Le gouvernement yéménite a appelé samedi l'ONU à intervenir au lendemain d'un massacre de civils causé par un bombardement des rebelles chiites dans le sud-ouest du pays, théâtre samedi de nouveaux combats meurtriers. Des obus tirés vendredi sur un marché du centre de Taëz ont tué 11 civils, dont deux femmes et une fille, et fait 60 blessés, parmi lesquels plusieurs enfants, dont certains amputés d'un bras ou d'une jambe, selon des sources médicales. D'après des sources provinciales, le marché a été bombardé par les rebelles chiites Houthis qui assiègent certains secteurs de la troisième ville du pays, où vivent quelque 70 000 habitants. Dénonçant un massacre, le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi a exhorté dans un communiqué l'ONU à agir d'urgence pour secourir les habitants de la ville d'un génocide perpétré par les putschistes. Selon l'agence Saba, le ministre yéménite des Affaires étrangères Abdel Malak al-Mekhlafi a adressé un message au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon pour le presser d'agir contre les crimes des miliciens Houthis à Taëz. Malgré la trêve officiellement en vigueur au Yémen depuis le 11 avril, les combats n'ont jamais cessé dans la province de Taëz où s'affrontent les rebelles chiites, accusés de liens avec l'Iran, et les forces gouvernementales soutenues depuis mars 2015 par une coalition arabe sous commandement saoudien. Dans un communiqué, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU a indiqué que Ban Ki-moon condamnait l'attaque à Taëz et réclamait une enquête indépendante pour que ses auteurs rendent des comptes. Le secrétaire général exhorte les parties en conflit à cesser toutes les activités militaires, et regrette que Taëz continue de payer un lourd tribut en pertes civiles en dépit de la cessation des hostilités, a le porte-parole. Dans la banlieue est de Taëz, quatre soldats ont été tués et six blessés samedi dans des affrontements avec les rebelles et leurs alliés, les forces restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, qui contrôlent le secteur, selon des sources militaires loyalistes. Le porte-parole de la coalition arabe, le général saoudien Ahmed Assiri, a par ailleurs critiqué l'ONU pour avoir placé la coalition sur sa liste noire des parties violant les droits des enfants. Dans son rapport annuel sur le sort des enfants victimes de conflits armés en 2015 dans 14 pays, l'ONU a relevé que la coalition dirigée par Ryad était responsable à 60% du bilan de 785 enfants tués et de 1.168 mineurs blessés au Yémen. Ce rapport de l'ONU n'est pas équilibré et n'est pas précis, a commenté le général Assiri dans une déclaration publiée samedi par le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat. Il ne sert pas (les négociations de paix) à Koweït et complique la mission du médiateur de l'ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a ajouté le porte-parole de la coalition. Ces pourparlers de paix qui se déroulent depuis le 21 avril visent à mettre fin à un conflit qui a fait plus de 6 400 morts depuis mars 2015 et déplacé 2,8 millions d'habitants, selon l'ONU.