La présidente de la Fed Janet Yellen a confirmé vendredi que la banque centrale américaine envisageait de resserrer progressivement sa politique monétaire dans les prochains mois, préparant les marchés à une hausse des taux peut-être dès le mois de juin. Mme Yellen qui s'exprimait lors d'un entretien à la tribune de l'Université d'Harvard où elle recevait une récompense pour sa carrière, a indiqué qu'elle s'attendait à ce que le marché du travail continue de s'améliorer et à ce que l'inflation remonte vers l'objectif de 2% de la Fed. Dans ce contexte, "il est approprié, et je l'ai dit par le passé, que la Fed remonte graduellement et prudemment son taux d'intérêt au jour le jour", a expliqué Mme Yellen. "Il est probable qu'il convienne de faire cela dans les prochains mois", a-t-elle ajouté en assurant s'attendre "à ce que l'économie "continue de s'améliorer". Après un début d'année poussif (+0,8% au 1er trimestre), la croissance économique américaine semble "s'accélérer", a-t-elle ajouté. La Fed de New York, l'une des antennes régionales du système de Réserve fédérale américain, a relevé sa prévision de croissance pour le 2eme trimestre à 2,2% tandis que sa consoeur d'Atlanta est plus optimiste à 2,9%. Mme Yellen s'est gardée de promettre que la hausse interviendrait dès la prochaine réunion du Comité monétaire de la Réserve fédérale (FOMC) des 14 et 15 juin mais ses commentaires confirment une éventualité que plusieurs membres de la Fed ont mentionné ces dernières semaines. Une autre réunion monétaire est ensuite prévue les 26 et 27 juillet mais a priori sans conférence de presse de la présidente de la Banque centrale.
Calendrier délicat Le calendrier est délicat pour la Fed qui veut normaliser progressivement sa trajectoire monétaire après sept ans de politique à taux zéro. Alors qu'en Europe et au Japon, les banques centrales suivent une politique opposée en adoptant des taux négatifs pour juguler les risques de déflation et doper l'activité, se profile aussi le risque d'un "Brexit" à l'issue du référendum britannique le 23 juin qui pourrait secouer les marchés. A cela s'ajoute, sur le plan intérieur, une campagne électorale présidentielle qui promet de se durcir encore plus sur le terrain économique surtout si la banque centrale renchérit les taux, une initiative rarement populaire. Un nouveau resserrement du crédit, alors que les taux évoluent actuellement dans la fourchette de 0,25% à 0,50%, serait le deuxième après celui de décembre 2015. La Fed avait alors donné un tour de vis pour la première fois depuis dix ans, après avoir maintenu les taux à zéro depuis la crise financière de fin 2008. Les membres de la Fed prévoient depuis mars au moins deux hausses modestes des taux directeurs en 2016 ce qui les porteraient autour de 0,9% mais les marchés, à travers leurs instruments financiers à terme, sont restés à la traîne n'anticipant qu'une seule hausse. "Yellen nous a tous surpris en parlant de hausse dans les prochains mois. On ne s'attendait pas à ce qu'elle discute de politique monétaire aujourd'hui", a affirmé Chris Low, économiste pour FTN Financial. "Son ton et ses commentaires ont rappelé ceux de Bill Dudley mais ses mots ont plus de poids", a-t-il ajouté. L'économiste faisait référence aux déclarations du président de la Fed de New York la semaine dernière qui avait prévenu qu'il était "raisonnable" de prévoir une hausse des taux en juin ou en juillet. Mme Yellen doit encore prononcer un discours de politique monétaire très attendu le 6 juin. Vendredi, ses courts commentaires prononcés à la veille du long week-end férié du Memorial Day ont immédiatement provoqué une remontée du dollar par rapport à l'euro qui, en milieu de journée, est descendu à son plus bas niveau en deux mois et demi (1,1117 dollar).
Légère hausse de la croissance La croissance économique aux Etats-Unis a été révisée en légère hausse au 1er trimestre, un peu moins que ne l'espéraient les analystes, selon la 2e estimation du département du Commerce publiée vendredi. Le Produit intérieur brut (PIB) américain a progressé de 0,8% de janvier à mars en rythme annualisé et données corrigées des variations saisonnières contre +0,5% pour la première estimation. Les analystes, dans leur prévision médiane, s'attendaient à ce que le gouvernement révise davantage ce chiffre à la hausse, à 1%. Néanmoins, à +0,8%, la croissance de l'hiver dernier est la plus soutenue pour un premier trimestre depuis trois ans. Au 4ème trimestre 2015, l'expansion de l'économie américaine avait été de 1,4%. Cette révision en hausse pour les trois premiers mois de l'année est surtout due au secteur résidentiel, notamment la construction d'immeubles collectifs, qui a progressé plus fortement que prévu (+17,1%). C'est la meilleure performance pour l'immobilier depuis fin 2012. Le secteur a apporté la plus forte contribution à la croissance du trimestre (0,56 point) après la consommation (1,29 point) qui traditionnellement tient le rôle de leader dans l'expansion américaine. La révision reflète aussi une moindre diminution des investissements des entreprises (-2,6% au lieu de -3,5% pour la première estimation), notamment dans les stocks, précise le ministère. Les dépenses des consommateurs ont avancé de 1,9%, une estimation inchangée même si la ventilation de la consommation est un peu différente. Les ménages américains ont consommé plus de biens que précédemment estimé (+0,4% au lieu de +0,1%) et très légèrement moins de services (+2,6% au lieu de 2,7%). La décrue des exportations se révèle également moins sévère qu'estimée à -2% au lieu de -2,6%. Tandis que les importations, qui sont comptées comme un coût pour le PIB, ont ralenti plus fortement qu'initialement évalué à -1,1% au lieu de -0,7%, un repli qui est positif pour les comptes de la nation. L'évolution des dépenses publiques est inchangée à +1,2%, tirée par les investissements des Etats et collectivités locales (+2,9%) qui ont largement compensé la chute des dépenses fédérales (-1,6%). Pour le 2e trimestre en cours, les experts espèrent que l'expansion va se relancer autour de 2%. Plusieurs indicateurs pour avril se sont montrés favorables, notamment dans le secteur immobilier (reventes de logements, ventes de logements neufs et promesses de ventes) mais aussi du côté de la consommation (ventes au détail). La Réserve fédérale (Fed) qui tient une réunion de politique monétaire les 14 et 15 juin a laissé entendre qu'il était possible qu'une hausse des taux d'intérêt soit "pour très bientôt", selon les mots d'un de ses gouverneurs, Jérôme Powell, jeudi. Les marchés guettent de nouveaux indices sur ce point de la part de la présidente de la banque centrale Janet Yellen qui devait participer à une conférence vendredi. Elle doit aussi prononcer un discours le 6 juin. Le ministère du Commerce publiera le 28 juin sa troisième estimation du PIB pour le 1er trimestre. Par ailleurs, le moral des ménages aux Etats-Unis a progressé en mai, mais moins qu'initialement estimé, selon l'estimation finale de l'indice publiée par l'Université du Michigan. Il s'est établi 94,7 contre 89 points en avril et 95,8 points pour la première estimation de mai. Les analystes s'attendaient à ce qu'il s'établisse à 95,5. L'indice concurrent du Conference Board sera publié le 31 mai. En avril il s'était situé à 94,2 points, en léger recul par rapport à mars.