 2015.