Les Bourses européennes ont terminé jeudi en baisse, tirées vers le bas par les valeurs liées aux ressources de base sous l'effet de la vigueur du dollar, et par la chute de Bayer après l'offre du groupe allemand sur Monsanto. À Paris, le CAC 40 a perdu 0,85% (36,76 points) à 4 282,54 points. Le Footsie britannique a cédé 1,82% et le Dax allemand 1,48%, tandis que l'indice EuroStoxx 50 a fini en recul de 1,26% et le FTSEurofirst 300 de 1,15%. Wall Street était aussi orientée à la baisse, d'environ 1%, au moment de la clôture en Europe. Le compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale a pris les investisseurs par surprise en révélant que les responsables de la Fed envisageaient clairement un nouveau relèvement des taux aux Etats-Unis dès le mois de juin. La publication de ces "minutes" a provoqué un brusque raffermissement du dollar, qui se traitait jeudi, au moment de la clôture européenne, juste au-dessus de 1,12 pour un euro. La hausse du billet vert renchérissant le coût des matières premières, l'indice des valeurs de l'énergie a perdu 2,66% et celui des ressources de base 2,58% avec notamment -5,80% pour ArcelorMittal, de loin la plus forte baisse du CAC 40. Le secteur de la chimie a chuté encore plus lourdement, de 2,8%, plombé par Bayer, qui a dévissé de 8,20%, le plus fort recul de l'EuroStoxx 50, pour retomber à ses niveaux d'octobre 2013. Le géant chimique et pharmaceutique allemand, qui a aussi pâti d'un abaissement de recommandation de Natixis, a soumis une offre préliminaire de rachat de l'américain Monsanto, numéro un mondial des semences, une opération qui ne convainc pas les investisseurs. La séance a été encore plus rude pour le voyagiste britannique Thomas Cook, qui a plongé de 19,05%, après avoir annoncé une baisse de 5% des réservations pour les vacances d'été. Contre la tendance, Technip a bondi de 6,31%, plus forte hausse du Stoxx 600, après l'annonce de son projet de fusion avec l'américain FMC Technologies. Avec la hausse du dollar, les cours du pétrole rechutent. Le baril de Brent de la mer du Nord perd près de 2% sous les 48 dollars.
Le marché de la dette tourne au ralenti Le marché de la dette en zone euro a très peu bougé jeudi, dans un environnement incertain, marqué notamment par des spéculations sur le calendrier de relèvement des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) et le risque d'un Brexit. A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne a terminé à 0,170% contre 0,168% mercredi à la clôture sur le marché secondaire où s'échange la dette déjà émise. Le rendement de la France a peu bougé à 0,505% contre 0,511%, celui de l'Espagne à 1,593% contre 1,600%, et celui de l'Italie est resté inchangé à 1,494%. En dehors de la zone euro, le taux du Royaume-Uni a fini à 1,439% contre 1,438%. Aux Etats-Unis, le marché obligataire avançait légèrement. Le rendement des bons du Trésor à dix ans reculait à 1,846% contre 1,853% mercredi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,635% contre 2,659% auparavant.
Wall Street finit en baisse Wall Street a baissé jeudi, plusieurs éléments poussant les investisseurs à redouter que la Réserve fédérale (Fed) reprenne prochainement le fil de son resserrement monétaire: le Dow Jones a perdu 0,52% et le Nasdaq 0,56%. Selon des résultats définitifs, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a cédé 91,22 points à 17 435,40 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 26,59 points à 4 712,53 points. L'indice élargi S&P 500 reculait de 7,59 points, soit 0,37%, à 2 040,04 points. "Les responsables de la Fed n'arrêtent plus de répéter que les marchés ne prennent pas assez au sérieux la menace d'une hausse de ses taux", ce qui commence à inquiéter Wall Street, a résumé Alan Skrainka, de Cornerstone Wealth Management. Encore jeudi, le président de la Fed de New York, William Dudley, a estimé "raisonnable de prévoir" un relèvement des taux d'intérêt en juin ou juillet si l'économie américaine continuait de croître. Ces propos, assez marquants pour les investisseurs car M. Dudley est souvent attentiste sur le sujet, ne font qu'enfoncer le clou au lendemain de la publication du compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de l'institution, qui remontait à la fin avril. Alors que les investisseurs commençaient à ne plus envisager de hausse de taux avant la fin de l'année, le contenu de ce document montre clairement que les membres de la Fed n'excluent pas de durcir la politique de l'institution dès juin, là encore si l'état de l'économie le permet. Or, sur ce dernier plan, "cela fait plusieurs semaines que de bons chiffres sont publiés et c'est encore le cas aujourd'hui", a souligné Peter Cardillo, économiste en chef chez First Standard Financial, évoquant un repli des inscriptions hebdomadaires au chômage et une amélioration de l'indice composite de plusieurs indicateurs pour le mois dernier. Certains observateurs notaient par ailleurs que le ton plus offensif de la Fed avait provoqué un renforcement du dollar, ce qui pèse en retour sur Wall Street en inquiétant les exportateurs et les multinationales.
Wal-Mart bondit Parmi les valeurs, l'agrochimiste Monsanto, avec qui l'allemand Bayer a entamé des discussions en vue d'une fusion, a avancé de 3,52% à 100,55 dollars. Wal-Mart, numéro un mondial de la distribution, a bondi de 9,58% à 69,20 dollars après avoir dépassé les attentes au premier trimestre, rassurant quelque peu sur la santé de la consommation, premier moteur de la croissance américaine. L'équipementier en télécoms et réseaux Cisco s'est adjugé 3,18% à 27,57 dollars après avoir dépassé les attentes dernier trimestre, malgré une légère baisse de son chiffre d'affaires. L'éditeur de logiciels Salesforce, qui a fait part d'un bond de son chiffre d'affaires et de son bénéfice net trimestriels, a progressé de 4,14% à 81,09 dollars. La chaîne de magasins de vêtements American Eagle Outfitters s'est envolée de 18,30% à 15,84 dollars, après l'annonce de ventes et de bénéfices en hausse au dernier trimestre. Egalement dans le secteur, Urban Outfitters a gagné 13,91% à 28,01 dollars après avoir réussi à inscrire ses ventes comparables dans le vert au dernier trimestre.
Le Nikkei finit quasi inchangé L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo, en nette hausse jeudi à l'ouverture grâce à la remontée du dollar, a finalement fini quasi inchangé, la prudence prévalant à la veille d'un G7-Finances au Japon et sur fond de repli des cours du pétrole. A l'issue des échanges, l'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes a affiché un très maigre gain de 1,97 point (+0,01%) à 16 646,66 points, alors qu'il était monté dans la matinée jusqu'à 16 841,04 points (+1,18%). Le recul en journée d'autres places en Asie a aussi pesé, selon des courtiers. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a cédé pour sa part de 0,14% (-1,82 point) à 1 336,56 points. Les ministres des Finances et banquiers centraux des 7 nations les plus riches (G7) se sont réunis à Sendai (nord-ouest de Tokyo) hier et aujourd'hui pour discuter de l'évolution de l'économie mondiale et des fluctuations des monnaies. Cette réunion précède d'une semaine le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, organisé les 26 et 27 mai à Ise-Shima (centre). "De nombreuses incertitudes économiques demeurent dans le monde. La façon de coordonner nos efforts sera au centre des débats", a expliqué mardi le ministre japonais des Finances, Taro Aso, alors que l'archipel lui-même peine à relancer son activité.
Suzuki remonte Jeudi, sur les 225 composantes du Nikkei, 121 ont baissé, 95 monté et 9 stagné. Parmi les baisses les plus notables, figuraient les groupes pétroliers, Inpex perdant 5,89% à 852,70 yens et JX Holdings 2,76% à 422,8 yens. Les fabricants de matériaux ont aussi souvent été délaissés, comme Mitsubishi Material (-3,10% à 313 yens) ou Nippon Paper (-2,80% à 1 944 yens). Les compagnies d'assurances avaient au contraire les faveurs des acheteurs: +2,80% à 1 375 yens pour Daiichi Life Insurance et +1,92% à 1.034 yens pour T&D Holdings. L'action Suzuki a de son côté terminé à 2.705,50 yens, en hausse de 3,54% après avoir perdu près de 10% mercredi du fait d'irrégularités de tests d'automobiles. Contrairement à son compatriote Mitsubishi Motors, aux prises avec un scandale de fraude qui a entraîné l'annonce mercredi de la démission du patron, le groupe Suzuki jure ne pas avoir intentionnellement embelli les chiffres. Le titre Mitsubishi Motors a cédé quant à lui 3,05% à 539 yens. Dans le même secteur toujours très en vue, Toyota a abandonné 0,78% à 5 494 yens alors que Nissan, qui s'est posé en sauveur de Mitsubishi Motors, a pris 0,10% à 1 036 yens. Du côté de l'électronique, Sony, dont les comptes sont défavorisés par la remontée du dollar, a perdu 2,09% à 2 882,50 yens mais Panasonic a augmenté de 0,20% à 965 yens.