Une atmosphère de calme régnait hier à Juba après deux jours de violences entre partisans du président Salva Kiir et de l'ancien chef rebelle Riek Machar. Les tensions restaient toutefois vives dans la capitale du Soudan du Sud. Après les fusillades de jeudi et vendredi, un journaliste de Reuters a pu constater que le calme était revenu samedi matin. Certains carrefours restaient coupés et la plupart des commerce restaient fermés. Parallèlement, d'importants mouvements de troupes étaient constatés. Le journaliste de Reuters a vu les corps de trois soldats, au moins. cinq ont été tués jeudi. "Il semble que la situation soit plus calme par rapport à ce qu'il s'est passé la nuit dernière, cela dit, la situation reste très, très tendue", a déclaré Jeremiah Young, travailleur humanitaire de World Vision. Le Sud-Soudan s'est enfoncé dans une guerre civile en 2013 lorsque le président Salva Kiir a congédié son vice-président, Riek Machar. Un accord de paix conclu en avril a mis fin au conflit mais les deux hommes forts de la plus jeune nation africaine doivent encore fusionner leur troupes.
Des tirs entendus dans la capitale Juba Des tirs d'armes automatiques étaient entendus avant-hier à Juba, la capitale du Soudan du Sud, depuis le palais présidentiel. Des tirs ont d'abord été entendus aux abords immédiats du palais présidentiel, où le président Salva Kiir et son vice-président Riek Machar étaient réunis pour une conférence de presse, selon la même source. Les tirs ont continué pendant une trentaine de minutes, avant que le calme revienne près du palais. Mais des coups de feu sporadiques pouvaient encore être entendus au loin. Ce qui se passe en dehors (du palais présidentiel) est quelque chose que nous ne pouvons pas expliquer, a déclaré le président Kiir à des médias locaux. Jeudi soir, cinq soldats de l'armée loyale à M. Kiir avaient été tués dans un accrochage à Juba impliquant des troupes de l'ex-rébellion cantonnées dans la capitale. Cet incident a ravivé les craintes d'un échec du fragile processus de paix en cours au Soudan du Sud, qui s'apprête à marquer samedi, sans festivités, le cinquième anniversaire de son indépendance. Jeudi, un véhicule transportant des gardes du corps du premier vice-président (Riek Machar, ex-rébellion) a ouvert le feu sur des forces de sécurité qui procédaient à des contrôles de routine sur des véhicules, avait accusé vendredi dans un communiqué le porte-parole de l'armée gouvernementale, la SPLA. Cette fusillade hostile a provoqué la mort de cinq soldats de la SPLA et deux autres ont été blessés, avait ajouté le général Lul Ruai Koang. Mais, avait-il précisé, le haut commandement de la SPLA considère ces affrontements comme un incident isolé qui doit faire l'objet d'une enquête. Le pays tente de sortir d'une guerre civile de plus de deux ans, débutée en décembre 2013 et qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts. Dans le cadre d'un accord de paix signé en août 2015 entre les deux principaux protagonistes du conflit Salva Kiir et Riek Machar, ce dernier est revenu en avril à Juba où il a été réinstallé vice-président et a formé avec M. Kiir un gouvernement d'union nationale.
Ban Ki-moon se préoccupe des combats à Juba Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est déclaré avant-hier profondément alarmé par les combats à Juba, les voyants comme l'"illustration du manque de sérieux" des parties concernées vis-à-vis du processus de paix. "Je suis profondément alarmé par les combats en cours à Juba entre les soldats de l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et de l'APLS dans l'opposition. L'éruption des hostilités dans la capitale, à la veille du cinquième anniversaire de l'indépendance du pays, est une autre illustration du manque de sérieux dans l'engagement des parties en faveur du processus de paix et constitue une autre trahison pour le peuple sud-soudanais qui a souffert d'atrocités inconcevables depuis décembre 2013", a indiqué le secrétaire général de l'ONU dans une déclaration. "Je suis également gravement préoccupé par la résurgence de la violence à Wau et à Bentiu, laquelle pourrait conduire à une détérioration tragique de la situation en matière de sécurité dans tout le pays. Je demande que le droit international humanitaire soit respecté et que soit garanti aux Nations Unies et à leurs partenaires un accès illimité aux gens qui ont besoin d'aide", a poursuivi M. Ban. Il a lancé un appel urgent au président Salva Kiir et au premier vice-président Riek Machar pour qu'ils mettent immédiatement fin aux combats en cours, disciplinent les chefs militaires responsables de la violence et travaillent enfin ensemble comme des partenaires pour mettre en œuvre l'Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud. "Les Nations Unies demeurent engagées à travailler avec tous les Sud-Soudanais, l'Autorité intergouvernementale (IGAD), l'Union africaine et les partenaires régionaux et internationaux pour appuyer le retour de la paix et de la stabilité dans le pays", a souligné M. Ban.