La production industrielle britannique a enregistré une hausse surprise de 2% en avril sur un mois, dopée notamment par sa composante manufacturière, a annoncé l'Office des statistiques nationales (ONS). Les économistes s'attendaient en moyenne à une stagnation, d'après un consensus établi par l'agence Bloomberg. La composante manufacturière de la production industrielle a bondi de 2,3%, sa hausse la plus dynamique depuis juillet 2012, tirée entre autres par le secteur pharmaceutique. Parmi les autres grandes composantes de la production industrielle, la production d'électricité et de gaz a bondi de 3,9% et le secteur de fourniture et d'épuration d'eau a augmenté son activité de 1,0%. La production du secteur des matières premières a légèrement diminué en revanche de 0,3% en raison d'un repli de l'extraction pétrolière en mer du Nord. En comparaison annuelle, la production industrielle a grimpé de 1,6% en avril. Ces données vont à l'encontre d'une série de statistiques publiées depuis le début de l'année, laissant apparaître un refroidissement de l'activité au Royaume-Uni, dont la croissance au premier trimestre a ralenti à 0,4% par rapport au précédent - le tout dans un contexte d'incertitudes liées au référendum du 23 juin sur le maintien ou non du pays dans l'Union européenne. "La forte hausse de la production industrielle en avril va apporter au produit intérieur brut un soutien dont il avait bien besoin au deuxième trimestre, mais les fondations de cette reprise semblent fragiles", a estimé Samuel Tombs, analyste chez Pantheon Macroeconomics. Cet économiste a attribué une partie du rebond à un temps inhabituellement frais en avril - favorable à la production électrique - et à la faiblesse de la livre - de bon augure pour les exportateurs. Il a souligné qu'un tiers de la progression de la production manufacturière était dû au secteur pharmaceutique, particulièrement volatile. "Les manufacturiers vont subir l'impact de la remontée de la livre après le référendum, si le Royaume-Uni reste dans l'UE, ou celui de moindres investissements en cas de sortie. Les études auprès des professionnels continuent d'indiquer un repli productif, il est donc trop tôt pour conclure que les données d'avril marquent un coup d'arrêt au déclin du secteur industriel", a conclu M. Tombs. Les économistes sont divisés sur l'impact des incertitudes liées au référendum du 23 juin sur l'activité du printemps mais la majorité d'entre eux prévoient un impact négatif sur la croissance, au moins à court terme, en cas de "Brexit".
120 000 emplois perdus L'industrie pétrolière et gazière du Royaume-Uni aura perdu quelque 120 000 emplois directs et indirects entre 2014 et la fin 2016 du fait de la chute des prix de l'or noir, a déploré la fédération professionnelle du secteur. L'exploitation des gisements en mer du Nord représentait quelque 450 000 emplois en 2014, année où le nombre d'employés a atteint son pic, a expliqué Oil & Gas UK dans un communiqué. Cela recouvrait les emplois directement concernés par l'extraction pétrolière et gazière, mais aussi les emplois indirects générés pour les fournisseurs jusqu'à ceux de services de restauration et d'hôtellerie entourant l'activité. Mais les cours de l'or noir ont plongé depuis, passant de plus de 100 dollars le baril à quelque 50 dollars actuellement. Le baril de Brent de la mer du Nord, qui sert de référence européenne pour le brut, a même atteint un plancher de 27,10 dollars le 20 janvier, avant de remonter quelque peu. D'après Oil and Gas UK, quelque 84 000 emplois ont disparu en 2015 et environ 40 000 autres devraient avoir été supprimés en 2016, les compagnies s'efforçant de comprimer leurs coûts pour rester rentables dans cette nouvelle conjoncture tarifaire - un défi particulièrement ardu en mer du Nord où les gisements, matures, sont particulièrement onéreux à exploiter. La directrice générale de la fédération, Deirdre Michie, a d'ailleurs souligné que le prix moyen de production d'un baril de pétrole en mer du Nord était passé de 30 dollars en 2015 à 17 dollars cette année. Nous ne pouvons sous-estimer l'impact que la chute des cours mondiaux entraîne sur l'économie britannique, ni les conséquences pour les personnes qui ont perdu leurs emplois ainsi que pour leurs familles, a-t-elle expliqué. Nous faisons le maximum pour les soutenir, travaillons avec les autorités britanniques et écossaises pour proposer des emplois alternatifs, et coopérons aussi avec les syndicats en ces temps difficiles, a ajouté la directrice. Le secteur ne comptera plus que 330 000 emplois directs et indirects à la fin 2016 et Mme Michie a souligné que pour les préserver, le secteur devait pouvoir susciter de nouveaux investissements, tant dans l'exploration de nouveaux gisements que dans le développement des sites existants. Le secteur estime à quelque 20 milliards de barils équivalent pétrole la quantité d'hydrocarbures encore enfouies sous les fonds britanniques de la mer du Nord.