Les dirigeants du G7 ont fait vendredi de la croissance mondiale leur "priorité urgente", à l'issue d'un sommet de deux jours au Japon. La crise des migrants est un problème "mondial" qui doit être traité à l'échelle "mondiale", ont-ils aussi jugé. "La croissance mondiale est notre priorité urgente", ont affirmé dans leur déclaration finale les chefs d'Etat ou de gouvernement des sept pays industrialisés réunis à Ise-Shima, une petite localité côtière du centre de l'archipel. "La croissance mondiale reste modérée et inférieure à son potentiel tandis que les risques d'une croissance faible persistent", indique le communiqué publié à l'issue de la rencontre. Les leaders se sont engagés à éviter toute dévaluation compétitive de leurs devises, en mettant en garde contre les mouvements de change incontrôlés. L'annonce représente un compromis entre le Japon, qui a menacé d'intervenir sur sa monnaie pour empêcher de brusques appréciations du yen, et les Etats-Unis, opposés par principe à toute intervention sur les marchés. Sur les réformes de fond de leurs sociétés et de leurs économies, les sept pays ont dit s'engager "à faire avancer les réformes structurelles pour doper la croissance, la productivité et le potentiel de production et à donner l'exemple en relevant les défis structurels".
Brexit redouté Mais plus immédiatement, une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne à l'issue du référendum prévu le 23 juin serait un risque grave pour la croissance mondiale, ont déclaré les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Allemagne, le Canada et le Japon. "Ce n'était pas un sujet. Mais (...) tous ceux qui étaient assis autour de la table souhaitaient que le Royaume-Uni reste dans l'UE", a dit la chancelière allemande à des journalistes. "Mais la décision revient aux électeurs britanniques", a ajouté Angela Merkel.
Crise migratoire Par ailleurs, la crise des migrants à laquelle fait face l'Europe est un problème "mondial" qui doit être traité à l'échelle "mondiale", ont jugé les dirigeants du G7. En 2015, environ 1,3 million de migrants ont demandé l'asile à l'Union européenne dont plus d'un tiers à l'Allemagne. Bon nombre d'entre eux sont venus de pays déchirés par les conflits comme la Syrie et l'Irak. Pour l'instant, cette année, d'après l'Office des migrations internationales, environ 190 000 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe par la mer, gagnant l'Italie, la Grèce, Chypre et l'Espagne. "Nous nous engageons à augmenter l'aide mondiale pour répondre aux besoins immédiats et à long terme des réfugiés et des autres personnes déplacées ainsi qu'à ceux des communautés hôtes", ont dit les dirigeants des sept pays industrialisés. "Le G7 encourage les institutions financières et les donateurs bilatéraux à renforcer leur aide financière et technique", dit le texte.
La mer de Chine Enfin, les dirigeants se sont dits préoccupés par l'aggravation des tensions maritimes en mers de Chine méridionale et orientale. "Nous soulignons l'importance fondamentale d'une gestion et d'un règlement pacifiques des différends", ont-ils affirmé dans leur communiqué final. Ce texte ne cite aucun pays en particulier mais les tensions se sont aggravées ces derniers temps en mer de Chine méridionale. Pékin la revendique en quasi-totalité et y a construit des îles artificielles, au grand dam de pays comme le Vietnam ou les Philippines. Pékin et Tokyo se disputent âprement la souveraineté de territoires inhabités en mer de Chine Orientale. Pékin avait demandé jeudi au G7 de ne pas se mêler de ses affaires, alors que le président américain Barack Obama rappelait que "la liberté de navigation" devait prévaloir. Le G7 "devrait se concentrer sur ses propres responsabilités et ne pas montrer du doigt (d'autres pays) dans des dossiers qui ne relèvent pas de ses compétences", a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères. "Nous réaffirmons l'importance pour les Etats de présenter leurs revendications et de les clarifier conformément au droit international, de s'abstenir d'actions unilatérales qui pourraient augmenter les tensions et de ne pas user de la force ou de coercition pour tenter d'appuyer leurs revendications", ajoute le G7 après sa réunion à Ise-Shima, dans le centre du Japon.
Surproduction d'acier Les dirigeants du G7 ont appelé à s'attaquer "sans délai" aux surcapacités sidérurgiques mondiales, se disant "déterminés à agir rapidement" de façon coordonnée, et pointant sans la nommer la responsabilité de la Chine, accusée d'inonder le monde d'acier à bas prix. Les surcapacités dans le secteur de l'acier, "constituent un enjeu structurel prioritaire (...) Nous sommes déterminés à agir rapidement et à prendre des mesures pour nous attaquer au problème", ont-ils indiqué dans la déclaration finale de leur sommet de deux jours au Japon. "Nous sommes préoccupés par les subventions et autres aides distorsives pour les conditions de marché, fournies par des Etats et des institutions soutenues par des Etats, visant à favoriser l'expansion des capacités à l'étranger", ont ajouté les sept démocraties industrialisées. Une façon de fustiger Pékin, soupçonné de subventionner largement ses sidérurgistes, souvent des groupes étatiques, via des crédits publics et des rabais de taxes à l'exportation. La Chine produit environ la moitié de l'acier mondial, mais ses aciéristes, minés par le vif ralentissement économique du pays, ploient sous de colossales surcapacités de production, estimées à plusieurs centaines de millions de tonnes. Ils écoulent donc sur les marchés étrangers une partie de leur offre excédentaire --les exportations chinoises d'acier se sont encore envolées de 30% sur un an en mars--, provoquant un plongeon des prix mondiaux et faisant boire la tasse aux sidérurgistes européens et américains. Les membres du G7 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Japon, Italie, Canada et Allemagne) entendent intervenir pour "supprimer les mesures de distorsion", "notamment par des actions coordonnées qui identifient et cherchent à supprimer ces subventions et ces aides". Et d'évoquer la possibilité de mesures de rétorsion: "Nous sommes prêts (...) si nécessaire et conformément aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), à envisager un large éventail d'instruments et de mesures de politique commerciale pour faire respecter nos droits", insiste la déclaration finale du sommet d'Ise-Shima. Déjà, les sidérurgistes européens, qui dénoncent vivement le déferlement d'exportations d'acier chinois, avaient appelé l'Union européenne (UE) à imposer des droits de douane prohibitifs, dans le sillage de Washington. Les Etats-Unis avaient relevé en mars à presque 300% les droits de douane sur les importations chinoises d'acier laminé à froid (utilisé dans l'automobile, notamment). Si la déclaration finale prend soin de ne pas mentionner la Chine, un haut-responsable japonais a reconnu que le géant asiatique avait été largement évoqué lors les discussions. Le Premier ministre nippon Shinzo Abe "a indiqué que (les leaders du G7) devaient rester en communication étroite pour s'assurer que la Chine respecte bien les règles du commerce international", a-t-il rapporté à la presse.