Des tirs ont retenti hier à Juba, où des soldats gouvernementaux et d'anciens rebelles s'affrontaient de nouveau à la périphérie de la capitale sud-soudanaise, a déclaré la mission locale de l'ONU. Coups de feu, échanges de tirs nourris de nouveau près de la Maison de l'ONU. Continuent depuis hier matin, a rapporté la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) sur son compte Twitter. Ces combats interviennent deux jours après des affrontements qui ont fait plus de 150 morts dans la ville, selon les ex-rebelles, à la veille du 5e anniversaire de l'indépendance du Soudan du Sud, dernier né des Etats de la planète. Les Nations unies gèrent un camp de déplacés victimes de la guerre civile qui oppose depuis décembre 2013 les forces fidèles au président Salva Kiir et celles de son rival, le vice-président Riek Machar. Des soldats des deux camps sont stationnés près du camp de l'ONU. Des habitants de la zone se sont réfugiés dans l'enceinte alors que l'ONU faisait état de tirs de mortiers, de lance-grenades et d'armes lourdes. Un porte-parole de M. Machar a rejeté la responsabilité de ces nouveaux combats sur les soldats gouvernementaux. Nos forces ont été attaquées sur la base de Jebel, a déclaré James Gatdet Dak, affirmant que l'assaut avait été repoussé. Nous espérons qu'il n'y aura pas d'escalade, a-t-il dit. Les violences, les premières à Juba depuis la signature d'un accord de paix en aout 2015 entre MM. Kiir et Machar, ont débuté jeudi avec un accrochage entre forces des deux camps qui a fait cinq morts parmi les soldats gouvernementaux. Les affrontements avaient repris vendredi soir, faisant, plus de 150 morts, selon un porte-parole de Riek Machar, Roman Nyarji. Ils s'étaient ensuite calmés à la suite d'un appel conjoint des deux rivaux. Dans le cadre de l'accord de paix de l'an dernier, M. Machar est revenu, avec un fort contingent d'hommes armés, en avril à Juba où il a été réinstallé vice-président et a formé avec M. Kiir un gouvernement d'union nationale. Mais sur le terrain, les hostilités se poursuivent dans plusieurs régions. Par ailleurs, la tension était toujours vive samedi à Juba pour le cinquième anniversaire de l'indépendance du Soudan du Sud, après deux jours d'affrontements sporadiques. Les heurts pourraient avoir fait de nombreux morts dans la capitale d'un pays déchiré une guerre civile. Vendredi soir, des tirs d'armes automatiques et d'artillerie ont été entendus en plusieurs lieux de la capitale pendant une demi-heure, au moment où le président Kiir et le vice-président Machar préparaient un communiqué commun sur un premier incident survenu la veille. Cinq soldats fidèles au président Kiir avaient alors été tués lors d'un échange de coups de feux avec d'anciens rebelles. Selon une source au sein des forces de sécurité et qui a requis l'anonymat, les violences de vendredi soir, qui se sont calmées à la tombée de la nuit, ont fait "des dizaines de morts" parmi les soldats. Des médias locaux ont avancé un bilan beaucoup plus lourd. Plus de 150 soldats ont été tués a affirmé avant-hier de son côté un porte-parole des ex-rebelles.
Appel au calme Ce regain de violence à Juba s'est produit au moment où le Soudan du Sud marque le cinquième anniversaire de son indépendance gagnée sur le Soudan après une longue guerre. Mais la moitié des cinq années d'existence du plus jeune Etat du monde ont été endeuillée par un violent conflit interne alimenté par la rivalité entre MM. Kiir et Machar. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont mortes, près de trois millions ont fui leur domicile et près de cinq millions ne survivent que grâce à des rations alimentaires. Les deux rivaux, qui se sont rapprochés à la faveur d'un accord de paix d'août 2015, n'ont pas donné d'explications sur l'origine des tirs de vendredi soir, les premiers dans la capitale depuis l'accord. Ils se sont contentés de qualifier ces incidents de "malheureux" après un retour au calme. Un communiqué publié ensuite par l'ambassade du Soudan du Sud à Washington a ajouté que l'altercation de jeudi soir entre des soldats fidèles au président Kiir et des gardes du corps du vice-président Machar à un point de contrôle avait provoqué "une vive tension, qui a engendré un malentendu qui a conduit aux échanges de tirs" de vendredi. Ceux-ci ont débuté près du palais présidentiel avant de s'étendre à d'autres endroits de la capitale Juba. Le calme est revenu apparemment après un appel lancé conjointement par MM. Kiir et Machar à leurs forces respectives.